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Sport - Basket

La guerre d’Ukraine s’invite sur les parquets

En s’engageant ce mercredi avec le Zénith Saint-Pétersbourg, le basketteur Thomas Heurtel semble s’être définitivement fermé les portes de l’équipe de France. Une décision qui fait débat après la mise au ban des équipes russes des compétitions internationales.

La guerre d’Ukraine s’invite sur les parquets

Thomas Heurtel (à gauche) devant le joueur espagnol Jaime Fernandez lors de la finale de l’EuroBasket 2022 à Berlin, le 18 septembre. Tobias Schwarz/AFP

Thomas Heurtel portera-t-il à nouveau le maillot de l’équipe de France ? Alors qu’il avait signé avant l’Euro une attestation sur l’honneur « indiquant qu’il n’était pas engagé et qu’il n’envisageait pas de signer avec un club russe ou biélorusse », selon la Fédération française de basket-ball (FFBB), le meneur tricolore a finalement rejoint pour une année, plus une autre en option, le club du Zénith Saint-Pétersbourg.

La FFBB a donc rappelé la règle qu’elle avait fixée avant le début de l’Euro : le meneur aux 99 sélections en équipe de France ne sera plus sélectionnable tant qu’il évoluera au sein d’un club russe. Grand artisan du beau parcours des tricolores lors du dernier EuroBasket, dont ils ont atteint la finale, Heurtel (33 ans) hypothèque très sérieusement ses chances de disputer la Coupe du monde l’année prochaine, et surtout les Jeux olympiques de Paris de 2024.

D’autres cas similaires

Heurtel n’est pas le premier athlète français à s’engager au pays des tsars depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe le 24 février dernier. En juillet, Livio Jean-Charles et Louis Labeyrie avaient signé respectivement au CSKA Moscou et à Kazan, s’excluant automatiquement de l’équipe de France.

En hockey sur glace, Yohann Auvitu, défenseur des Bleus, avait rejoint le club du Neftekhimik Nijnekamsk KHL, le relevé championnat de Russie, au mois d’août. Stéphane Da Costa, autre international de hockey, joue lui aussi là-bas (à Ekaterinbourg). Si la Fédération française (FFHG) n’a pas encore pris position, les deux internationaux sont, selon les informations de l’AFP, non sélectionnables.

« Les règles du jeu avaient été très clairement posées par la FFBB cet été, a réagi à ce sujet la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra. C’est une démarche qui a été adoptée par d’autres fédérations. Il peut y avoir des situations spécifiques, notamment dans le cas des joueurs engagés de longue date avec des équipes russes. Mais en ce qui concerne les nouveaux joueurs qui s’engagent en Russie, il n’y aura pas d’exception car ils savent très bien à quoi ils s’exposent. »

Ces signatures sont d’autant plus controversées que le niveau de tension du conflit ne cesse de s’intensifier. Celui-ci a encore pris un nouveau tournant ces derniers jours en vertu de l’annonce de « mobilisation partielle » formulée par Vladimir Poutine ce mercredi. Les quelque 300 000 réservistes qui devraient être rapidement envoyés dans l’Est ukrainien viendront s’ajouter à de nouvelles menaces de recourir à l’arme nucléaire émises par le Kremlin.

Après l’officialisation de sa venue sur les réseaux sociaux du Zénith, Thomas Heurtel a été vivement critiqué par pléthore d’observateurs du basket français. Sans s’attarder sur l’usage, aussi abject qu’exagéré, du champ lexical de la collaboration par certains internautes, son choix ne peut totalement être dissocié d’une forme de « cautionnement » des agissements du régime et de l’armée russe chez une large partie de l’opinion.

« Il est tout à fait logique vu la situation actuelle en Ukraine, qui en plus ne va pas dans le bon sens, que les joueurs s’exposent à ce type de traitement », a estimé la ministre des Sports. S’il est illogique de tenir les clubs et les sportifs responsables de décisions qui ne regardent que Vladimir Poutine et son état-major, il n’est pas non plus surprenant que le degré de tension sur le terrain ukrainien incite aux réactions les plus épidermiques. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a encore dénoncé cette semaine la découverte d’un nouveau charnier, à Izioum, ville située à l’est du pays et tout juste reprise par l’armée ukrainienne. Un énième massacre qui fait tragiquement penser aux rues de Boutcha, dans la banlieue de Kiev, qui avaient été retrouvées jonchées de cadavres de civils en avril dernier.

Laissé sur le tarmac

Ce n’est pas la première fois non plus que la carrière de Heurtel prend une tournure inattendue. En décembre 2020, alors qu’il venait de perdre avec Barcelone contre l’Efes en Euroligue, le club catalan l’avait laissé sur le tarmac de l’aéroport d’Istanbul, l’accusant d’avoir secrètement négocié son départ vers le Real Madrid, éternel rival.

Selon la presse catalane, il était plutôt convenu qu’il signe à Fenerbahçe, qui venait de perdre un autre international français, Léo Westermann. Après cette brouille, Heurtel et le Barça s’étaient séparés à l’amiable, puis le meneur de 33 ans avait effectué une pige jusqu’à la fin de la saison à l’Asvel, avant de bel et bien rejoindre l’écurie madrilène.

Mais tout ne s’était pas passé au mieux dans la capitale espagnole, où Trey Tompkins et lui avaient été écartés du groupe en avril 2022, alors que son club était en pleine crise sportive. « C’est une décision technique. Ils ne s’entraînent plus avec l’équipe. Il n’y a pas de drame. C’est ma décision (...) C’est une décision définitive », avait alors affirmé Pablo Laso, l’entraîneur du Real, en conférence de presse.

Devenu persona non grata chez les deux grands d’Espagne, Heurtel l’est désormais aussi en équipe de France, qu’il a pourtant bien aidée à remporter la médaille d’argent lors de l’Euro achevé dimanche sur une défaite en finale devant l’Espagne.

Magistral lors de la prolongation contre l’Italie en quart de finale, le joueur de 1,89 mètre a réalisé un bon tournoi dans l’ensemble, malgré son accrochage avec Rudy Gobert, l’un des deux leaders de l’équipe, lors d’un temps mort contre la Hongrie, en phase de groupes.

En Bleu, sa carrière fut aussi faite de hauts et de bas. De ses faits d’armes, on retiendra surtout le tir à trois points en fin de match contre l’Espagne des frères Gasol, qui avait permis à la France d’écarter la Roja devant son public lors du Mondial 2014.

« Thomas Heurtel, donne-moi ton short », s’était alors époumoné le commentateur de Canal+ David Cozette, rendant la séquence mémorable. Heurtel n’a toutefois pas toujours été bon lors des fins de match serrées, s’obstinant parfois dans l’effort individuel alors qu’une solution collective se présentait à lui. En Russie, le meneur retrouvera tout de même deux compatriotes, Livio Jean-Charles (quatre sélections), joueur du CSKA Moscou, et Louis Labeyrie (33 sél.), qui évolue à Kazan. Loin des Bleus.

Thomas Heurtel portera-t-il à nouveau le maillot de l’équipe de France ? Alors qu’il avait signé avant l’Euro une attestation sur l’honneur « indiquant qu’il n’était pas engagé et qu’il n’envisageait pas de signer avec un club russe ou biélorusse », selon la Fédération française de basket-ball (FFBB), le meneur tricolore a finalement rejoint pour une année,...

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