Un des bourreaux du massacre de Tadamon toujours actif en Syrie

Amjad Youssef, l’homme qui avait été identifié comme étant un des bourreaux du massacre de Tadamon il y a neuf ans, travaille toujours dans une base militaire en Syrie, selon des révélations du média britannique The Guardian. Officiant en tant qu’adjudant dans la branche 227, l’une des unités de renseignement militaires syriens les plus redoutées du pays, l’homme de 36 ans est accusé par d’anciens collègues d’avoir dirigé une douzaine de massacres supplémentaires. Il opérerait désormais dans la base de Kafr Sousa, dans le sud-ouest de Damas. Début juin, l’ONG Syrian Network for Human Rights (SNHR) indiquait pourtant qu’Amjad Youssef avait été arrêté par le régime. Une information passée alors sous silence par Damas.

Pour mémoire

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Corroborant l’enquête conduite par deux universitaires et rendue publique en avril dernier, un de ses « anciens collègues », cité par le Guardian, aurait obtenu d’Amjad Youssef des aveux sur son rôle dans l’exécution particulièrement atroce en 2013 de plusieurs dizaines de personnes à Tadamon, une banlieue de la capitale syrienne. « Personne n’a été choqué, nous le connaissions. Et nous connaissons le régime », a déclaré l’ancien collègue au quotidien britannique. Selon plusieurs observateurs, le massacre aurait été motivé par une dimension religieuse, la plupart des habitants du quartier étant sunnites. Mais selon deux anciens membres des services de renseignement militaires, il aurait aussi servi d’avertissement contre ceux tentés de rejoindre les groupes d’opposition au régime.

Enquête pour crimes de guerre

Des images glaçantes du massacre de Tadamon avaient été diffusées pour la première fois fin avril par le magazine américain New Lines Institute. Des dizaines de personnes, dont six femmes, sont exécutées en plein jour par les forces du régime de Damas.

Dans une des vidéos, filmée en avril 2013, un militaire ordonne à des hommes aux yeux bandés et les mains attachées de courir vers un charnier. Les hommes sont abattus un à un avant de tomber dans la fosse. La fosse est ensuite incendiée puis comblée de débris, vraisemblablement dans une tentative d’éliminer les preuves de ces exécutions. En tout, environ 300 Syriens y ont été assassinés.

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L’identification d’Amjad Youssef ainsi que les vidéos du massacre ont pu être révélées, en avril dernier, grâce aux investigations menées pendant deux ans par le professeur Uğur Üngör et la chercheuse Annsar Shahoud de l’Institut d’études sur l’Holocauste et le génocide de l’Université d’Amsterdam.

Ces révélations ont suscité un tollé de condamnations en Europe où la France, l’Allemagne et les Pays-Bas ont ouvert des enquêtes pour crimes de guerre et traquent les auteurs qui auraient pu s’échapper sur le sol européen.

Les enquêteurs allemands pensent avoir identifié un associé de l’officier vivant actuellement en Allemagne et préparent un dossier contre l’ancien officier de renseignement. Mi-août, le régime syrien s’en était pris à la France, qualifiant de « fabrication de source inconnue, n’ayant aucune crédibilité » les documents transmis au parquet national antiterroriste (PNAT) l’incriminant dans ce massacre.