Plusieurs dizaines de manifestants, pour la plupart des femmes, se sont rassemblés devant le Musée national de Beyrouth dimanche pour exprimer leur solidarité avec les femmes iraniennes après la mort, il y a plus de deux semaines, d'une femme de 22 ans, Mahsa Amini, lors de sa détention par la police des mœurs iranienne. Mahsa Amini avait été arrêtée pour avoir porté des vêtements jugés inappropriés par la police.
Des soldats libanais et des policiers ont été déployés dimanche après-midi en marge du rassemblement, tandis que de petites échauffourées verbales ont eu lieu entre certaines manifestantes et des photographes, rapporte la journaliste de L'Orient Today sur place, Tamara Rasamny.
La corruption est dans les turbans
Une dispute verbale a ainsi éclaté entre une manifestant et au moins un photojournaliste masculin, mais n'a pas dégénéré. Pendant ce temps, un religieux musulman est arrivé à la manifestation, mais il a été poussé dehors par des manifestants qui scandaient "la corruption est dans les turbans". Certaines parmi les protestataires lui ont dit qu'il n'était pas le bienvenu dans le rassemblement et lui ont demandé de partir.
Reine Abbas, une conférencière universitaire qui faisait partie de la foule à Beyrouth, a déclaré à L'Orient Today qu'elle condamnait "la violence exercée contre toute femme." "Nous sommes en 2022, il est inacceptable que les hommes disent aux femmes ce qu'elles peuvent ou ne peuvent pas porter ou faire. Je suis solidaire des femmes, que ce soit en Iran ou ailleurs", a ajouté Reine Abbas. "Femmes, vie, liberté" et "Mort au dictateur", ont scandé des manifestantes devant le Musée national de Beyrouth, en référence au guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.
L'une des manifestantes a expliqué : "Il ne s'agit pas tant du hijab que du droit des femmes à choisir". Le gouvernement iranien, rappelle-t-on, exige que les femmes portent le voile en public, une mesure mise en place après la révolution de 1979 qui a vu le pays passer sous la coupe du clergé religieux.
"Nous sommes contre la tyrannie et l'oppression, pas contre le hijab", ont scandé les manifestantes à Beyrouth. "Donnez aux femmes le droit de choisir, il est temps que les hommes cessent de dire aux femmes ce qu'elles doivent faire, ce qu'elles doivent porter, qui elles doivent aimer", ont lancé d'autres. "Jhina nous sommes là pour toi", ont également scandé certains manifestants, en référence au patronyme kurde de Mahsa Amini. D'autres ont condamné "les régimes patriarcaux et autoritaires" et "les régimes arabes qui normalisent leurs relations avec Israël."
Dans un discours prononcé samedi, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah avait qualifié la mort de Mahsa Amini de "vague incident". Il a également fait l'éloge de l'ayatollah Ruhollah Khomeyni, qui a instauré le régime théocratique iranien et introduit les lois sur le hijab obligatoire. Depuis deux semaines, les Iraniens manifestent contre ces lois en réaction à la mort d'Amini.
"L'élément le plus important de l'axe de la résistance aujourd'hui est la République islamique d'Iran", avait déclaré Hassan Nasrallah, ajoutant qu'"un Iran fort et capable a été ciblé dès le premier jour. Par conséquent, tout le monde parie sur le mouvement de l'intérieur, et les sanctions visent à inciter les gens contre le régime républicain islamique."
Au moins 92 personnes ont été tuées dans tout le pays lors de la répression par l'Iran de deux semaines de manifestations, a indiqué dimanche l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège. Les Iraniens établis à l'étranger et leurs partisans se sont rassemblés dans plusieurs villes du monde samedi en guise de solidarité avec les protestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini.
Bravo mesdames vous êtes notre fierté
20 h 13, le 03 octobre 2022