
Des secouristes du Croissant-Rouge syrien déployés sur la plage de Tartous, en Syrie, le 23 septembre, à la recherche des victimes du naufrage d'une embarcation partie du Liban. Photo Syrian Red Crescent / AFP
Le bilan provisoire du naufrage de l'embarcation clandestine de migrants partie du Liban, jeudi au large de la ville portuaire syrienne de Tartous, s'est encore alourdi samedi, six nouveaux corps ayant été repêchés au large de la cité, faisant porter le nombre des morts à 92, selon notre correspondant dans le Nord Michel Hallak, qui cite le directeur du port de Banias, Mouafaq Ibrahim.
"Il y a 89 morts, et 14 personnes sont en convalescence à l'hôpital Al-Bassel, dont deux en soins intensifs", indique, de son côté, Iskandar Ammar, un responsable de l'hôpital Al-Bassel, cité par l'agence de presse officielle syrienne Sana. Un précédent bilan communiqué plus tôt samedi faisait état de 86 morts alors que les recherches se poursuivent pour tenter de retrouver d'éventuels survivants, plusieurs personnes étant toujours portées disparues.
Joint par L'Orient-Le Jour, le bureau de presse du ministre libanais sortant des Travaux et des Transports publics, Ali Hamiyé, a affirmé samedi que les autorités libanaises continuent de coordonner avec les responsables syriens pour suivre les opérations de secours, notant qu'aucune équipe de secours libanaise n'a toutefois pas été dépêchée en Syrie. "Le bilan est toujours provisoire et continue d'augmenter", a déploré le bureau du ministre, soulignant que "les opérations de recherche se poursuivent bien qu'il y ait peu d'espoir de retrouver des rescapés à ce stade".
Selon les autorités syriennes, environ 150 personnes, principalement des Libanais et des réfugiés syriens et palestiniens, se trouvaient à bord du petit bateau qui a fait naufrage au large de Tartous, dans le nord-ouest, après avoir quitté en début de semaine le littoral libanais au large de Minié.
Nouvelles funérailles
Selon notre correspondant, deux victimes ont été identifiées samedi en début d'après-midi à l'hôpital Al-Bassel à Tartous. Il s'agit de S. W., un réfugié palestinien du camp de Nahr al-Bared (nord) dont le fils est toujours porté disparu, et A. A., un autre réfugié palestinien du camp de Chatila (près de Beyrouth) dont le frère n'a toujours pas été retrouvé non plus. Les familles des victimes continuaient d'enterrer leurs proches samedi au Liban.
Funérailles à Tripoli, le 24 septembre 2022, de l'une des victimes du bateau de migrants clandestin qui a fait naufrage au large de la Syrie, jeudi. Photo Fathi al-Masri / AFP
La Croix-Rouge libanaise (CRL), déployée au poste de contrôle de Arida, à la frontière libano-syrienne, a réceptionné vendredi les corps de sept Libanais et deux Palestiniens qui ont été identifiés par leurs proches. Contacté par L'Orient-Le Jour, le secrétaire général de la CRL, Georges Kettané, a affirmé samedi que des secouristes sont toujours déployés à Arida pour réceptionner les dépouilles retrouvées par le Croissant-Rouge syrien. "Nos équipes vérifient les papiers des migrants retrouvés avant de les transférer aux hôpitaux gouvernementaux de Tripoli et de Halba", a-t-il dit, notant que d'autres hôpitaux du Nord sont également prêts à recevoir les victimes si nécessaire. Plus tôt dans la journée, la CRL a indiqué avoir mis à la disposition des proches des migrants deux lignes d'urgence (1760 et 71 910269) pour tout renseignement.
Pour sa part, le bureau de presse du ministre sortant de la Santé Firas Abiad a précisé que celui-ci est entré en contact avec son homologue syrien, Hassan Mohammad Ghabach, pour discuter du transfert des rescapés au Liban en fonction de leur état sanitaire. Il a ajouté que son ministère se chargera des frais de traitement.
Arrestation du passeur présumé
Sur le plan de l'enquête, l'armée libanaise a annoncé samedi avoir arrêté un passeur présumé qui aurait organisé ce périple mortel, le plus meurtrier depuis que le début du récent phénomène d'émigration illégale en partance du Liban. Les investigations se poursuivent pour arrêter le reste des personnes impliquées, a fait savoir l'armée.
Sur le plan international, L'UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance, s'est dit vendredi "profondément attristé par le nombre de morts sur le bateau qui a coulé au large des côtes syriennes en provenance du Liban", et a estimé que "la tragédie d'hier (jeudi), et celles qui l'ont précédée sont des rappels brutaux qu'une action collective est nécessaire de toute urgence pour empêcher les familles de mourir en mer".
Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a déploré vendredi "une nouvelle tragédie déchirante", appelant la communauté internationale à venir en aide pour "améliorer les conditions des personnes forcées de fuir leur pays, ainsi que celles des communautés qui les accueillent".
De nombreux migrants libanais sont originaires du Nord, notamment de la ville de Tripoli, devenue une plaque tournante de l'immigration illégale en Méditerranée.
A la suite de l'effondrement économique au Liban, des réfugiés syriens et palestiniens et des Libanais ont tenté de traverser la Méditerranée à bord d'embarcations de fortune pour se rendre vers des pays européens, notamment l'île de Chypre, située à 175 kilomètres des côtes libanaises. En avril dernier, le naufrage d'un bateau de migrants surchargé, pourchassé par la marine libanaise au large de Tripoli, avait fait des dizaines de morts et provoqué une vive colère dans le pays. Le 13 septembre, les garde-côtes turcs ont annoncé la mort de six migrants parmi lesquels deux bébés, et secouru 73 personnes qui tentaient de gagner l'Europe, au large de la province de Mugla, dans le sud-ouest de la Turquie. Ces migrants auraient embarqué à Tripoli.
Selon l'ONU, au moins 38 bateaux transportant plus de 1.500 personnes ont quitté ou tenté de quitter illégalement le Liban par la mer, entre janvier et novembre 2021.
commentaires (4)
C'est une tragedie. Je connait un des passagers du bateau. Il faisait pas moins de 600 dollars frais mensuels, vivant au Liban. Il voulait aller en Europe avec ses enfants car l'Europe donne une subvention par enfant. La source du probleme la, c'est quand les politiques depensieres et socialisantes de l' Europe rencontrent la mentalité rurale des Syriens qui veulent chercher beaucoup d'enfants. Je pense que les Europeens avec leur politiques depensieres on beaucoup de blame a porter. D'un coté, ils causent une inflation monstre, de l'autre, ils attirent les emigres vers leurs etats providence au risque de leur vie.
Le Liban d'abord
09 h 41, le 25 septembre 2022