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Nos Lecteurs ont la Parole

Plus que des paroles

Pauvre Liban pris au piège de l’effondrement. Tu t’engouffres dans un abîme obscur, comme si de la mort émane un parfum délétère.

Plus ton peuple aspire à la quiétude, plus on lui rappelle qu’elle est inaccessible.

Le Liban n’est plus qu’une immense plaie, une vaste geôle où nous faisons semblant de vivre, mais le désespoir aiguise le sentiment de précarité de notre condition.

Nous sommes des vivants par accident et le hasard est maître de notre destin.

Pauvre Liban dont le calvaire dure depuis des années. Abandonné par ses alliés, renié par les siens, négligé par ses amis, il est la proie des vautours. « Une proie, écrit Thierry Maulnier, n’est ni coupable ni victime, c’est une proie. »

Crucifié, tu le fus à maintes reprises par ceux-là mêmes qui se considèrent comme tes frères, tes voisins les plus proches, pleins de sollicitude vénéneuse.

Crucifié, tu le fus au nom de toutes les causes, exceptée la tienne.

Tes adversaires ne te pardonnent pas ton régime libéral. Quel scandale que la démocratie dans cette région du monde où la liberté s’est enlisée dans le sable du désert.

Crucifié, tu le fus pour avoir voulu être un modèle de coexistence entre les prophètes, mais les prophètes portaient des habits d’assassins.

Crucifié, tu le fus pour avoir été un soupirail ouvert sur l’Occident, sur les valeurs universelles de l’humanisme authentique dans un Proche-Orient où le mépris de la personne est élevé au rang de religion.

Crucifié, tu le fus pour avoir refusé tout sectarisme au nom de la raison et de la tolérance, là où on ne trouve que des régimes policiers et régis par la tyrannie.

Ton calvaire dure depuis si longtemps qu’il n’intéresse plus personne. Ta souffrance est tombée dans la banalité du quotidien. Dépouillé de tout il ne reste plus qu’un vague sentiment de révolte. La révolte contre l’indifférence courtoise du monde, contre notre impuissance et nos déchirements, contre ceux qui nous suggèrent la résignation.

À tous, tu opposes une sérénité un peu lasse, ridée par le temps et le tourment. Une sérénité accablée, mais pas au point de céder à la quiétude du renoncement. Quoique abattu, ta combativité n’est pas éteinte. À ceux qui te font miroiter les avantages d’une raisonnable servitude, tu réponds par un surcroît d’attachement à l’idée d’indépendance, car en définitive c’est de cela qu’il s’agit.

Pauvre Liban ! Jouisseur et inconscient, tu t’es laissé aller à la dérive, emporté par l’euphorie de la prospérité, sans te rendre compte des dangers qui te guettaient, sans t’apercevoir que la paix est illusoire sans la vigilance, et la sécurité une fiction sans la force pour la maintenir.

Immergé par ta naïveté, tu as cru de bonne foi que la diplomatie s’édifiait sur la sincérité et sur les amitiés. Erreur mortelle ! L’histoire n’aime ni les faibles ni les vaincus.

Tu as cru que ton pacifisme allait susciter le respect et la bienveillance, il ne réveilla que convoitise et tentation hégémonique. Ton pacifisme n’était qu’aveuglement et ton inertie un autre nom de la nonchalance levantine. À vouloir rester équidistant de tout, tu as fini par mécontenter tout le monde. Ta diplomatie onctueuse ne t’a valu que déboires et mépris, mésaventures et condescendance. À vouloir s’accrocher à ton indépendance sans te doter des moyens de la défendre, tu as fini par la perdre et par quémander qu’on te la redonne, comme un cadeau qu’on offrirait à un enfant capricieux.

Cohabiter avec cet effondrement, c’est surtout prolonger un incompréhensible suicide collectif au lieu de planifier la vie en commun. Les morts ont tort parce qu’ils sombrent vite dans la nuit de l’oubli. N’est-ce pas Drieu La Rochelle qui écrit : « Le suicide, c’est la ressource des hommes dont le ressort est rongé par la rouille. »

N’a-t-on pas le droit à la vie ?


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

Pauvre Liban pris au piège de l’effondrement. Tu t’engouffres dans un abîme obscur, comme si de la mort émane un parfum délétère.Plus ton peuple aspire à la quiétude, plus on lui rappelle qu’elle est inaccessible. Le Liban n’est plus qu’une immense plaie, une vaste geôle où nous faisons semblant de vivre, mais le désespoir aiguise le sentiment de précarité de notre...

commentaires (1)

La Syrie et l’Iran sont jaloux du Liban , sa démocratie le vivre ensemble et une terre sainte dans l’ancien et e nouveau testament le Liban est cité ??????

Eleni Caridopoulou

19 h 44, le 22 octobre 2022

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Commentaires (1)

  • La Syrie et l’Iran sont jaloux du Liban , sa démocratie le vivre ensemble et une terre sainte dans l’ancien et e nouveau testament le Liban est cité ??????

    Eleni Caridopoulou

    19 h 44, le 22 octobre 2022

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