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Nos Lecteurs ont la Parole

« Beyrouth by Night »

« Ce ne peut être que la fin du monde, en avançant. » Rimbaud

Un taxi noir,

Celui d’après minuit,

Mon chauffeur slame,

Mixe de plusieurs langues,

Et ses sourcils de loup-garou,

Dans les nuits fauves de Beyrouth,

Cette montagne dressée au loin,

Constellation d’un Pollock en transe,

Je décroche

À côté de mes pompes,

Tel un somnambule,

La ville jappe,

Puis bat la mesure en rythme,

Par la fenêtre

Des fils électriques tressés à l’infini,

Tout va trop vite,

Ça défile,

Appartements percés de part en part,

Éclats de balle,

Des trous de la taille d’un obus,

Un goût de poussière,

Odeur de pneus brûlés,

Ma tête prête à exploser,

Comme si des doigts essayaient de me faire avouer

Mais quoi ?

Je délire,

Un gamin court après la voiture,

Le feu passe au rouge,

Des scooters nous tournent autour,

Haine de l’étranger,

Je fonce

Sur les bords de mer,

La lune fait du sur-place,

Le ciel pris de folie,

Des lucioles rebondissent sur le sable,

Des chars défilent,

Tremblement,

La terre entame son solo de jazz,

Je rêve d’une femme,

La peau claire,

Aux cheveux noirs,

Mais j’ai droit à la lampe

d’un militaire,

Braquée dans mes yeux,

Il nous fait ranger sur le bas-côté,

Fouille au corps,

Vérification des papiers,

Le loup-garou ne veut pas aller plus loin,

Je longe la plage,

Des couples se cachent dans des voitures

Tous phares éteints,

Dans l’eau, elle est là,

La femme à la peau claire,

Aux cheveux noirs,

Elle n’a pas peur des flammes,

Des reflets brûlants sur les vagues,

Nous plongeons

Sous l’eau, une autre nuit,

Une longue phrase,

Sans un mot,

« A love » suprême.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

« Ce ne peut être que la fin du monde, en avançant. » RimbaudUn taxi noir, Celui d’après minuit,Mon chauffeur slame,Mixe de plusieurs langues,Et ses sourcils de loup-garou,Dans les nuits fauves de Beyrouth,Cette montagne dressée au loin,Constellation d’un Pollock en transe,Je décrocheÀ côté de mes pompes,Tel un somnambule,La ville jappe,Puis bat la mesure en rythme,Par la...

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