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Idées - Point de vue

Réformes économiques : il est temps pour le Liban d'agir

Réformes économiques : il est temps pour le Liban d'agir

Des Libanais font la queue devant une boulangerie de Beyrouth, en juillet 2022.

Le Liban est sur le point de s’effondrer. Certains disent même que le Liban s’est déjà effondré. Tous les indicateurs économiques parlent d'une situation dramatique : l'hyperinflation, la perte du pouvoir d'achat, la pauvreté croissante, la fuite des cerveaux et la disparition de la classe moyenne qui est la colonne vertébrale de la société libanaise. Les Libanais n'ont pas besoin d'indicateurs économiques. Ils ressentent ce qui se passe quotidiennement.

Plus de deux ans et demi après que l'État libanais ait fait défaut sur sa dette souveraine et que son gouvernement ait présenté un plan de sauvetage économique et budgétaire, les décideurs libanais échouent toujours à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour éloigner le Liban du bord du gouffre. Les décisions et mesures prises jusqu'à présent sont insuffisantes. La détérioration continue de la situation en est l’illustration.

Nous nous rendons compte que les tâches à accomplir sont imposantes. Le contexte ne rend pas la tâche plus facile: un environnement géopolitique régional et international polarisé, un consensus national fragile sur les questions stratégiques les plus fondamentales, la présence continue d'un grand nombre de réfugiés syriens, un système sociétal et politique confessionnel avec ses différents niveaux superposés d'équilibre des pouvoirs, un système politique fragmenté dans lequel le principe de la séparation des pouvoirs n'est guère respecté et qui manque de transparence et de responsabilisation.

Beaucoup de nos amis et interlocuteurs libanais disent que vous ne pouvez pas commencer à relever les défis actuels si vous ne vous attaquez pas à ces problèmes fondamentaux. Nous ne sommes pas d'accord.

Tous les décideurs libanais concernés peuvent et doivent faire davantage maintenant pour reconstruire l'espace économique, monétaire et budgétaire au Liban, première étape nécessaire pour ramener son économie sur la voie du redressement.

Le gouvernement libanais a signé un accord au niveau technique avec le FMI en avril de cette année, dans lequel il s'est engagé à mettre en œuvre un certain nombre de mesures préalables à prendre. Cela permettrait au FMI de présenter au niveau technique un programme pour le Liban à son Conseil d’Administration pour approbation. La triste réalité est que, près d'une demi-année après la signature de cet accord, aucune des mesures préalables requises pour l'approbation et le lancement d'un programme du FMI n'a été mise en œuvre.

Ceci n'est pas suffisant.

La seule possibilité réaliste aujourd'hui pour sortir le Liban de la zone rouge est sur le point d'être perdue. Par manque de focalisation. Par manque de volonté de compromis. Par manque de vision. Par manque de leadership.

Oui, le Liban peut sortir de la crise. Les premières mesures nécessaires ont été convenues entre le FMI et le gouvernement. Le système bancaire est en panne et nuit à l'économie. Il doit être reconstruit et fonctionner en toute transparence. Les pertes et les dettes accumulées au cours des dernières décennies doivent être attribuées et partagées de manière responsable, équitable et juste. Les petits déposants ne peuvent supporter le poids total de la crise et doivent être protégés. Il est impératif d’unifier le taux de change. Les taux de change multiples faussent les transactions économiques et ouvrent la voie à la manipulation et à la fraude. L'État a besoin d'un budget approprié et opportun qui identifie à la fois les recettes et les dépenses publiques, de manière claire et légitime. La Banque Centrale doit être transparente en ce qui concerne ses actifs étrangers. Il faut une loi sur le secret bancaire qui permette de lutter contre la corruption et d'enquêter sur les actes répréhensibles. Le contrôle des capitaux est essentiel en tant que mesure temporaire afin de s’assurer que le Liban dispose des ressources nécessaires pour se mettre lui-même sur la voie du redressement financier.

Tout cela peut être fait. Tout cela doit être fait, avec ou sans le soutien du FMI et de la communauté internationale.

Ces mesures sont essentielles pour rétablir la confiance envers les institutions du Liban, ses banques, sa Banque Centrale, son gouvernement, son Parlement, ses dirigeants politiques. La confiance a été perdue et doit être rétablie en priorité. Sans confiance, il n'y aura pas de liquidité dans les banques, ni de coopération significative au développement ou d'investissement privé. La crise économique se poursuivrait.

L'Union Européenne et ses États-membres, ainsi que la Norvège et la Suisse, sont prêts à se tenir aux côtés du Liban et de son peuple et à apporter leur soutien dans cette période difficile, politiquement et financièrement. Mais nous ne pouvons qu’apporter un soutien. Les décideurs libanais doivent assumer leurs responsabilités et donner la priorité à l'intérêt public en premier, et à leurs intérêts particuliers légitimes en second lieu.

Le Liban peut sortir de la crise. Il est temps d’agir maintenant.

Signataires:

Ralph Tarraf, Ambassadeur de L’Union européenne au Liban.

Les Ambassadeurs des États membres de L’Union européenne résidant à Beyrouth (Autriche, Belgique, Bulgarie, Chypre, République Tchèque, Allemagne, Danemark,Grèce, Espagne, Finlande, France, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Suède) ainsi que ceux de la Norvège et de la Suisse.

Le Liban est sur le point de s’effondrer. Certains disent même que le Liban s’est déjà effondré. Tous les indicateurs économiques parlent d'une situation dramatique : l'hyperinflation, la perte du pouvoir d'achat, la pauvreté croissante, la fuite des cerveaux et la disparition de la classe moyenne qui est la colonne vertébrale de la société libanaise. Les Libanais n'ont pas besoin...

commentaires (4)

Les libanais remercient messieurs les ambassadeurs pour leurs bonnes paroles. Toutefois, leurs états couvrent le délit d’initié commis par la mafia en place et peuvent être accusé de RECEL. Ils traitent avec la clique en place comme si de rien n’était ; ils en sont satisfaits puisqu’elle maintient un semblant de normalité aux frontières empêchant l’immigration massive des libanais et syriens vers les côtes européennes …. Pendant ce temps, ils sont contents d’accueillir le petit nombre de personnes qualifiées. Quelle HYPOCHRISIE ! mais ce sont des diplomates, on ne peut leur en vouloir pour une petite déformation professionnelle…

citoyen lambda

11 h 13, le 30 septembre 2022

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Commentaires (4)

  • Les libanais remercient messieurs les ambassadeurs pour leurs bonnes paroles. Toutefois, leurs états couvrent le délit d’initié commis par la mafia en place et peuvent être accusé de RECEL. Ils traitent avec la clique en place comme si de rien n’était ; ils en sont satisfaits puisqu’elle maintient un semblant de normalité aux frontières empêchant l’immigration massive des libanais et syriens vers les côtes européennes …. Pendant ce temps, ils sont contents d’accueillir le petit nombre de personnes qualifiées. Quelle HYPOCHRISIE ! mais ce sont des diplomates, on ne peut leur en vouloir pour une petite déformation professionnelle…

    citoyen lambda

    11 h 13, le 30 septembre 2022

  • Avis aux Ambassadeurs, Vous ne pouvez en aucun cas faire confiance au parlement ni au gouvernement actuel du Liban. Ce sont les mêmes vautours qui continuent à s'arracher les miettes qui restent. Le jour où cela ira au plus mal, ça ne m'étonnerait pas que les plus corrompus partent en jet privé vivre ailleurs. Si vous espérez que le changement vient de l'intérieur, oubliez cela, tant et aussi longtemps que le HA et l'Iran ont la main mise sur le pays socialement, militairement et économiquement le Liban restera dans le puits, dans le gouffre de la corruption. Tant que tous les partis politiques ne mettront pas leurs différents de côté, RIEN NE CHANGERA! Une possibilité, c'est la chute du régime iranien... Et ça aussi cela ne semble pas se concrétiser non plus. Arrêtez de parler avec des corrompus, voleurs et assassins et un Président qui est un raté notoire. Il a détruit le Liban en 1990 et cette fois, il l'a anéanti pour juste avoir le pouvoir et placer son gendre comme successeur. Je vous plains les ambassadeurs, je croyais que vous étiez plus intelligents que cela. Le Liban est pris en otage et vous vous en lavez les mains, comme d'habitude.

    Marwan Takchi

    21 h 09, le 27 septembre 2022

  • N'en deplaise au "Collectif d'ambassadeurs", il est grand temps de realiser qu'aucune reforme serieuse n'est possible tant que dominent les armes du Hezb, de l'Iran et de la moumana3a, d'une part, et la gente corrompue composee de la canaille politichienne du pouvoir, des fripouilles de la "haute" fonction publique, des crapules bancaires et d'une flopee de juges vereux, d'autre part. Ne fermez pas les yeux et les oreilles comme en Syrie, Aidez plutot les Libanais a renverser une fois pour toutes cette puissante structure mafieuse. Par la force si necessaire.

    Michel Trad

    16 h 04, le 27 septembre 2022

  • Pourquoi vous ne faites rien pour vraiment forcer les politiciens à bouger. Au moins publiez la liste de tous ceux qui ont transféré leur argent dans les banques européennes, après Octobre 2019 malgré les restrictions bancaires.

    Chebli Naaman

    15 h 38, le 27 septembre 2022

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