On ne pourra plus dire qu’on ne savait pas. « La visite de la zone peut s'accompagner d'un risque accru pour la sécurité et les droits humains ou d'autres risques pour la communauté locale et les visiteurs. » Les voyageurs prévoyant de se rendre dans un logement appartenant à des Israéliens en Cisjordanie seront désormais mis en garde. À compter de cette semaine, le site de réservation en ligne booking.com prévoit d’afficher un message d’avertissement informant les usagers du contexte politique et militaire dans lequel ils s’apprêtent à pénétrer.
Officiellement, il s’agit pour ce géant des services de réservation en ligne d’assurer la sécurité de ses usagers à travers ces quelque 6 000 km2 de terres occupées par Israël depuis plus de cinq décennies. « Certaines régions du monde touchées par un conflit peuvent présenter un risque plus élevé pour les voyageurs, nous fournissons donc à nos clients des informations pour les aider à prendre des décisions et les encourageons à vérifier les directives officielles de voyage de leur gouvernement dans le cadre du processus de prise de décision », a déclaré un représentant de la compagnie cité par la chaîne de télévision israélienne Channel 13.
La compagnie de services en ligne basée à Amsterdam, qui recense plus de 145 000 destinations réparties dans quelque 200 pays et territoires, propose actuellement une section dédiée aux logements en « Palestine » comprenant plus de 200 hôtels, des dizaines d’appartements, maisons d’hôte et auberges de jeunesse répartis dans les grands centres urbains palestiniens tels que Ramallah, Naplouse, Bethléem ou encore Jéricho. Des hébergements dans des « colonies israéliennes » en « Palestine » sont par ailleurs disponibles, comme cette villa climatisée proposant pour un peu plus de 150 $ par nuit un « jardin avec terrasse » avec vue plongeante sur la vallée et un petit déjeuner « continental ou kasher ».
Outre le message d’avertissement, booking.com mentionnera désormais la Cisjordanie en tant que territoire « occupé ». Le site, qui avait cessé en 2018 d’étiqueter Jérusalem comme une « colonie israélienne », envisagerait également d’étendre le qualificatif à certains logements proposés à Jérusalem-Est. La section orientale de la ville trois fois sainte avait également été conquise en juin 1967 par l’armée israélienne au terme de la guerre des Six-Jours. Plus de 600 000 colons résident actuellement dans des implantations israéliennes construite au cours des cinq dernières décennies à travers la Cisjordanie et à Jérusalem-Est – pour quelque 3 millions de Palestiniens.
Décision illusoire
Côté israélien, les dirigeants crient au scandale et dénoncent une manœuvre politique. Personne n’a le droit de déterminer au nom des Israéliens « ce qui relève et ce qui ne relève pas de l’État d’Israël », a accusé le ministre du tourisme, Yoel Razvozov. « J'ai convoqué d'urgence la direction du ministère afin de déterminer les mesures à prendre pour faire face à cette décision illusoire et protéger l'activité touristique sur la totalité du territoire israélien », a poursuivi le centriste, affilié au parti Yesh Atid fondé par l’actuel Premier ministre, Yaïr Lapid. Selon le quotidien israélien Haaretz, la contre-attaque de l’exécutif devrait inclure une campagne de pression contre booking.com afin d’annuler la décision ainsi qu’une opération marketing visant à promouvoir le tourisme dans les régions ciblées. La décision de la direction de l’entreprise intervient alors que de plus en plus de multinationales sont ébranlées par des scandales concernant l’éthique de leurs pratiques commerciales en territoires occupés. Airbnb, leader mondial de la location touristique de logements entre particuliers, avait fait marche arrière en avril 2019 après avoir décidé quelques mois plus tôt de retirer de son site plus de 200 propriétés dans des colonies israéliennes implantées en Cisjordanie. Les fondateurs de Ben & Jerry’s, fabricant américain de crèmes glacées, sont quant à eux engagés depuis des mois dans un bras de fer avec leur maison mère, Unilever, afin de bloquer la vente de leurs produits dans les colonies.
Malgré l’émergence de voix accusatoires contestant la normalisation du commerce avec les colonies, une majorité d'entreprises israéliennes et occidentales continue de vendre, d’importer et parfois de produire depuis les territoires occupés. « En plus des centres commerciaux qui ont été construits à l'intérieur des colonies, on décompte autour de 20 zones industrielles administrées par Israël en Cisjordanie, réparties sur quelque 1 365 hectares », déclarait Human Rights Watch dans un rapport publié en 2016. « Les colons israéliens supervisent la culture de 9 300 hectares de terres agricoles », poursuivait l’organisation de défense des droits humains.
essayer de reserver sur booking.com dans un hotel au sud Liban et vous aurrez des suggestions d'autres hotels a seulement 5km au sud de notre espace "schengen" .
17 h 48, le 20 septembre 2022