Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, s'est déclaré samedi prêt à "dialoguer avec tout le monde" afin d'élire un président de la République pour succéder à l'actuel chef de l’État, son beau-père Michel Aoun, dont le mandat expire le 31 octobre. Il a toutefois averti le camp adverse qu'il pourrait "changer d'avis" en annonçant officiellement sa candidature à la présidence, l'appelant à ne pas "miser sur la vacance" au pouvoir. Cette main tendue du député de Batroun à ses adversaires intervient alors que selon plusieurs observateurs, les chances du chef du CPL d'être élu à la présidence de la République sont quasi-nulle dans les circonstances actuelles. M. Bassil a dans ce contexte rappelé samedi qu'il n'était toujours pas officiellement candidat à cette fonction.
"Nous n'allons pas accepter un président qui n'est pas représentatif sur le plan populaire et parlementaire. Nous refusons la désignation d'un chef de l’État depuis l'étranger", a-t-il affirmé dans un discours devant ses partisans au Forum de Beyrouth, à l'occasion d'une messe à la mémoire des "martyrs" du parti tombés le 13 octobre 1990. Ce jour-là, les troupes syriennes avaient délogé du palais de Baabda le fondateur du CPL Michel Aoun, qui était le chef de l'armée à l'époque et dirigeait un gouvernement militaire chargé d'organiser l'élection présidentielle pour élire un successeur à Amine Gemayel dont le mandat s'était achevé en 1988.
"Faites attention, sinon nous changerons d'avis !"
"L'équation est claire et connue. Les équilibres ne permettent qu'un quorum de 86 députés et une élection à la majorité simple de 65 voix, mais personne n'a ce nombre de voix à lui seul", a estimé M. Bassil. "Nous sommes prêts à dialoguer avec tout le monde et nous n'avons aucun complexe. Celui qui refuse sera seul perdant et s'exclura de l'équation (...)", a ajouté le chef du CPL. "Nous facilitons le processus mais que personne ne nous sous-estime. Je ne me suis pas porté encore candidat à la présidence pour n'embarrasser personne et ne pas compliquer la donne. (...) Mais faites attention, sinon je pourrai changer d'avis !", a-t-il mis en garde sans nommer ceux à qui il s'adresse. Son rival par excellence, Samir Geagea, chef des Forces libanaises, est lui aussi un candidat officieux à la présidentielle, tout comme le leader de Zghorta, le chef des Marada Sleiman Frangié. Les noms du chef de l'armée, le général Joseph Aoun, circule également, même si le haut-gradé n'a jusque-là pas annoncé sa candidature.
"N'attendez plus et ne misez pas sur le fait que la vacance au pouvoir fatiguera les gens. Nous ne nous lasserons pas. Entendons-nous avant que la vacance n'aie lieu, et élisons un chef de l’État. Nous n'allons élire qu'un président réformateur qui ne soit pas otage du système (...)", a prévenu Gebran Bassil, qui rappelle les conditions de sa formation quant au profil du prochain candidat. Le chef du CPL a en effet effectué une tournée il y a quelques jours auprès du président Aoun, et du patriarche Béchara Raï, les deux plus hautes autorités maronites, afin de leur transmettre sa liste contenant les caractéristiques du futur chef de l’État. Il a aussi fait savoir qu'il poursuivra sa tournée auprès des formations politiques pour leur transmettre ce document.
Les députés libanais ont échoué jeudi pour la seconde fois à élire un président de la République faute de quorum, aggravant ainsi les craintes d'une vacance totale de l’Exécutif, alors que le gouvernement actuel de Nagib Mikati expédie les affaires courantes depuis mai, suite aux élections législatives. Gebran Bassil et son camp estiment qu'un gouvernement sortant ne peut pas assumer les prérogatives du chef de l’État, dans le cas d'une vacance à la présidence après le 31 octobre.
Le gouvernement
"Les réformes ont besoin d'un gouvernement et d'un président. La priorité va évidemment à l'élection d'un chef de l’État, mais un gouvernement doit aussi être formé afin qu'il serve de police d'assurance en cas de vacance", a affirmé Gebran Bassil, alors que le président Aoun et le Premier ministre désigné Nagib Mikati sont en désaccord sur le processus de formation, ce qui bloque la mise en place d'un nouveau cabinet avant le 31 octobre. Le camp aouniste accuse M. Mikati de ne pas respecter les prérogatives du chef de l’État dans la formation du gouvernement.
"Le cabinet ne peut être formé en dehors de la Constitution et du partenariat. Nous ne permettrons pas que les prérogatives du chef de l’État soient violées sur ce plan", a prévenu M. Bassil. "Cela ne vaut pas la peine que le président Aoun accepte durant les deux dernières semaines de son mandat ce qu'il a refusé pendant six ans", a-t-il ajouté. "Un gouvernement sortant qui ne jouit pas de toutes ses prérogatives ne peut pas assumer celle du président de la République (...)", a répété le député de Batroun.
La frontière maritime
Lors de son discours-fleuve, Gebran Bassil a par ailleurs commenté l'accord conclu entre le Liban et Israël sur le tracé de leur frontière maritime. Il y a deux jours, le président Aoun avait annoncé que le Liban a approuvé la version finale de l'accord qui doit encore être officialisé de la part des deux pays. Le chef de l’État a qualifié cet accord d'"exploit historique", affirmant même que le Liban "est devenu un État pétrolier". Mais selon les experts, de nombreuses étapes doivent encore être franchies avant que le Liban ne puisse profiter de cette manne pétrolière, qui ne serait même pas la solution à la crise économique inédite dans laquelle il se débat depuis 2019.
"La victoire de la frontière maritime ne peut pas se substituer à la victoire contre la corruption et ne nous exempte pas des réformes", a affirmé Gebran Bassil, qui se veut le parangon de la lutte contre la gabegie, alors que ses adversaire et une partie de la population l'accusent de corruption. Les États-Unis l'ont pour leur part sanctionné pour "corruption" présumée, alors que le chef du CPL estime que ces sanctions sont "politiques".
"Nous avons pris tous nos droits dans le champ de Cana malgré le fait qu'il ne se trouve pas dans son intégralité dans notre zone (...)" s'est-il félicité. L'accord entre le Liban et Israël prévoit que le gisement offshore de Karish sera sous le contrôle d’Israël et que les réserves de Cana, situées plus au nord-est, seront octroyées au Liban. Mais comme une partie de ce gisement dépasse la future ligne de démarcation, l’État hébreu toucherait une part des futurs revenus de l’exploitation gazière de Cana. Un accord a été conclu entre TotalEnergies, le géant français pressenti pour explorer ce champ , et les Israéliens en vertu duquel ils pourraient "recevoir des compensations" du géant énergétique et non du Liban, selon le vice-président du Parlement libanais Élias Bou Saab.
Gebran Bassil a dans ce contexte pris la défense de son allié chiite, le Hezbollah, qui avait menacé Israël de guerre en cas de non conclusion d'un accord. "Où étaient-ils (les adversaires du camp aouniste, NDLR) lorsque Hassan Nasrallah (chef du Hezbollah) a imposé l'équation par la force de la Résistance, de ses missiles et de ses drones ? Ils brandissaient la possibilité d'une guerre et accusaient le parti d'en être responsable", a-t-il dénoncé encore une fois sans nommer ceux qu'il vise par ses propos. "Nous disions que cette équation est dans l'intérêt du Liban et qu'il ne fallait pas avoir peur d'une guerre, car cela allait accélérer la conclusion de l'accord, dans notre intérêt", a-t-il rappelé.
Malgré les sanctions américaines qui pèsent contre lui, Gebran Bassil a affirmé avoir joué un rôle en coulisses dans les négociations parrainées par Washington.
Il se trouve que personne ne veut dialoguer avec des vendus qui se proclament pour l’anéantissement de leur pays pour occuper un poste ou contre des fortunes mal acquises, le fruit des années de labeur de son peuple qui quémande son propre argent pour survivre. Il a du mal à l’intégrer et continue à y croire dans le seul but de faire parler de lui. De grâce, arrêtez de publier ses insanités.
12 h 19, le 17 octobre 2022