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Nos Lecteurs ont la Parole

« Héroïnes »

Nous entendons certains toujours reprendre l’expression selon laquelle « le peuple libanais est sous anesthésie générale » et qu’il ne se révolte pas face à toutes ses misères quotidiennes. Il est vrai qu’une partie du peuple libanais, et précisément celle qui a ressuscité la même classe politique lors des dernières élections, est sous l’effet de « l’héroïne » infusée par son idole de « zaïm » qui se vante d’être le meilleur dirigeant au monde œuvrant jour et nuit dans l’intérêt de sa « tayfé ». Cependant, une autre partie de ce peuple mérite d’être qualifiée par le même mot dans son sens tout à fait positif et opposé, à savoir le féminin du mot « héros ».

C’est la chanteuse Majida el-Roumi qui, en quelques heures seulement, a pu faire ce que notre État pourri s’est abstenu pendant des dizaines d’années de faire : mettre des signes alarmants sur une route internationale pour éviter tout accident meurtrier.

C’est Sali Hafez – sans se positionner sur le contre ou pour de son action –, qui a risqué sa vie et sa liberté pour assurer le traitement adéquat et sauver la vie de sa sœur extrêmement malade.

C’est chaque danseuse du groupe Mayyas, qui portait en elle le symbole d’une patrie grièvement blessée mais qui ne cesse de tendre la main vers la vie et tourner le dos à la mort.

C’est l’équipe nationale de basket-ball, qui a permis à notre drapeau libanais de flotter de nouveau haut parmi les autres drapeaux.

C’est la jeunesse qui jusqu’à présent n’a pas quitté ce pays, que ce soit par manque de choix ou par choix, et surmonte les obstacles quotidiens pour continuer à vivre dans son pays natal près de ses parents et amis/es, enfin... ceux et celles qui n’ont pas émigré.

C’est chaque députée issue de la contestation du 17 octobre qui se fait humilier par ceux qui sont supposés être ses confrères dans la sphère du Parlement, et cela pour le simple fait qu’elle fait son travail correctement.

C’est chaque journaliste contre qui on guide chaque jour des guerres verbales pleines d’insultes et de conneries pour lui faire peur, croyant que cela l’obligera à se taire.

C’est chaque Nour Arida qui reçoit régulièrement des commentaires et des arguments pour le simple fait qu’elle appelle les femmes et surtout les adolescentes à rester naturelles.

C’est chaque femme qui a l’esprit de Mahsa et se révolte contre tout genre d’oppression de sa liberté de choix ; de porter ou ne pas porter un voile, d’être croyante ou non, d’être enceinte ou d’avorter, de vivre ou ne pas vivre selon les modalités qui lui sont imposées par sa société.

C’est chaque femme qui mène un combat acharné pour défendre sa liberté de disposer de ses cheveux, ses yeux, son corps, sa pensée, son âme.

C’est chaque mère qui donne tout son possible et même son impossible pour assurer à sa famille une vie pleine d’amour et d’affection.

C’est chaque fille célibataire qui, a un certain âge, qui est juste un chiffre, ne cesse d’entendre la même question : « Pourquoi êtes-vous toujours célibataire ? » comme si le mariage était un devoir ou une obligation solennelle ou une étape obligatoire dans la vie de chaque individu, alors que cela est censé être une affaire personnelle qui la concerne, et c’est son bonheur à elle, et non celui des autres, aussi proches soient-ils.

La liste n’est pas exhaustive et elle nous assure qu’une partie du peuple est toujours une « héroïne » qui tente sans cesse de soulever ce pays, de le révolutionner, parce que oui, la révolte est une femme.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

Nous entendons certains toujours reprendre l’expression selon laquelle « le peuple libanais est sous anesthésie générale » et qu’il ne se révolte pas face à toutes ses misères quotidiennes. Il est vrai qu’une partie du peuple libanais, et précisément celle qui a ressuscité la même classe politique lors des dernières élections, est sous l’effet de...

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