Le troisième ligne du XIII du Cèdre, Khalil Rahmé, saluant le pilier des Kiwis James Fisher-Harris à la fin de la rencontre comptant pour le premier match du groupe C du Mondial de Rugby à XIII, entre le Liban et la Nouvelle-Zélande, remportée (34-12) par les All-Blacks, au Halliwell Jones Stadium de Warrington, dans le nord-ouest de l’Angleterre. Photo fournie par la page officielle de la Ligue de rugby libanaise.
Les Cèdres ont plié... mais n’ont pas rompu. Pour leur entrée en lice dans la compétition (reportée d’un an à cause de la pandémie de Covid-19), les Libanais pouvaient difficilement s’attaquer à plus gros morceau. Dans un groupe C particulièrement relevé, les Kiwis faisaient bien entendu office de favoris, eux qui restaient sur six victoires lors de leurs sept derniers matches.
Une entame tonitruante
Habitués à gravir des montagnes, les hommes de Michael Cheika n’auront pas démérité sur la pelouse du Halliwell Jones Stadium de Warrington, dans le nord-ouest de l’Angleterre. L’ancien troisième ligne et sélectionneur du XV d’Australie, d’origine libanaise, qui entraîne le XIII du Cèdre depuis bientôt deux ans, a assisté au début de match tonitruant de ses protégés.
Vêtus de leur tunique rouge, ils se sont offert le luxe de prendre le score dès leur première offensive grâce à un essai plein d’opportunisme en bout de ligne de l’ailier droit Josh Mansour. En réussissant sa transformation, le trois-quarts centre et capitaine Mitchell Moses, neveu de Ben Élias, autre ancien international chez les Wallabies, relègue les Néo-Zélandais à 6 unités, cueillis à froid alors que le chronomètre vient tout juste de dépasser une minute de jeu.
Mais piqués au vif par cette bonne entame libanaise, les Kiwis, vainqueurs de l’épreuve en 2008, réagissent cinq minutes plus tard par l’intermédiaire de Bromwich, dont l’essai fructifié par Jordan Rapan, permet d’égaliser les débats.
S’ensuit une déferlante des All-Blacks, qui prennent le large grâce à deux nouveaux essais d’Asofa-Solomona et de Hiku, de quoi leur donner une avance confortable (18-6) au terme de la première mi-temps. Mais loin de se laisser abattre par la puissance des « néo-zed », les Cèdres font parler leur force de caractère dès la sortie des vestiaires.
Profitant du précieux jeu au pied d’occupation de l’ouvreur Adam Doueihi, les Libanais entament une longue séquence dans les 22 mètres adverses. Une longue phase offensive au terme de laquelle Abbas Miski vient aplatir, encore en bout de ligne, un ballon reçu après une jolie passe après contact de Reece Ronbinson. Comme en début de match, les coéquipiers de Moses frappent une nouvelle fois les premiers. Ce dernier transforme à nouveau, sans trembler, et ramène les siens à six longueurs (12-18), sous les hourras du Halliwell Jones Stadium garni de supporters libanais aussi nombreux que bruyants.
Le tournant du match
Sur leur lancée, les Libanais passent tout proche de réaliser un come-back retentissant. Servi à pleine vitesse dans le camp néo-zélandais par Morkos sur l’aile droite, Mansour, le premier marqueur, tape une audacieuse chandelle plein centre que réceptionne... Miski, le deuxième, stoppé net par un plaquage de Dylan Brown. S’il parvient à rester sur ses appuis, Miski finit par perdre le contrôle du ballon qui atterrit dans les bras de Nicoll-Klockstad, sur la ligne d’en-but.
C’est le tournant du match. Car, sur l’action qui suit, le joueur-star des Kiwis, Joey Manu, sort de sa boîte pour transpercer à lui tout seul la ligne défensive libanaise avant de servir Brown sur un plateau qui peut aplatir tranquillement (12-24). Le même Manu réitère deux minutes plus tard. Avec une facilité déconcertante, il se joue de sept défenseurs en enchaînant raffuts et coups de pied pour lui-même et conclut, ce qui est sans aucun doute la plus belle action du match, en se jetant sous les poteaux (12-30).
Sonnés par l’explosivité du numéro 1 des All-Blacks, qui aura fait basculer la partie quasiment à lui tout seul, les joueurs de Michael Cheika encaissent même un troisième essai consécutif portant l’écart à 22 points (12-34). Privés de Doueihi, expulsé à l’heure de jeu pour avoir protesté de façon trop véhémente auprès de l’arbitre, les Cèdres continuent de subir en fin de rencontre mais empêchent Mulitalo d’aggraver la marque à dix minutes du terme.
« L’une des plus belles expériences de ma vie »
Le score ne bougera plus. 34 à 12, score final. Auteurs d’un match plus que vaillant, les treizistes libanais peuvent sortir la tête haute et ont montré qu’ils pouvaient rivaliser avec l’une des meilleures équipes du monde. « Nous nous sommes prouvés que nous pouvions tenir tête à n’importe qui, s’est félicité hier le troisième-ligne Jalal Bazzaz, après son premier match en Coupe du Monde sous les couleurs du Cèdre. Ce fut l’une des plus belles expériences de ma vie. J’aime ce jeu par-dessus tout et quand vous y ajoutez les liens familiaux attachés à ce maillot, mon père étant né au Liban, ça compte énormément pour moi », a-t-il confié. Auteur du premier essai de la rencontre, Josh Mansour s’est lui aussi voulu confiant pour la suite des hostilités : « Nous avions beaucoup de confiance en nous et nous avons joué un très bon rugby. Un rugby conquérant que nous développerons certainement de la même façon durant le reste de la compétition. »
Cette performance plus qu’encourageante, face à une équipe qui trône au premier rang du classement mondial, a également satisfait le coach libanais, Michael Cheika : « Je suis très satisfait de la performance de tous les gars qui ont joué ce soir, a-t-il-déclaré après le coup de sifflet final. Nous avons montré beaucoup de choses que nous souhaitions mettre en place dans notre plan de jeu. (...) Notre jeu au pied a plutôt été bon, mais malheureusement nous avons perdu plusieurs ballons sur nos renvois, ce qui nous a beaucoup pénalisés. Nous allons tirer les leçons de cette rencontre pour essayer d’être encore plus consistants contre l’Irlande la semaine prochaine. »
Une rencontre décisive pour la deuxième place du groupe au cours de laquelle le sélectionneur espère qu’il pourra compter sur son joueur-clé, Adam Doueihi, toujours sous le coup d’une suspension. « Avec un peu de chance, on pourra régler ça, a ajouté Cheika. Il est certainement très déçu, mais je connais très bien Adam et une chose est sûre, il va vouloir se rattraper de ce qu’il s’est passé. »
Exemplaire face à la Nouvelle-Zélande, le XIII du Cèdre devra l’être encore plus à Newcastle ce dimanche (à 16h30 heure de Beyrouth) face aux Irlandais, faciles tombeurs (48-2) d’une faible équipe de Jamaïque. Encore maîtres de leur destin pour accéder aux quarts de finale, les rugbymen libanais ont déjà prouvé à de multiples reprises par le passé qu’ils étaient capables de renverser des formations pourtant réputées supérieures sur le papier.
Il n’y a pas si longtemps, lors de la dernière édition de la compétition disputée en 2017 en Australie et en Nouvelle-Zélande, les Libanais s’étaient offert le scalp de l’équipe de France (28-19) avant de passer tout proches du second tour, vaincus de justesse par les Tonga (22-24).
La France domine la Grèce pour ses débuts
Pour leur entrée en lice, les Bleus ont de leur côté maîtrisé la Grèce (34-12) ce lundi, à Doncaster et ont fait un premier pas vers les quarts de finale. Les tricolores s’emparent de la deuxième place du groupe A, derrière le pays-hôte, l’Angleterre, finaliste de la dernière édition en 2017, qui avait étrillé les Samoa 60 à 6 deux jours auparavant.
Face à la plus faible équipe de leur groupe, les hommes de Laurent Frayssinous ont forgé leur succès en première mi-temps (20-0). Le trois-quarts centre des Dragons Catalans, Arthur Mourgue, auteur de 18 points, a été le principal artisan du succès français.
Le XIII de France affrontera l’Angleterre samedi, dans un choc qui pourrait déterminer la première place du groupe. À noter que seuls les deux premiers de chaque poule se qualifient pour les quarts de finale.
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