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Moyen-Orient - Repère

Troisième raid israélien en moins d’une semaine en Syrie

Cette nouvelle frappe ayant visé des intérêts iraniens, selon l’OSDH, intervient au moment où Moscou est accusé d’avoir recours aux drones fabriqués par Téhéran dans sa guerre contre l’Ukraine.

Troisième raid israélien en moins d’une semaine en Syrie

Les lumières provoquées par une frappe aérienne israélienne nocturne près de Damas en avril 2022. Photo AFP

Les faits

Damas a de nouveau été la cible d’une frappe aérienne jeudi à l’aube. Il s’agit de la troisième frappe attribuée à Israël en moins d’une semaine visant les environs de la capitale syrienne, après un raid vendredi dernier et un autre lundi, conduit de manière inhabituelle en pleine journée et qui a blessé un soldat. « Vers 00h30 (heure locale), l’ennemi israélien a mené une agression aérienne depuis la direction des territoires palestiniens occupés visant plusieurs sites dans les environs de Damas », a déclaré le ministère syrien de la Défense dans un communiqué. La défense antiaérienne syrienne a intercepté plusieurs missiles, a ajouté le ministère, qui n’a pas fourni de détails sur les cibles, indiquant seulement que les frappes avaient causé des dégâts matériels. Mais l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG basée à Londres qui dispose de nombreuses sources sur le terrain, a affirmé que les frappes avaient visé des dépôts d’armes et de munitions et des quartiers généraux de milices pro-iraniennes situés près de l’aéroport international de Damas. Selon des informations de l’OSDH qui n’ont pas été confirmées, ces frappes ont tué quatre collaborateurs du Hezbollah, dont un combattant syrien.

Le contexte

Israël commente rarement les frappes en Syrie, mais l’État hébreu a reconnu dans le passé avoir mené des centaines d’opérations dans le pays voisin depuis le début de la guerre en 2011, visant des intérêts et éléments pro-iraniens, dont les forces du Hezbollah libanais, présents sur le sol syrien en appui aux forces gouvernementales. Les autorités israéliennes ont fait comprendre à plusieurs reprises qu’elles ne toléreraient pas l’installation à long terme de forces ennemies dans le pays. Selon l’OSDH, l’État hébreu a jusqu’à présent mené 28 raids en Syrie en 2022, ayant provoqué la destruction de 81 cibles et la mort de 62 personnels militaires.

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Depuis des années, l’armée israélienne a établi un canal de communication avec les forces russes, présentes en Syrie depuis 2015 en soutien au régime de Bachar el-Assad et qui y contrôlent l’espace aérien, afin de pouvoir y attaquer des cibles iraniennes. Or, selon The Times of Israël, la Russie a récemment retiré ses batteries de défense antimissile S-300 de Syrie pour renforcer son effort militaire en Ukraine, donnant aux incursions israéliennes une plus grande marge de manœuvre.

Par ailleurs, les revers subis par Moscou dans son offensive contre l’Ukraine l’ont conduit à se rapprocher davantage de Téhéran, faisant craindre à l’État hébreu une amélioration des capacités militaires de la République islamique. Début octobre, Kiev a accusé le Kremlin d’utiliser des drones iraniens Shahed-136 pour mener des bombardements sur les villes ukrainiennes. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a encore affirmé lundi que la Russie avait commandé 2 000 drones Shahed à Téhéran qui dément toujours la livraison de drones à la Russie et promet une réaction si Moscou les utilise. Or, selon l’Institut pour l’étude de la guerre, un groupe de réflexion américain, l’Iran s’apprêterait pourtant à livrer un nouveau type de drone à la Russie, des Arash 2, qualifiés de drones kamikazes.

Dans ce contexte, le président israélien Isaac Herzog a rendu visite à son homologue Joe Biden à Washington le 26 octobre. Bien que les affrontements se multiplient entre Palestiniens et forces armées israéliennes en Cisjordanie à l’approche des élections législatives pour renouveler la Knesset la semaine prochaine, c’est sur la livraison d’armes iraniennes à Moscou et le programme nucléaire iranien que se sont entretenus les deux dirigeants. Les négociations de Vienne, qui donnaient l’impression de progresser à la fin de l’été, sont au point mort, sur fond de soupçons quant à la poursuite par Téhéran de son enrichissement nucléaire et tandis que les États-Unis dénoncent la répression des manifestations qui agitent l’Iran depuis la mort de Mahsa Amini le 16 septembre dernier.

Les frappes aériennes sur la Syrie interviennent également quelques heures avant le déplacement en Turquie du ministre israélien de la Défense Benny Gantz, où il a rencontré le président turc Recep Tayyip Erdogan ainsi que son homologue Hulusi Akar. C’est la première visite d’un ministre israélien de la Défense en Turquie depuis une décennie. Selon une source citée par le journal israélien Haaretz, l’objectif de la rencontre est de renforcer les liens sécuritaires d’Israël dans la région et la Turquie y est « un acteur décisif » avec « une présence en Syrie, ce qui est très important ». Ankara contrôle une partie du nord du pays et souhaite mener une offensive pour y consolider une zone tampon tout au long de sa frontière, ce à quoi s’étaient opposés l’Iran et la Russie lors d’un sommet tripartite le 19 juillet dernier.

Les enjeux

Le rapprochement entre Téhéran et Moscou est jugé comme une « proximité très dangereuse » par le Premier ministre israélien Yaïr Lapid, qui a averti qu’Israël ne pouvait l’ignorer. Une situation qui pourrait justifier une augmentation des frappes israéliennes contre les intérêts iraniens en Syrie, ainsi que l’inflexion de la politique de l’État hébreu en Ukraine.

Entretien

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Car face à l’invasion russe de l’Ukraine, Israël s’est jusqu’à présent contenté d’apporter une aide humanitaire à Kiev afin de ne pas froisser son encombrant partenaire russe. Le 18 octobre, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, avait annoncé que son pays enverrait une demande officielle à l’État hébreu pour une fourniture immédiate d’équipements de défense antiaérienne, dans le but de faire face aux attaques de drones iraniens. Le lendemain, Benny Gantz avait affirmé qu’Israël ne fournirait pas d’armes à l’Ukraine. Deux jours plus tôt, le numéro deux du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, Dmitri Medvedev, avait averti dans un message sur Telegram : « Israël semble s’apprêter à livrer des armes au régime de Kiev. C’est une mesure très imprudente. Elle détruira toutes les relations interétatiques entre nos pays. »

Or, dans un virage à 180 degrés, Israël et l’Ukraine ont partagé des renseignements concernant les drones iraniens utilisés par la Russie, a déclaré Volodymyr Zelensky lors d’une conférence de presse à Kiev le 26 octobre. « C’est une tendance positive dans les relations avec Israël », s’est-il réjoui, avant d’ajouter : « Nous sommes donc au début de la coopération. »

Les faits Damas a de nouveau été la cible d’une frappe aérienne jeudi à l’aube. Il s’agit de la troisième frappe attribuée à Israël en moins d’une semaine visant les environs de la capitale syrienne, après un raid vendredi dernier et un autre lundi, conduit de manière inhabituelle en pleine journée et qui a blessé un soldat. « Vers 00h30 (heure locale), l’ennemi...
commentaires (3)

L’ennemi de mon ennemi est mon ami. On se demande comment Israël va tirer son épingle du jeu dans cet imbroglio digne des films de science fiction les plus tarabiscotés vu le nombre de protagonistes et leurs intérêts enchevêtrés qui peuvent aboutir à un chaos et dégénérer en une bataille de fin du monde.

Sissi zayyat

13 h 28, le 29 octobre 2022

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Commentaires (3)

  • L’ennemi de mon ennemi est mon ami. On se demande comment Israël va tirer son épingle du jeu dans cet imbroglio digne des films de science fiction les plus tarabiscotés vu le nombre de protagonistes et leurs intérêts enchevêtrés qui peuvent aboutir à un chaos et dégénérer en une bataille de fin du monde.

    Sissi zayyat

    13 h 28, le 29 octobre 2022

  • IL PEUT FESTOYER LE BARBU POUR L,ACCORD AVEC ISRAEL... ET LES FRAPPES SUR SES MILICIENS EN SYRIE. QUELLE BLAGUE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 13, le 28 octobre 2022

  • Compliqué tout ceci… Tant de pays impliqués… Si ce n’est pas déjà une guerre mondiale ? En tout cas, c’est certain que c’est une guerre impliquant de nombreux pays mondialement. Nouvelle version de guerre mondiale ? Ou premiers pas d’une guerre mondiale ? Y a plus que le conflit indo- pakistanais… algero- marocain- saharien , australo- nippon- chinois - taiwanais , bref…. Que de conflits qui n’attendent qu’un dérapage des grands pour que les petits se lâchent aussi…. Le 21e siècle semble ressembler au 20e siècle presque aux mêmes périodes. Juste avec plus d’armes sophistiquées. Pas besoin de craindre le réchauffement climatique, les humains sont là pour détruire la planète bien avant ce réchauffement. Des leaders de grands pays incompétents et aux egos surdimensionnés…

    LE FRANCOPHONE

    09 h 15, le 28 octobre 2022

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