Critiques littéraires

Beyrouth en 5 prénoms

Beyrouth en 5 prénoms

Elle vient de publier son premier recueil de nouvelles. Plume en main, Nadine Mokdessi, fine metteuse en scène de plus de vingt-trois pièces de théâtre du répertoire dramaturgique de l’Hexagone, toutes plébiscitées par un public enthousiaste et dont les bénéfices ont été offerts à diverses associations caritatives, affronte aujourd’hui l’écriture. Aux projecteurs et spots de l’aire scénique et des cours de théâtre d’une professeure à l’ALBA se succèdent l’amour des mots et leur agencement…

En devanture des librairies, six nouvelles portant la signature de Nadine Mokdessi, groupées sous le titre révélateur de Fêlures de prénoms (éditions Artliban Calima, illustrées à l’encre de Chine par Serge Chéhab) et préfacées par le dramaturge Rémi De Vos.

Pourquoi écrire et changer d’expression pour une battante du théâtre francophone, un théâtre qui lui a réussi et qui a fait courir tous les mordus francophones beyrouthins de l’univers des planches ?

« Tout simplement parce que je participe à des ateliers d’écriture en Bourgogne et Nantes depuis huit ans déjà, confie l’autrice. Écrire m’a donné un sentiment de délivrance. Les maux du quotidien se transforment en mots couchés sur un papier. Je pouvais cerner mes ressentis, aller fouiller dans les armoires et tiroirs des souvenirs, des expériences de vie. Donner aussi vie et paroles aux objets, les personnifier. »

L’originalité de cet ouvrage réside en cette interrogation suggérée sur les prénoms : Zanouba, Youssef, Karim, Blanche, Rose, Aimé. Clefs pour ouvrir les portes des personnages croqués et décrits avec empathie dans ces pages frémissantes de sensibilité mais aussi pour permettre de s’introduire dans une ville aussi troublante et trouble que Beyrouth. Avec, en ombrelle, une excellente exergue d’Amélie Nothomb justement sur la signification, portée et choix des prénoms.

Nadine Mokdessi aborde le non-dit, les nœuds des émotions, les sens sollicités ainsi que la nourriture qui prend une place tout autant importante que les odeurs et le toucher. Le prénom donné à la naissance n’est jamais gratuit car il exprime le désir des parents de satisfaire ou d’honorer le grand-père ou la grand-mère ou un oncle, une tante, il peut être donné en fonction des origines de l’un des parents : prénom italien, espagnol, arabe…

Dans ce recueil, chaque prénom des personnages qui vivent la plupart à Beyrouth, raconte une histoire. Deuil, douleur, mort, abandon, intermittences du cœur, solitude : autant de reflets d’une capitale libanaise livrée à tous les vents du malheur, du chaos et de la détresse mais aussi au bonheur d’un ciel euphorisant immuablement bleu…

Écrit dans un style élégant, avec esprit et malice, offrant des descriptions imagées et sensuelles, brossant des portraits touchants de personnes cabossées, à caractère universel, faisant aussi la part belle à la parité homme-femme (une coïncidence dit l’autrice !), ces écrits, sans être sombres, sont illuminés par la musicalité du texte. Et la beauté d’une phrase mesurée où l’image est salvatrice.


Fêlures de prénoms de Nadine Mokdessi, Calima, 2022, 92 p.

Nadine Mokdessi au Festival :

Rencontre autour du lancement de l’ouvrage Fêlures de prénoms, samedi 22 octobre 2022 de 17h à 19h (Souk el-Kotob, Mar Mikhaïl).

Elle vient de publier son premier recueil de nouvelles. Plume en main, Nadine Mokdessi, fine metteuse en scène de plus de vingt-trois pièces de théâtre du répertoire dramaturgique de l’Hexagone, toutes plébiscitées par un public enthousiaste et dont les bénéfices ont été offerts à diverses associations caritatives, affronte aujourd’hui l’écriture. Aux projecteurs et spots de...

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