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Politique - Frontière maritime

Le Liban et Israël concluent l’accord, le Hezbollah calme le jeu

Lapid déclare que le deal est « une reconnaissance » de facto de l’État hébreu, ce à quoi Baabda rétorque qu’il s’agit d’un acte purement « technique ».

Le Liban et Israël concluent l’accord, le Hezbollah calme le jeu

Un navire de la Finul en patrouille au large du Liban, près de la localité de Naqoura où l’accord sur la frontière maritime avec Israël a été conclu hier. Mahmoud Zayyat/AFP

C’est désormais officiel : le Liban et Israël ont conclu hier un accord délimitant leur frontière maritime, qui assure la répartition de précieux gisements gaziers offshore en Méditerranée orientale et réduit la tension dans la région. Le président américain Joe Biden n’a pas tardé à féliciter les deux pays pour la « conclusion officielle » de cet accord après des mois de négociations ardues par l’entremise des États-Unis.

Le Hezbollah a pour sa part salué une « très grande victoire pour le Liban » et annoncé qu’il mettait fin à ses mesures militaires « exceptionnelles » mises en place ces derniers mois et qui avaient laissé Israël sur le qui-vive.

Échange de lettres

La conclusion formelle de l’accord a pris la forme de deux échanges de lettres, l’un entre le Liban et les États-Unis et l’autre entre Israël et les États-Unis. Un protocole compliqué a été conçu pour s’assurer que la signature ne soit pas considérée comme une étape ouvrant la voie à la paix entre les deux pays voisins. En fin d’après-midi, des délégations libanaise et israélienne ont ainsi procédé à l’échange de lettres lors d’une cérémonie au siège de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), dans la localité frontalière de Naqoura, en présence du médiateur américain Amos Hochstein et de la coordinatrice spéciale de l’ONU au Liban, Joanna Wronecka. Une procédure intervenant après la signature de copies du texte, plus tôt dans la journée, par le président libanais Michel Aoun à Baabda et par le Premier ministre israélien Yaïr Lapid à Jérusalem. Les délégations, qui étaient installées à des endroits séparés, ont officiellement remis les documents signés à l’envoyé américain. En outre, une lettre, signée côté libanais par le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, confirmant les coordonnées maritimes a été remise à Joanna Wronecka, en présence de l’ambassadrice de France, Anne Grillo.

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Mme Wronecka a indiqué avoir reçu les coordonnées maritimes signées par les deux pays et devra les déposer au siège des Nations unies à New York, conformément aux mécanismes du droit de la mer. « J’espère que cela représente une étape pour bâtir la confiance, renforcer la sécurité et la stabilité de la région et garantir les bienfaits économiques aux deux pays », s’est félicitée Mme Wronecka, ajoutant que l’ONU « restera engagée pour travailler avec les deux parties sur l’application » de cet accord. Les délégations et l’envoyé américain étaient arrivés plus tôt dans la journée à Naqoura, malgré un incident qui avait retardé l’entrée des négociateurs libanais dans la base de la Finul, car ils refusaient de pénétrer dans le bâtiment tant qu’un bateau militaire israélien se trouvait dans les eaux territoriales libanaises. Du côté du Liban, la délégation était composée du directeur général de la présidence, Antoine Choucair, du général de brigade Mounir Chéhadé, du président du conseil d’administration de l’Autorité de l’énergie, Wissam Chbat, et d’Ahmad el-Arfé, président du centre de conseil juridique au ministère des Affaires étrangères. Les médias n’ont pas eu accès au bâtiment de la Finul autour duquel étaient déployés les Casques bleus et l’armée libanaise, alors que des hélicoptères de la force onusienne survolaient la zone, selon un photographe de l’AFP.

Aucune « dimension politique »

Peu après la signature, le président américain Joe Biden s’est félicité de cet accord. « Aujourd’hui, l’accord visant à mettre fin au différend sur la frontière maritime entre Israël et le Liban est entré en vigueur. Cet accord historique favorise les intérêts des deux pays et de la région, et ce moment marque un nouveau chapitre de prospérité et d’espoir. Félicitations à toutes les parties concernées », a-t-il tweeté. Mercredi soir, Joe Biden s’était félicité de la signature imminente de l’accord, disant qu’il avait fallu des « tripes » pour le conclure.

Repère

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Le Premier ministre israélien a affirmé que cet accord constituait une « reconnaissance » de fait de l’État hébreu par Beyrouth. « Il s’agit d’une réalisation politique, ce n’est pas tous les jours qu’un État ennemi reconnaît l’État d’Israël dans un accord écrit et ce devant l’ensemble de la communauté internationale », s’est félicité M. Lapid. Ce à quoi le président Aoun a vite répliqué. Dans un tweet, il a affirmé qu’il s’agissait d’un accord purement « technique », sans aucune « dimension politique » ni « conséquences qui contredisent la politique étrangère du Liban ». Beyrouth a d’ailleurs tenu à ce que sa délégation évite tout contact officiel avec celle de l’État hébreu.

L’accord n’aurait pas pu être signé sans l’assentiment du Hezbollah, qui avait menacé au cours de l’été d’attaquer Israël s’il entamait l’extraction du gaz du champ de Karish avant la conclusion d’un accord. « Avec la conclusion de l’accord (...) la mission de la résistance est terminée », a annoncé dans un discours Hassan Nasrallah, se félicitant d’une « grande victoire pour le Liban, pour l’État, le peuple et la résistance ». « Toutes les mesures et dispositions ainsi que les mobilisations exceptionnelles et spécifiques de la résistance des derniers mois sont terminées », a-t-il ajouté. Le leader chiite a également répondu aux propos du Premier ministre israélien, assurant que l’accord n’était « pas un traité international ni une reconnaissance d’Israël ».

« Contraignant pour les deux parties »

En vertu de l’accord, le champ offshore de Karish se situe entièrement dans les eaux israéliennes. Le Liban pour sa part aura tous les droits d’exploration et d’exploitation du champ de Cana, situé plus au nord-est, dont une partie se situe dans les eaux territoriales d’Israël. Mais « Israël sera rémunéré » par la firme exploitant Cana « pour ses droits sur d’éventuels gisements », selon le texte. Sans même attendre la signature, le groupe énergétique Energean a lancé mercredi la production de gaz naturel sur le gisement de Karish, après avoir reçu le feu vert du gouvernement israélien. Le Liban a de son côté demandé à TotalEnergies d’entamer rapidement les travaux de prospection dans le champ de Cana. Amos Hochstein a estimé devant la presse à Beyrouth que l’accord permettait d’instaurer « la stabilité » pour les deux parties. « Nous vivons un jour historique », s’est-il félicité depuis le palais de Baabda. Il a espéré que l’accord marquera un « tournant » économique qui sera « bientôt ressenti par les citoyens » libanais.

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Amos Hochstein s’est ensuite rendu au Grand Sérail, où il a été reçu par le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, en présence du vice-président de la Chambre, Élias Bou Saab, du patron de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, de l’ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea, et de l’ancien ministre de l’Économie Nicolas Nahas. Dans un communiqué publié à l’issue de cette réunion, M. Mikati a espéré que « ce que nous avons réalisé constituera une étape essentielle sur la voie de l’exploitation des richesses gazières et pétrolières du Liban, ce qui contribuera à résoudre les crises financière et économique que traverse le Liban et aidera l’État libanais à se relever ». M. Hochstein s’est également entretenu avec le président du Parlement, Nabih Berry. Selon une déclaration publiée par son bureau de presse, M. Berry a estimé que « quels que soient les résultats des élections (en Israël, NDLR) et le prochain président du Liban, je suis sûr que cet accord est sûr et protégé et qu’il doit être mis en œuvre par toutes les parties ». Les élections israéliennes, attendues début novembre, « ne sont ni les premières ni les dernières. Il s’agit d’un accord entre deux gouvernements, qui est contraignant pour les deux parties et le restera ». « Je ne suis pas inquiet pour la mise en œuvre de cet accord », a-t-il déclaré.

C’est désormais officiel : le Liban et Israël ont conclu hier un accord délimitant leur frontière maritime, qui assure la répartition de précieux gisements gaziers offshore en Méditerranée orientale et réduit la tension dans la région. Le président américain Joe Biden n’a pas tardé à féliciter les deux pays pour la « conclusion officielle » de cet accord après...

commentaires (2)

Lapid déclare que le deal est « une reconnaissance » de facto de l’État hébreu, ce à quoi Baabda rétorque qu’il s’agit d’un acte purement « technique ». Oui TECHNIQUE en ISRAEL et le LIBAN. C'est clair comme bonjour! Il y a effectivement RECONNAISSANCE malgre tout le deni du gaga de Baabda

IMB a SPO

18 h 11, le 28 octobre 2022

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Commentaires (2)

  • Lapid déclare que le deal est « une reconnaissance » de facto de l’État hébreu, ce à quoi Baabda rétorque qu’il s’agit d’un acte purement « technique ». Oui TECHNIQUE en ISRAEL et le LIBAN. C'est clair comme bonjour! Il y a effectivement RECONNAISSANCE malgre tout le deni du gaga de Baabda

    IMB a SPO

    18 h 11, le 28 octobre 2022

  • N,OUBLIONS PAS QUE LE VRAI NOM DE LA POLITIQUE EST : ECONOMIE-POLITIQUE ! LA LIBRE EXPRESSION. 12 h 01, le 28 octobre 2022 LE LIBAN A UN INTERET MAJEUR DE NORMALISER ET DE RECONNAITRE L,ETAT D,ISRAEL SINON, RECONNU PAR PRESQUE TOUS LES AUTRES PAYS ARABES DIRECTEMENT OU INDIRECTEMENT MAIS DE FAIT ET SPECIALEMENT DU GOLFE ISRAEL VA ACCAPARER TOUS LES MARCHES ET PROJETS DANS TOUS CES PAYS, LE LIBAN PERDANT TOUT. LA LIBRE EXPRESSION. 11 h 59, le 28 octobre 2022

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 45, le 28 octobre 2022

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