
Le vice-président du Conseil exécutif du Hezbollah, Ali Daamouch, à Ansarié (Liban-Sud), le 11 septembre 2022. Photo envoyée par Mountasser Abdallah
Le vice-président du Conseil exécutif du Hezbollah, Ali Daamouch, a critiqué dimanche les responsables qui veulent "reporter les solutions" à la crise que traverse le Liban jusqu'après l'élection présidentielle, à l'heure où les tractations pour la formation d'un nouveau gouvernement, qui serait chargé d'entreprendre des réformes pour sauver le pays de son effondrement, sont au point mort.
Lors d'un événement du parti chiite à Ansarié au Liban-Sud, le cheikh Daamouch a estimé qu'"il y a une méthode consistant à reporter les solutions à l'après-élection présidentielle, et une autre qui prône de prendre l'initiative et de trouver rapidement des solutions aux crises, sans les reporter sous aucun prétexte : cette dernière est notre méthode". Selon des propos rapportés par notre correspondant Mountasser Abdallah, M. Daamouch a affirmé que "la première méthode mène à l'aggravation des crises et à l'obstruction des solutions demandées".
De son côté, le député Hassan Fadlallah, également membre du parti chiite, a appelé à ne pas penser que l'élection d'un nouveau président "réglera les problèmes du pays". "Il est vrai qu'il s'agit d'une échéance constitutionnelle dont il faut s'acquitter, mais ceux qui affirment qu'il suffit d'élire un nouveau chef de l'Etat pour résoudre tous les problèmes ne font que tromper les gens", a-t-il déclaré lors d'un événement à Bint Jbeil, également au Liban-Sud.
Empêcher l'aggravation de la crise
"Nous appelons à ceux qui adoptent la méthode du report des solutions à après l'élection présidentielle à abandonner cette méthode, car les circonstances du pays ne lui permettent pas de supporter le report ou la lenteur", a lancé le cheikh Daamouch. "C'est pourquoi, a-t-il poursuivi, nous avons appelé et continuons d'appeler à former rapidement un gouvernement à part entière, qui prenne ses responsabilités dans cette période sensible et délicate (...) Le gouvernement démissionnaire doit œuvrer, dans la mesure de ses capacités, à empêcher l'aggravation de l'effondrement" du Liban, qui vit la pire crise économique de son histoire moderne.
Le numéro deux du parti chiite a de son côté insisté sur la formation d'un nouveau cabinet "même s'il ne reste en exercice qu'une semaine ou deux", rappelant que c'est via le gouvernement que pourront être approuvés "le plan de redressement et de sauvetage" du pays. Une équipe ministérielle en exercice "pourra résoudre un éventuel problème au niveau de la présidentielle si cette échéance n'est pas réalisée dans les délais". Il a ajouté que la formation d'une nouvelle équipe permettrait "de ne pas avoir à répondre à la question de savoir si un gouvernement sortant peut servir d'alternative (à un vide présidentiel) ou pas".
Le Hezbollah est allié au Courant patriotique libre (CPL, aouniste), qui reproche au Premier ministre désigné Nagib Mikati de refuser de former un gouvernement avant la présidentielle, après quoi un nouveau gouvernement devrait être mis sur pied. Gebran Bassil, chef du CPL et gendre du chef de l'Etat actuel, accuse le président du Conseil de tout faire pour qu'aucune mesure de redressement économique ne soit prise avant la fin du mandat de Michel Aoun, fondateur du CPL, le 31 octobre.
Certains observateurs craignent que, en l'absence d'un nouveau cabinet de pleins pouvoirs, M. Aoun refuse de quitter le palais de Baabda à la fin de son mandat. La question de la possibilité, ou non, qu'un gouvernement chargé de l'expédition des affaires courantes puisse exercer les prérogatives du chef de l'Etat fait polémique depuis des semaines entre M. Mikati et le camp présidentiel.
Une fois n'est pas coutume, me voilà d'accord, au moins sur un point avec le Hezbollah. Non, l'élection d'un nouveau chef de l'Etat ne réglera pas tous les problèmes du Liban! Encore faut-il que ce président soit capable de redonner à l'Etat libanais sa souveraineté et son indépendance confisquées par une toute puissante milice étrangère.
06 h 54, le 12 septembre 2022