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Société - Drame

Le bilan du naufrage au large de la Syrie du bateau de migrants parti du Liban s'alourdit : plus de 80 morts

De nombreuses personnes toujours portées disparues.

Le bilan du naufrage au large de la Syrie du bateau de migrants parti du Liban s'alourdit : plus de 80 morts

Des ambulances attendant les dépouilles de victimes du naufrage d'un bateau de migrants, au poste-frontière de Arida entre le Liban et la Syrie, le 23 septembre 2022. Photo Fathi AL-MASRI / AFP

Le nombre de migrants clandestins qui ont quitté les côtes libanaises et ont été retrouvés morts jeudi à la suite d'un naufrage au large de la ville portuaire de Tartous, au nord-ouest de la Syrie, est passé à plus de 80. Au moins 87 migrants sont ainsi morts noyés, selon le ministre libanais sortant des Transports Ali Hamiyé. Il s'agit du bilan le plus meurtrier depuis le récent phénomène d'émigration illégale en partance du Liban.

"Le nombre de victimes du naufrage s'élève jusqu'à présent à 87", a déclaré dans la soirée M. Hamiyé, cité par l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle). Vingt personnes sont par ailleurs soignées à l'hôpital al-Bassel de Tartous. 

Le bateau, sur lequel un drapeau libanais était hissé, avait quitté le village de Minié, dans le Nord du Liban, en début de semaine, en direction de l'Italie avec à son bord 120 passagers, dont des personnes âgées, des femmes et des enfants des trois nationalités - libanaise, syrienne et palestinienne.

Des hélicoptères russes et syriens ont soutenu les garde-côtes syriens et les pêcheurs locaux qui ont poursuivi les opérations de recherche pendant la nuit à la recherche d'autres survivants, ajoute notre correspondant. Les autorités libanaises restent en contact avec leurs homologues syriens pour obtenir des mises à jour sans intervenir dans les opérations de recherche, a déclaré pour sa part à L'Orient Today Hassan Choucair, porte-parole du ministre libanais sortant des Transports, Ali Hamiyé.

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Le nombre de Libanais faisant partie des victimes n'est toujours pas clair. Selon le ministre Hamiyé, 19 personnes ont été secourues, dont six Libanais. De nombreux autres migrants sont encore portés disparus.

Réagissant à ce drame, le président libanais Michel Aoun a appelé "les organismes spécialisés à assurer les facilités nécessaires aux rescapés et aux familles des victimes". Le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati, a annoncé vendredi qu'il avait chargé le Haut Comité de secours de coordonner avec les familles des victimes du naufrage le rapatriement des dépouilles de leurs proches. M. Mikati a également demandé au commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, de surveiller "strictement" les côtes libanaises, de lutter contre les traversées migratoires illégales et d'arrêter les personnes impliquées dans leur organisation.

Vendredi soir, la Croix-Rouge libanaise a réceptionné les corps de plusieurs victimes de la part du Croissant-Rouge syrien au poste de contrôle de Arida, à la frontière libano-syrienne, selon notre correspondant. Les corps sont ceux de sept Libanais et de deux Palestiniens, qui ont été identifiés par leurs proches. Depuis la tragédie, neuf corps de victimes libanaises ont donc été rapatriés, après que les corps de deux jeunes filles avaient été transférés et enterrés vendredi matin dans leur ville natale d'al-Karkif, dans le Akkar.

"Même les fenêtres de sa maison"

Le frère de Moustapha al-Maneh, l'un des passagers originaires du quartier de Bab el-Raml à Tripoli et toujours porté disparu en mer, a déclaré à notre correspondant Souhayb Jawhar que son frère est chauffeur de taxi. "La vie lui semblait difficile à cause de la hausse des prix des carburants, et son revenu ne suffisait plus pour acheter du pain et de la nourriture", a-t-il déploré, ajoutant que son frère "n'était pas en mesure d'inscrire ses deux fils à l'école". "Il a donc choisi d'émigrer par bateau après avoir vendu sa voiture pour payer le passeur qui a organisé le voyage", a-t-il précisé. La famille de Moustapha a commencé à accepter les condoléances, craignant que le corps de leur proche ne soit jamais retrouvé.

Une femme montrant une photo de proches décédés dans le naufrage d'une embarcation de migrants, à Tripoli, le 23 septembre 2022. Photo Fathi AL-MASRI / AFP

Un membre de la famille de Samer al-Hosni, un autre passager originaire du quartier de Bab el-Tebbané à Tripoli, a confié à notre correspondant que Samer a survécu à ce tragique incident mais que sa femme et ses quatre enfants sont toujours portés disparus en mer. Chauffeur routier sur la place al-Tall de la ville, il avait perdu son emploi, "et a été obligé de vendre tout ce qu'il possédait, même les fenêtres de sa maison".

Migrants secourus en Turquie

Plus tôt jeudi, un parent de migrants se trouvant dans un autre bateau qui avait quitté le Nord du Liban a déclaré à L'Orient Today qu'ils avaient été secourus par les garde-côtes grecs, puis transportés à Izmir, en Turquie, après que leur bateau se soit brisé près de la Crète. L'embarcation transportant 55 personnes avait quitté le Liban la semaine dernière, et les proches avaient perdu le contact avec les passagers lundi. L'opération de sauvetage a eu lieu mardi.

Alarm Phone, une initiative indépendante qui soutient les personnes traversant la mer Méditerranée, avait tweeté jeudi en évoquant un autre bateau de migrants, déclarant que "des proches nous ont informés hier d'un bateau qui a quitté le Liban le 19 septembre et qui était en détresse dans la mer Ionienne. Il semblerait qu'ils soient à court d'eau et de nourriture. Nous n'avons pu joindre les gens qu'une seule fois avec [une] mauvaise connexion." Le réseau de volontaires a indiqué jeudi soir, en citant les médias grecs, que les personnes en détresse ont été transférées au port de Kalamata jeudi après-midi par deux cargos, ajoutant qu'il n'y a pas eu de victimes et espérant "que l'Etat grec respectera leur droit de demander l'asile."

Raid au Akkar

Toujours jeudi, l'armée libanaise a effectué un raid dans la ville de Bebnine au Akkar et a arrêté deux suspects pour leur implication présumée dans la facilitation de la contrebande illégale à travers la mer, selon notre correspondant.

Ces dernières semaines, des dizaines de bateaux de migrants clandestins ont quitté les côtes libanaises à destination de l'Europe. La plupart des passagers cherchent à échapper à la crise économique dévastatrice que traverse le Liban.

La plupart de ces bateaux -souvent surchargés de passagers et dans des conditions délabrées- n'atteignent pas leur destination prévue. Ils sont souvent interceptés par l'armée libanaise ou nécessitent un sauvetage en mer. La semaine dernière, les autorités italiennes ont secouru 250 migrants qui étaient bloqués depuis plusieurs jours dans les eaux au large de Malte. En avril, un bateau de migrants avec des dizaines de personnes à bord a coulé au large de Tripoli, au nord du Liban, après avoir été intercepté par l'armée libanaise. Une quarantaine de personnes ont trouvé la mort, et des dizaines d'autres sont toujours portées disparues.

Selon les garde-côtes turcs, plus de 30.000 migrants en situation irrégulière ont été interceptés jusqu'à présent en 2022, soit plus du double par rapport à la même période de l'année dernière. 

Le nombre de migrants clandestins qui ont quitté les côtes libanaises et ont été retrouvés morts jeudi à la suite d'un naufrage au large de la ville portuaire de Tartous, au nord-ouest de la Syrie, est passé à plus de 80. Au moins 87 migrants sont ainsi morts noyés, selon le ministre libanais sortant des Transports Ali Hamiyé. Il s'agit du bilan le plus meurtrier depuis le récent...

commentaires (3)

Ces morts ne sont pas le resultat d'un accident. Ils ont ete deliberement assassines et leurs assassins sont dans les palais officiels de cette republique de rien et dans les rutilants immeubles de verre de leurs banquiers. Un jour prochain, la vengeance sera a l'affiche, et elle sera terrible. Kellon ya3ne kellon.

Michel Trad

14 h 26, le 23 septembre 2022

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Commentaires (3)

  • Ces morts ne sont pas le resultat d'un accident. Ils ont ete deliberement assassines et leurs assassins sont dans les palais officiels de cette republique de rien et dans les rutilants immeubles de verre de leurs banquiers. Un jour prochain, la vengeance sera a l'affiche, et elle sera terrible. Kellon ya3ne kellon.

    Michel Trad

    14 h 26, le 23 septembre 2022

  • Le prix de la vie reste malheureusement toujours bas a Tripoli et au Akkar... Ces drames sont le résultat logique de la différence entre l'absence d’économie et une surpopulation locale débridée (a laquelle il faut ajouter la masse de migrants et réfugiés). Ca ne plait peut-être pas a tout le monde, mais ce sont les faits... Regardez les cartes postales de cette ville dans les années 60s.

    Mago1

    13 h 45, le 23 septembre 2022

  • ACCUSEZ AUX NATIONS UNIES ET AUX OCCIDENTAUX LE TURC ERDOGAN LE MANIPULATEUR DES PAUVRES NORDISTES DU LIBAN A QUI IL A DISTRIBUE LA NATIONALITE TURQUE POUR EN FAIRE DES AGENTS ET QU,IL USE POUR LE TRAFIC DE MIGRANTS DES RIVAGES LIBANAIS POUR ELOIGNER LES REGARDS ET LES ACCUSATIONS EUROPEENNES DE SON PAYS QUI EST PAYE PLUS DE 6 MILLIARDS D,EUROS PAR LES IDIOTS EUROPEENS POUR ARRETER LE FLUX DE MIGRANTS QUI PARTAIENT DE CHEZ LUI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 17, le 23 septembre 2022

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