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Moyen-Orient - Droits des femmes

La mort d’une adolescente anime le débat sur l’avortement au Maroc

La mort d’une adolescente anime le débat sur l’avortement au Maroc

Des manifestantes marocaines pour la réforme du droit à l’avortement déposant des poupées à Rabat, le 25 juin 2019. Photo d’archives AFP

C’est une victime de trop. D’un homme qui la viole, tout d’abord. Du même homme qui lui organise un avortement clandestin, auquel elle ne survivra pas. À Boumia, dans la province de Midelt au Maroc, une adolescente de 14 ans est morte des suites d’une hémorragie lors d’une interruption de grossesse pratiquée au domicile de son bourreau. L’homme qui l’avait engrossée l’aurait également « exploitée sexuellement », selon la coalition Printemps de la dignité, regroupant plusieurs associations féministes dans le pays. « Cette histoire tragique de violence masculine nous interpelle et nous bouleverse toutes et tous », a écrit mercredi l’activiste féministe radicale Betty Lachgar sur son compte Twitter, accusant le royaume chérifien de « piétine(r) les droits des filles et des femmes en mettant leur santé et leur vie en danger ».

L’interruption volontaire de grossesse est en effet passible dans le pays d’une peine allant de six mois à cinq ans de prison, le code pénal marocain visant non seulement la femme qui avorte, mais également les personnes impliquées dans l’acte. La seule exception autorisée est une grossesse qui présenterait un danger pour la santé de la mère. L’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin recensait à la mi-juillet entre 600 et 800 cas quotidiens, dont 150 à 200 ne seraient pas médicalisés, mettant ainsi en danger la vie des femmes concernées. Des chiffres qu’ils pensent être largement sous-estimés compte tenu de l’illégalité de l’acte et du tabou social qui l’entoure.

Annoncée par le roi Mohammad IV en mars 2015, une initiative avait pourtant été lancée en vue de réformer la législation relative à l’avortement dans le royaume chérifien, provoquant un débat national qui n’a toujours pas abouti à des mesures concrètes. Le premier projet de loi proposé, partiellement amendé et bloqué au Parlement depuis 2016, prévoyait de rajouter trois exceptions à l’autorisation de pratiquer un avortement, pour les « cas de force majeure » comme les graves malformations du fœtus, l’existence d’un trouble mental chez la mère ou une grossesse issue d’un viol ou d’un inceste, selon le site d’information Medias24. Le texte avait néanmoins été retiré de la Chambre des représentants en novembre dernier pour faire l’objet d’une révision complète.

Le 6 juin dernier, les députés du Parti du progrès et du socialisme ont déposé une nouvelle proposition de loi pour favoriser l’accès à l’avortement dans un délai de 90 jours pour les cas précités. Après trois jours de réflexion et de consultation, l’acte pourrait ainsi être pratiqué dans un hôpital ou une clinique. « L’essentiel, c’est que le sujet soit remis sur la table et que l’on puisse avancer après toutes ces années de blocage », s’était alors félicitée l’ex-députée du parti, Touria Skalli, citée par Jeune Afrique. Une initiative qui ne va pas assez loin pour certains activistes, qui souhaiteraient décriminaliser la problématique. « Le sujet n’a pas sa place dans un code pénal, mais plutôt dans un code de santé qui contiendrait bien évidemment des règles éthiques comme il y en a dans d’autres domaines, tels que le don d’organes », déclarait fin juin dernier dans Medias24 Nouza Skalli, militante féministe et ancienne ministre de la Famille.

C’est une victime de trop. D’un homme qui la viole, tout d’abord. Du même homme qui lui organise un avortement clandestin, auquel elle ne survivra pas. À Boumia, dans la province de Midelt au Maroc, une adolescente de 14 ans est morte des suites d’une hémorragie lors d’une interruption de grossesse pratiquée au domicile de son bourreau. L’homme qui l’avait engrossée...

commentaires (1)

Il ne faut pas déplacer le problème. Cet article s'étend sur la question de l'avortement, et on oublie le plus important qui est le viol.

Yves Prevost

09 h 09, le 16 septembre 2022

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Commentaires (1)

  • Il ne faut pas déplacer le problème. Cet article s'étend sur la question de l'avortement, et on oublie le plus important qui est le viol.

    Yves Prevost

    09 h 09, le 16 septembre 2022

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