Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Exposition

Les navigateurs phéniciens jettent l’ancre chez les Néerlandais

« Byblos, le plus ancien port au monde » déroule ses richesses culturelles millénaires au musée archéologique national des Antiquités de Leiden, aux Pays-Bas.

Les navigateurs phéniciens jettent l’ancre chez les Néerlandais

Les trois atouts de la vie inscrits sur cette mosaïque romaine exhumée à Byblos : l’Éros (amour), l’Acmé (le bien-être) et le Charis (beauté). Photo DR

Aucune exposition de cette envergure n’avait été consacrée à Byblos dans le monde. Du 14 octobre 2022 au 12 mars 2023, le musée archéologique national des Pays-Bas, (le Rijksmuseum van Oudheden) accueille l’exposition Byblos, le plus ancien port au monde. Plus de 8 500 ans d’histoire, de culture et de grand commerce sont illustrés par 500 objets issus de la riche collection du musée national de Beyrouth, du musée de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et de prêts d’institutions internationales, comme le Louvre, le British Museum, le département Proche-Orient du musée de Pergame à Berlin, les musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles, en Belgique, et d’autres. L’événement, organisé en partenariat avec le ministère libanais de la Culture/Direction générale des antiquités (DGA), et le soutien financier des Fonds Blockbuster, donne à voir les diverses périodes de l’histoire de Byblos, qui a connu une occupation ininterrompue depuis le Néolithique jusqu’à aujourd’hui.

Figurine en calcaire d’un homme-lion unique, représentant un monstre ou une divinité apotropaïque (qui conjure le mauvais sort), mise au jour dans le temple d’obélisque. Photo ministère de la Culture/DGA

Un cortège de rois, de guerriers et de statuettes phéniciennes

En vedette toutefois, les trésors découverts dans la nécropole royale et les temples de la cité du début du IIe millénaire av. J.-C., notamment les tombes des rois Abi-Shemou et Yapi-Shemou-Abi inhumés avec toute une panoplie de riches objets : vaisselle d’or et d’argent, colliers et bracelets en or incrustés de pierres semi-précieuses, miroirs, vases, figurines d’animaux en faïence, haches fenestrées en or et en argent, poignards d’apparat. Il n’est pas difficile de reconnaître dans un nombre de ces pièces l’influence égyptienne. Certaines ont même été offertes en cadeau par les pharaons Amenemhat III et IV. Les dépôts d’offrandes du temple des obélisques ne sont pas moins riches : des figurines de divinités en bronze, parfois plaquées d’or, et celles de guerriers accompagnent le cortège des légendaires statuettes phéniciennes aux jupes dorées et chapeaux pointus devenues le symbole de Byblos. Des scarabées et des amulettes sorties des flancs des jarres funéraires sont également exposées. Ainsi que des ancres, des amphores et des tablettes d’argile.

La statue d’Héraclès : ses traits faciaux réalistes et ses pattes épaisses sont caractéristiques du portrait d’un roi hellénistique. Le British Museum l’a acquise en 1805.

Héraclès, Hadrien et la Dame de Goubal au rendez-vous

Les pièces prêtées par les institutions muséales européennes et libanaises constituent l’un des temps forts de l’exposition. Parmi elles, la stèle de Yehawmilk (vers 450 avant J.-C. période achéménide) appartenant à la collection du Louvre et la statue en bronze d’Héraclès (période hellénistique), provenant du British Museum. La première représente le roi de Byblos Yehawmilk vêtu d’un costume perse faisant une offrande à la Dame de Byblos (Maîtresse de Goubal, ou Balaat Goubal). Assise sur un trône, coiffée du disque solaire, tenant un sceptre dans la main gauche, elle est représentée sous l’aspect de la divinité égyptienne Isis-Hathor. La stèle, qui porte une inscription phénicienne louant les bienfaits accordés à Yehawmilk par la Dame, a été trouvée près de la tour des croisés, placée entre deux lions. En pierre calcaire, elle fait 112 centimètres de hauteur, 56 cm de largeur, et 24 cm d’épaisseur. Le fragment manquant de la stèle se trouve au musée national de Beyrouth. Quant à la statue d’Héraclès, elle présente une hauteur de près d’un mètre et pèse 37 kg. Elle a été exhibée lors des Jeux olympiques en 2008 à Shanghaï, puis à Hong Kong. La figure aurait pu être à l’origine un portrait d’un roi hellénistique représenté sous les traits d’Héraclès. Car ses traits faciaux réalistes et ses pattes épaisses sont caractéristiques des images royales. Le British Museum l’a acquise en 1805 de Peregrine Edward Towneley, héritier de l’antiquaire et grand collectionneur anglais Charles Towneley.

Parmi les 13 objets archéologiques mis à la disposition des organisateurs par le musée de l’AUB, est exposée une inscription forestière de l’empereur romain Hadrien (117-138 après J.-C.). Hadrien décrète l’interdiction de couper quatre espèces d’arbres qui lui étaient réservées. Un ordre qui fut diffusé dans toute la partie nord du Mont-Liban sous la forme d’inscriptions gravées sur des rochers de karst. Il y a aussi la colonne funéraire de Qartaba, village située dans l’arrière-pays de Byblos. Datée vers 120-160 après J.-C., elle a été découverte dans les années 1940 et est conservée au musée national de Beyrouth. Deux couples, dont un prêtre, y sont représentés, mêlant des modes vestimentaires gréco-romaines et orientales. Les quatre noms inscrits en grec sont d’influence latine et sémitique, dont l’un serait proprement d’origine ituréenne.

Une des nombreuses inscriptions gravées sur des rochers au nord du Mont-Liban sur ordre de l’empereur romain Hadrien interdisant de couper les arbres. Photo DR

Balade virtuelle au cœur de la cité antique ….

L’exposition se présente comme une succession de pop-up permettant une plongée à travers plus de 8 500 ans d’histoire. Une scénographie attractive, conçue par Anika Öhlerich et Kathrin Hero, propose une animation virtuelle, avec une reconstruction en 3D de la cité portuaire accompagnée de photographies des ruines et des super paysages de l’arrière-pays de Byblos prise par drone, complétées par les clichés des premières fouilles au début du XXe siècle. Sans oublier les rois et les mythes, les navigateurs et leur flotte commerciale, dont l’histoire enfouie dans les flots et sous les rochers du port est illustrée par des dessins signés Karst-Janneke Rogaar. Rogaar s’est appuyé sur une documentation issue notamment des archives de la Bibliothèque nationale de France (Paris), et de l’Institut néerlandais pour le Proche-Orient (NINO), une fondation liée à l’Université de Leiden, la plus ancienne du pays, qui date de 1590.

C’est à Byblos que, 6 500 ans avant J.-C, ces poteries ont été produites et utilisées. Photo DR

Plein phare sur les dernières découvertes

Pour parachever ce panorama, une partie de l’exposition Byblos et le Louvre, qui s’est tenue de mai à septembre 2022 au musée parisien, a déménagé à Leiden.

Rappelons que les fouilles conduites sur le site archéologique de la ville portuaire depuis 2019 par la DGA et le département des antiquités orientales du musée du Louvre ont permis de mettre au jour une nécropole datant du bronze moyen (vers 1800 av. J.-C.) composée d’hypogées (tombes creusées dans la roche) présentant pour la plupart plusieurs chambres funéraires reliées entre elles par des escaliers. Ces tombes sont riches en offrandes et en mobilier funéraire céramique. À cette époque, Tania Zaven, archéologue de la DGA, directrice régionale du Mont-Liban-Nord et du site de Byblos, avait déclaré à Arab News : « Ce qui est incroyable, c’est que cette poterie semble avoir été fabriquée hier. » Byblos dont le sol a livré tant de vestiges, est « un tout petit site d’environ six hectares, mais vous pouvez y lire toute l’histoire de l’humanité, du Néolithique à aujourd’hui », remarque l’archéologue du Louvre Julien Chanteau. Le sol de Byblos n’a pas fini de livrer tous ses vestiges.

Les publications

L’exposition est complétée par un livre grand public abondamment illustré intitulé Byblos, conçu par David Kertai avec la contribution de Jona Lendering. Et d’une publication scientifique Gateway to the World (Passerelle vers le monde), dirigée par David Kertai et Tania Zaven, qui rassemble 43 articles d’archéologues et de chercheurs libanais et internationaux. L’évènement sera inauguré après-demain jeudi 13 octobre conjointement par le directeur du musée national néerlandais Wim Weijland et le ministre libanais de la Culture Mohamad Mortada, accompagné de l’ambassadeur du Liban à La Haye, Abdel Sattar Issa, et du directeur général des antiquités, Sarkis Khoury.

« Byblos, le plus ancien port au monde » au musée archéologique national des Antiquités de Leiden, aux Pays-Bas, jusqu’au 12 mars 2023. Les informations et les réservations de billets sont disponibles sur www.rmo.nl/byblos

Aucune exposition de cette envergure n’avait été consacrée à Byblos dans le monde. Du 14 octobre 2022 au 12 mars 2023, le musée archéologique national des Pays-Bas, (le Rijksmuseum van Oudheden) accueille l’exposition Byblos, le plus ancien port au monde. Plus de 8 500 ans d’histoire, de culture et de grand commerce sont illustrés par 500 objets issus de la riche collection du...

commentaires (2)

Ce musée avait une exposition en 2014 en concernant "Carthage" car un des archéologues historiques fondateur du musée était Jean Emile Humbert (1771-1839) qui a fait des fouilles en Carthage Tunésie. Il a fait une expédition officielle en 1822 pour le gouvernement néerlandais pour acheter et collectioner des objets puniques.

Stes David

10 h 31, le 11 octobre 2022

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Ce musée avait une exposition en 2014 en concernant "Carthage" car un des archéologues historiques fondateur du musée était Jean Emile Humbert (1771-1839) qui a fait des fouilles en Carthage Tunésie. Il a fait une expédition officielle en 1822 pour le gouvernement néerlandais pour acheter et collectioner des objets puniques.

    Stes David

    10 h 31, le 11 octobre 2022

  • Merci chère MAY pour cette belle tranche d'Histoire et d'Art Dommage que cette exposition ne vienne pas au musée des civilisations méditerranéennes de Marseille. adel Hamed.

    Hamed Adel

    09 h 35, le 11 octobre 2022

Retour en haut