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Politique - Focus

Aoun mijote l’après-31 octobre : Ne me mettez pas le dos au mur

Après Gebran Bassil, le chef de l’État menace Nagib Mikati, tout en entretenant le flou autour de la prochaine étape.

Aoun mijote l’après-31 octobre : Ne me mettez pas le dos au mur

Le président Michel Aoun recevant le Premier ministre désigné Nagib Mikati, le 17 août 2022, à Baabda. Photo d’archives/AFP

L’après-31 octobre est déjà dans tous les esprits. Surtout celui du président de la République Michel Aoun, dont le mandat arrivera à terme ce jour-là. S’il ne cesse d’assurer qu’il va quitter le palais de Baabda à cette date, le chef de l’État semble s’être joint à son gendre, le leader du Courant patriotique libre Gebran Bassil, dans l’escalade verbale face au Premier ministre désigné Nagib Mikati et ses soutiens, les menaçant de scénarios qu’il garde pour le moment secrets dans la perspective de la période de vacance présidentielle qui se profile à l’horizon.

Hier, le chef de l’État s’est de nouveau invité dans la partie pour resserrer l’étau davantage autour du Premier ministre désigné accusé de ne pas vouloir former un gouvernement de pleins pouvoirs. « Le cabinet sortant est incapable d’exercer les prérogatives du président après la fin du mandat », a déclaré M. Aoun dans une interview publiée hier par le quotidien al-Joumhouriya. « Je considère que le cabinet sortant n’a pas la légitimité populaire pour se substituer au chef de l’État », a-t-il poursuivi, en référence au fait que l’équipe qui expédie les affaires courantes ne jouit pas de la confiance du Parlement, représentant du peuple, pour exercer le pouvoir.

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Michel Aoun persiste et signe donc face à un Nagib Mikati qui, en début de semaine, avait affirmé, en se basant sur la Constitution, qu’en cas de vacance présidentielle, les prérogatives du chef de l’État seront transférées à son équipe actuelle. Clairement irrité par ce qu’il perçoit comme « un blocage prémédité du processus gouvernemental », le chef de l’État a lui aussi brandi l’arme des menaces, comme l’avait fait le leader du CPL deux jours auparavant. « Si un nouveau président n’est pas élu et qu’une équipe ministérielle n’est pas mise sur pied avant le 31 octobre, et s’ils (Nagib Mikati et ses soutiens) me mettent dos au mur, plusieurs interrogations entoureront le prochain pas que je vais alors devoir faire », a-t-il tonné, tout en prenant soin de se montrer impatient de quitter le palais de Baabda. Il a même confié « avoir commencé à envoyer ses affaires à son domicile à Rabié ».

Le flou sciemment entretenu par le chef de l’État autour de ses projets à venir ne peut que s’inscrire dans la continuité de la menace de « chaos constitutionnel » que Gebran Bassil a lancée mardi, quand il avait affirmé qu’après la fin du mandat, son camp considérera le cabinet sortant comme un « usurpateur ». Qu’insinue donc le camp présidentiel ? « Nous sommes des gens qui respectons la Constitution et l’appliquons à la lettre. C’est pourquoi le chef de l’État quittera le palais le 31 octobre à minuit », assure un proche de Baabda à L’Orient-Le Jour. Ce dernier reconnaît implicitement que Michel Aoun n’a pas un large éventail de choix. « Nous ne pouvons pas retirer à Nagib Mikati son statut de Premier ministre désigné. Nous ne pouvons que l’attendre pour former une nouvelle équipe », dit-il. Il explique donc que « les propos de M. Aoun visent principalement à inciter le Premier ministre désigné à aller de l’avant dans la mise en place du prochain cabinet ».

Éclairage

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De son côté, le CPL n’en démord pas. Il étudie déjà tous les scénarios possibles pour l’après-31 octobre. « Toutes les options sont sur la table, à commencer par la désobéissance civile, en passant par la probable démission de nos députés et ministres », souligne un ex-parlementaire aouniste sans donner plus de détails. Une telle démarche vise clairement à retirer au cabinet sortant de Nagib Mikati une large couverture chrétienne, remettant en question sa conformité au pacte national.

« Que le gouvernement repose en paix »

Dans son interview, Michel Aoun n’a pas ménagé son principal adversaire politique et, dans le même temps, le principal soutien de Nagib Mikati dans ce bras de fer : le président du Parlement Nabih Berry. « Je ne permettrai pas à Nagib Mikati et ceux qui l’appuient de mettre la main sur le pays », a-t-il menacé dans une pique évidente adressée au chef du législatif. Une flèche qui vise aussi le Hezbollah, qui avait largement contribué à la reconduction du milliardaire tripolitain, contrairement à la volonté de Gebran Bassil. Comme si Michel Aoun voulait amener la formation chiite à choisir son camp entre ses deux alliés, Amal et le CPL. Mais pour le moment, le parti pro-iranien ne semble pas vouloir intervenir pour faire pression sur Nabih Berry et, par ricochet, sur Nagib Mikati. « Que le gouvernement repose en paix. Rien ne prête à croire qu’il sera formé dans un avenir proche », se contente de commenter un responsable du Hezbollah sous couvert d’anonymat. Le Premier ministre désigné, lui, se dit toujours d’après son entourage optimiste quant à la possibilité de mettre en place un nouveau cabinet. Mais une constante persiste : il s’oppose à l’idée, appuyée par Baabda, consistant à incorporer six figures politiques à l’équipe sortante. Une option qu’il avait pourtant approuvée dans un premier temps, selon Michel Aoun. « Il a changé d’avis après concertations avec Nabih Berry, qui s’est opposé à une telle démarche dans son discours du 31 août », a déploré le chef de l’État dans son interview. « M. Mikati craint probablement la nomination de figures provocatrices », estime un proche du président de la République.

L’après-31 octobre est déjà dans tous les esprits. Surtout celui du président de la République Michel Aoun, dont le mandat arrivera à terme ce jour-là. S’il ne cesse d’assurer qu’il va quitter le palais de Baabda à cette date, le chef de l’État semble s’être joint à son gendre, le leader du Courant patriotique libre Gebran Bassil, dans l’escalade verbale face...

commentaires (10)

combat de coqs sur un tas de fumier toute l'actualité de nos dirigeants criminels tourne autour de cette présidentielle. c'est vrai que tout le reste tourne bien, la popilation n'a aucun problème digne d'attention. bravo à tous ceux qui ont voté pour eux...

N.A.

19 h 30, le 12 septembre 2022

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Commentaires (10)

  • combat de coqs sur un tas de fumier toute l'actualité de nos dirigeants criminels tourne autour de cette présidentielle. c'est vrai que tout le reste tourne bien, la popilation n'a aucun problème digne d'attention. bravo à tous ceux qui ont voté pour eux...

    N.A.

    19 h 30, le 12 septembre 2022

  • Il s’est mis tout seul dos au mur sur les conseils de son nabot et vient reprocher son entêtement injustifié et ses actes d’enfantillage aux autres, comme à son habitude. Vivement octobre…

    Sissi zayyat

    13 h 44, le 10 septembre 2022

  • Comme nous sommes des gens justes, il faut dire à leur décharge que c'est bien pendant le Règne Fort que l'iPhone 14 Pro Max est sorti... Comme quoi ils n'ont pas QUE un bilan négatif.

    Gros Gnon

    16 h 17, le 09 septembre 2022

  • Tout ce que nous voyons, lisons et entendons ces derniers jours est la preuve flagrante que les acteurs actuels du "Théâtre National Libanais" ne connaissent qu'une façon de jouer: celle qui favorise leurs intérêts personnels, même si c'est au détriment du pays et de son peuple. Qui, lui...peut avoir faim, vivre sans électricité et sans eau, et mourir faute de médicaments et de pouvoir se faire soigner correctement. Tout cela...ces acteurs n'en ont rien à foutre, du moment qu'eux et leurs familles vivent normalement. Et qu'on les applaudit malgré tout...!!! - Irène Saïd

    Irene Said

    16 h 03, le 09 septembre 2022

  • une fois Aoun a la maison et redevenu le citoyen Aoun, le CPL passerra au statut de CPL-nain. On attend avec impatience

    Lebinlon

    10 h 39, le 09 septembre 2022

  • J,AI OUBLIE LES BRAIEMENTS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 56, le 09 septembre 2022

  • DANS LA GRANDE ETABLE LES ANIERS SE BATAILLENT A COUPS DE PATTES ET DE SABOTS. QUELLE DIFFERENCE D,AVEC LEURS ANES ET MULETS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 30, le 09 septembre 2022

  • « Le cabinet sortant est incapable d’exercer les prérogatives du président après la fin du mandat », a déclaré M. Aoun dans une interview. Cette declaration indique bien qu'il sait que l'election de son successeur ne se fera pas dans le delai constitutionnel. Son role est d'assurer l'election et d'inciter son groupe parlementaire a voter au lieu de s'abstenir. Mais on n'oublie pas que lui et ses allies de tout poils (de barbe) sont les specialistes de l'obstruction tout azimut.

    Michel Trad

    09 h 13, le 09 septembre 2022

  • Pour le CPL, seuls leurs intérêts propres priment même au détriment du pays qu’ils ont largement contribué à détruire dans toutes ses composantes. L’Histoire retiendra cet acharnement du CPL à tout détruire pour des raisons personnelles.

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 29, le 09 septembre 2022

  • "Nous sommes des gens qui respectons la Constitution et l’appliquons à la lettre". Non mais! Il est possible de sortir une telle énormité sans pouffer de rire?

    Yves Prevost

    07 h 56, le 09 septembre 2022

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