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Un événement accessible à toutes et à tous sur l'ensemble du territoire

Un événement accessible à toutes et à tous sur l'ensemble du territoire

Mathieu Diez D.R.

À l’heure où le Liban traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire, la renaissance du Salon du livre de Beyrouth sous une nouvelle formule, après quatre ans d’interruption, est le témoignage d’une vitalité retrouvée, du moins dans le domaine culturel, et de la volonté de la France de soutenir la littérature et la francophonie dans le pays, en tenant compte de la dépréciation de la monnaie nationale qui a eu un impact considérable sur le prix des livres, devenus des produits de luxe inaccessibles pour la majorité de la population.

Aux yeux de Mathieu Diez, attaché pour le livre et le débat d’idées à l’Institut français du Liban, « Beyrouth est une ville du livre qui bénéficie d’une longue tradition littéraire avec un écosystème très important. C’est la ville par laquelle les idées passaient du français vers l’arabe à travers des traducteurs de grande qualité et des maisons d’édition dynamiques. Au-delà de ressusciter le Salon du livre francophone de Beyrouth, il s’agissait pour nous de mettre sur les rails un événement qui constituerait une plateforme de rencontres pour les auteurs, les professionnels du livre et les traducteurs, tout en créant un pont entre le monde francophone et le monde arabe ou méditerranéen ».

 

Un format plus moderne

Pourquoi avoir changé de format en proposant un « festival » itinérant au lieu d’un Salon sous chapiteau comme par le passé ? « Le format précédent est devenu inopérant au Liban car il exigeait un budget conséquent alors que les libraires se trouvent actuellement dans une situation difficile à cause de la crise et ne peuvent plus se permettre de louer des stands comme autrefois, explique Mathieu Diez. L'ancien format était basé sur la vente de livres, alors que la perte du pouvoir d’achat du Libanais a rendu cette équation impossible, voire indécente. Ce festival littéraire proposera donc des rencontres gratuites avec des auteurs, sans être conditionné par la capacité d’acquisition de livres par le public. Il sera donc accessible au plus grand nombre, y compris les lecteurs arabophones puisque certains événements seront traduits vers l’arabe. » Cette nouvelle formule fait toutefois participer les libraires puisque les livres des auteurs invités seront disponibles dans les librairies et que des librairies éphémères sont prévues sur place au fil des rendez-vous proposés, comme lors de la rencontre avec les jurés du prix Goncourt au palais Sursock le 26 octobre à 18h30.

Enfin, sur le campus de l’Institut français, les 29 et 30 octobre, les librairies proposeront au public les livres des auteurs présents qui pourront ainsi les dédicacer.

Un programme varié

Parmi les événements figurant au programme de ce festival, on citera la présence du jury du prix Goncourt qui proclamera sa dernière liste à partir de Beyrouth ; des rencontres avec une centaine d’auteurs francophones invités et plusieurs écrivains locaux, en différents espaces culturels du pays et dans une soixantaine d’écoles et d'universités afin d'associer le jeune public à la manifestation ; lecture sur scène du grand dramaturge Wajdi Moawad le 24 octobre à 19h30 à la salle Montaigne ; un débat autour du livre de Nawaf Salam Le Liban d’hier à demain à l’AUB, le 27 octobre à 18h, en présence de l’auteur et avec la participation de Dominique Eddé, Joseph Bahout et Ziad Majed ; un dialogue théâtral imaginaire entre deux auteurs disparus il y a un an, à savoir nos collaborateurs Farès Sassine et Jabbour Douaihy, le 29 octobre à 17h à la salle Montaigne ; un hommage au grand poète francophone Charles Corm (1894-1963) au théâtre Gulbenkian à la LAU (campus Beyrouth), comprenant une exposition sur sa vie et son œuvre et une rencontre littéraire le 28 octobre à 18 heures ; le débat « Fukushima – Beyrouth » organisé par la Maison internationale des écrivains le 28 octobre à 15h30 à la Crypte de l’USJ ; une lecture de Diane Mazloum au Musée National le 29 octobre à 17h avec la complicité du dessinateur Kamal Hakim ; un « concert-dessiné » avec Bachar Mar Khalifé et Charles Berbérian le 18 octobre à 20h au Mir Amin Palace dans le Chouf ; le vernissage de l’exposition de Lamia Ziadé à Dar el-Nimer à Beyrouth, le 27 octobre à 18h30, et de celle d’Anne-Lise Bayet, intitulée « Ruines modernes » à Beit Tabaris le 23 octobre à 16h ; la remise du prix Zyriab au musée MIM le 31 octobre à 16h30, accompagnée de deux débats gastronomiques ; des ateliers destinés à la jeunesse et les expos « BD versus Mangas », « Héro(ïne)s », « Dans l’atelier d'Aurélie Neyret » et « Éruptions » prévues à Baskinta, Tibnine, Jounieh et Tripoli ; sans oublier « le quart d’heure de lecture nationale » qui aura lieu le 24 octobre à 11h15, et qui invitera tous les citoyens à interrompre leurs activités pour lire…

Les femmes et la traduction à l'honneur

Du côté de la traduction, deux débats majeurs auront lieu le 27 octobre à Métro al-Madina de 17h30 à 20h, avec un débat à propos de « Philosophie, langues et traduction » et un autre intitulé « De l’arabe au français et du français à l’arabe » avec notamment la participation de Farouk Mardam-Bey, directeur de la collection Sindbad chez Actes Sud qui fête cette année ses 50 ans. Le Parlement des Écrivaines francophones organise également « le grand procès des écrivaines » auquel prendront part une quinzaine d'auteures de différents pays, à la Bibliothèque orientale de l’USJ, le 28 octobre à 17h30. Ce même jour, à 21h, le théâtre al-Madina accueillera une lecture performance avec Mazen Kerbaj, suivie de « Lectures, dessins et musiques » qui proposera une série de lectures à voix haute, de dessins en direct et d’intermèdes musicaux.

« Il s'agit d'un festival pluridisciplinaire, moderne et vivant puisqu’il permet d’associer les auteurs invités avec des artistes variés, confirme Mathieu Diez. Nous avons souhaité conjuguer les lettres et les arts dans tout le tissu culturel de Beyrouth et du Liban... »

 

Un festival très riche en perspective, qui devrait dynamiser la vie littéraire hélas très affectée par la pandémie et la crise, et confirmer que le Liban n’a rien perdu de son rayonnement culturel, malgré les vents contraires.

À l’heure où le Liban traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire, la renaissance du Salon du livre de Beyrouth sous une nouvelle formule, après quatre ans d’interruption, est le témoignage d’une vitalité retrouvée, du moins dans le domaine culturel, et de la volonté de la France de soutenir la littérature et la francophonie dans le pays, en tenant...

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