Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a appelé samedi à "un consensus autour du nom" d'un candidat à la présidence du Liban, "loin des vetos" politiques, alors que le pays est entré en période d'élection présidentielle depuis le début du mois. Là où certaines forces politiques appellent à élire un candidat de "confrontation" face au parti chiite, d'autres prônent plutôt l'avènement d'une personnalité de "consensus", qui ne s'opposerait pas au Hezbollah de manière trop frontale.
Dans un discours prononcé à l'occasion du quarantième jour passé suite aux commémorations pour le martyr de l'imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet, le chef du parti chiite a également fustigé les modifications apportées au mandat de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), dans la résolution prolongeant d'un an le mandat de cette force, y voyant "un piège que l'ennemi (israélien, ndlr) tend au Liban depuis de nombreuses années".
Des nouveaux amendements de ce texte sont en effet passés presque inaperçus mais déplaisent fortement à la formation pro-iranienne, notamment une phrase donnant le droit à la Finul de "mener ses tâches de manière indépendante". Des incidents ont éclaté ces derniers mois entre des patrouilles onusiennes, déployées pour faire tampon entre Israël et le Liban, et des habitants du Liban-Sud, zone habitée par de très nombreux partisans du Hezbollah.
Appel à l'union
Hassan Nasrallah a réaffirmé la nécessité de procéder à l'élection présidentielle "dans les délais constitutionnels", à l'approche de la fin du mandat de l'actuel chef de l'État Michel Aoun le 31 octobre. "Il y a des appels à l'union autour d'un président, et nous appelons à un consensus sur un nom, loin des vetos", a-t-il estimé, semblant ainsi s'aligner sur l'idée d'un candidat de consensus.
Le responsable religieux a tenu ces propos à l'heure où les tractations politiques battent leur plein pour tenter de dégager un accord autour de candidats présidentiables. Une initiative des députés issus de la contestation, qui rencontrent successivement tous les blocs parlementaires, vise à réunir les forces politiques autour d'un nom. Mercredi dernier, le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, adversaire résolu du Hezbollah, lui avait même tendu une perche pour "élire un président de sauvetage" d'un pays en pleine crise existentielle.
Hassan Nasrallah a encore exprimé son "grand espoir" quant à une formation "prochaine" d'un nouveau gouvernement "afin d'empêcher de tomber dans le chaos", d'aucuns redoutant un vide politique total au niveau de l'Exécutif : pas de président et un gouvernement démissionnaire, le cabinet actuel étant chargé d'expédier les affaires courantes depuis le 22 mai dernier. Une telle vacance politique constituerait une première dans l'histoire du Liban. Ces espoirs ont été réanimés suite à la dernière visite en date du Premier ministre désigné Nagib Mikati à Baabda dans le cadre des tractations gouvernementales. Il avait, à sa sortie, affirmé que sa prochaine réunion avec Michel Aoun se prolongerait jusqu'à ce que son équipe ministérielle soit formée.
"Affaissement de l'État"
Au sujet des modifications apportées au texte final de la résolution 2650 de l'ONU, qui prolonge le mandat de la Finul jusqu'au 31 août 2023, Hassan Nasrallah a réagi en dénonçant "un des signes de l'affaissement de l'État libanais, un sujet dangereux et aux conséquences bien plus dangereuses". Il a poursuivi en estimant que ce changement "est un piège que tend depuis des années l'ennemi (israélien, ndlr) au Liban. Nous n'avons pas pu savoir qui en est responsable ; en tous les cas, il s'agit soit d'un ignorant, soit d'un conspirateur, car il crée un danger imminent dans le sud et la Békaa", a-t-il dit.
Le 12 septembre, le chef d'état-major de l'armée israélienne Aviv Kochavi avait une nouvelle fois menacé le Hezbollah et le Liban, dénonçant la présence de "roquettes, de missiles, de lance-missiles et de salles de contrôle des opérations dans le sud du pays, le sud de Beyrouth et la vallée de la Békaa", des zones où l'influence du parti chiite est prégnante.
Ligne rouge
Quant à l'autre sujet litigieux qui oppose Israël au Liban, à savoir la démarcation de leur frontière maritime commune, Hassan Nasrallah a affirmé que "l'importance pour la Résistance (nom que se donne le Hezbollah, ndlr), c'est la restitution du pétrole, du gaz et des terres, non par la mendicité mais par la dignité, la fierté et la vigueur". Selon lui, "aucune exploitation du champ de Karish ne doit débuter avant que le Liban n'obtienne la zone délimitée par la ligne 23", revendication officielle de Beyrouth qui a récemment demandé à modifier cette ligne afin d'inclure la totalité du champ offshore de Cana.
"Notre ligne rouge, c'est le début de l'exploitation du pétrole et du gaz de Karish. Nos yeux sont braqués sur Karish, et nos missiles aussi", a-t-il prévenu tandis que la société Energean, spécialisée dans le forage de puits de pétrole et de gaz, avait annoncé il y a plus d'une semaine être en passe de démarrer bientôt la production dans le champ de Karish.
Le chef du parti chiite a également évoqué la crise économique sans précédent qui secoue le Liban, où seules quelques heures de courant électrique sont assurées chaque jour par le fournisseur officiel Électricité du Liban (EDL). Au sujet de la possibilité d'un don de fioul iranien pour faire fonctionner les centrales électriques, il a indiqué qu'une "délégation se rendra en Iran pour résoudre ce problème, afin d'obtenir une aide pour augmenter les heures d'approvisionnement (en courant)". "Cette aide est une promesse réelle, et l'horizon s'éclaircira sur ce dossier dans les prochains jours", a-t-il poursuivi. Les détracteurs du Hezbollah lui reprochent souvent son affiliation assumée à la République islamique d'Iran, qui menace selon eux la souveraineté du Liban.
Le secrétaire général du parti chiite a enfin évoqué l'effroyable massacre de Sabra et Chatila, en septembre 1982. "L'ennemi israélien y a participé, mais les authentiques auteurs du massacre provenaient de certaines parties libanaises bien connues qui ont collaboré avec l'ennemi dans le massacre de 1982", a-t-il affirmé, dénonçant "le plus grave et le plus horrible massacre dans l'histoire du conflit israélo-arabe".
Le chef du Hezbollah a mis à profit ce discours pour glisser une pique au chef des Forces Libanaises (FL) Samir Geagea, qui multiplie les attaques contre le Hezbollah : "Le massacre de Sabra et Chatila, c'est votre culture. Et Dieu merci, on ne vous ressemble pas", a-t-il lancé. Il y a quelques jours, M. Geagea avait écrit sur Twitter : "Vous avez votre Liban, nous avons le nôtre", ce qui a été perçu comme étant adressé au camp du parti chiite et de ses alliés politiques.
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Grace a Dieu nous ne sommes pas comme vous! Vous êtes des criminels, des corrompus, des menteurs et des assassins, des voyous, des bandits de grands chemins et des trafiquants de drogues. Pour finir vous êtes des traîtres a la solde d'un état au régime théocratique Nazi et vous bradez les intérêts de votre pays pour un pays tiers. En effet nous sommes tout le contraire de tous ce que vous représentez car nous avons combattu et sacrifié notre jeunesse pour le pays, tout le pays en espérant de meilleures jours pour tous, alors que vous avez sacrifié le pays, tout le pays, pour votre poche, celle de vos collabos et pire, pour votre clown enturbanné en Iran.
Pierre Christo Hadjigeorgiou
09 h 36, le 20 septembre 2022