Le ministère de la Santé revoit à la hausse sa couverture d’hospitalisation et donc sa prise en charge des patients les plus démunis, qui n’ont pas d’autre couverture médicale. « Cette prise en charge sera multipliée par six, auprès des hôpitaux privés et publics. Elle couvrira notamment les rémunérations des médecins, les dialyses ou nombre d’examens et de radios. » C’est ce qu’a annoncé mercredi le ministre de la Santé Firas Abiad, au cours d’une conférence de presse. Une décision qui a pour objectif de soulager les patients contraints de s’acquitter de montants très élevés en argent liquide, représentant la différence entre la facture présentée par les hôpitaux et la prise en charge du ministère, ridiculement basse. Dans un contexte de crise multiforme et d’effondrement socio-économique quasi généralisé, les tarifs des prestations médicales étaient toujours maintenus à un taux de 1 500 LL par le ministère de la Santé, alors que la livre libanaise a atteint un taux record de quelque 39 000 LL pour un dollar.
Le budget de la santé passe de 450 à 2 600 milliards de LL
La décision du ministre Abiad est une excellente nouvelle pour les patients les plus défavorisés, sachant qu’elle exclut les patients pris en charge, même partiellement, par d’autres tiers payants : Caisse nationale de Sécurité sociale, coopératives professionnelles, assurances privées... Si elle a été possible, c’est grâce à l’augmentation du budget alloué en 2022 par l’État libanais au ministère de la Santé (son adoption n’attend plus que la signature du chef de l’État Michel Aoun). « Le budget alloué au ministère est passé de 450 milliards de livres libanaises à 2 600 milliards de LL », confirme Firas Abiad. « La décision a également été possible grâce à un prêt de la Banque mondiale de 120 millions de dollars qui remonte à deux ans, dont le programme est en partie consacré au soutien de la facture d’hospitalisation », souligne-t-il à L’Orient-Le Jour, en marge de la conférence. « Entre le budget de l’État et le programme de la Banque mondiale, le ministère pourrait multiplier par huit le montant d’une prise en charge », révèle le ministre.
Certes, à elle seule, l’augmentation de la couverture hospitalisation du ministère ne suffit pas à régler les problèmes financiers des hôpitaux, vu la gravité de la situation. Ces derniers font face à un important retard de règlement des factures dues par le ministère de la Santé. Un retard dont les effets sont aggravés par la dévalorisation vertigineuse de la livre libanaise. « Un des problèmes majeurs des hôpitaux est le retard accumulé par le ministère pour payer ses dus, de plus d’un an parfois », reconnaît le Dr Abiad. C’est dans ce cadre que l’institution travaille à un mécanisme pour qu’en tant que tiers payant, elle accélère son rythme de paiement aux hôpitaux, en partenariat avec le ministère des Finances et la Cour des comptes. « Nous pouvons facilement accélérer le paiement des factures des dialyses, à titre d’exemple. Au lieu d’être fait dans un laps d’un an, le paiement pourra se faire en quelques mois », promet le ministre. La mise en place de ce mécanisme devrait se faire parallèlement au renforcement de mesures de contrôle auprès des hôpitaux, et à la réactivation de la ligne téléphonique d’urgence, afin de permettre aux patients d’être en relation avec le ministère.
Redynamiser l’hôpital public
Pour être mené à bien, le projet conduit par le ministre de la Santé devra enfin s’accompagner d’une redynamisation du rôle des hôpitaux publics. Non seulement le nouveau budget de la santé devrait permettre une meilleure distribution des fonds entre les hôpitaux, mais un hôpital public plus performant permettra immanquablement de réaliser des économies non négligeables. « Accorder un rôle plus important aux hôpitaux publics permettra aux patients d’envisager de s’y faire hospitaliser. Les différences à payer seront nettement moins importantes que dans le secteur privé », explique Firas Abiad.
Sans aucun doute, la décision est « un pas important dans la bonne direction », pour reprendre les propos du ministre. Mais tant que la monnaie nationale poursuivra sa plongée, et tant que les tarifs médicaux ne seront pas indexés sur les devises, rien n’est fait. « L’augmentation des prises en charge du ministère de la Santé ne suit pas l’effondrement de la livre. Les patients continueront donc d’assumer une partie de la facture », reconnaît le ministre, qui promet davantage de mesures pour soutenir les patients les plus défavorisés, mais aussi ceux qui souffrent de certaines maladies, comme le cancer, les maladies cardiaques ou rénales.
commentaires (3)
Qu’il commence par payer tous les arrières et les dettes des hôpitaux qui ne touchent plus un centime de l’état depuis des années avant de prendre la pose pour la photo derrière son bureau pompeux avec le salaire qui va avec pour nous raconter des bobards. Ils nous prennent définitivement pour des bœufs ces moins que rien, et fiers de l’être.
Sissi zayyat
11 h 39, le 06 octobre 2022