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Dernières Infos - Explosion au port de Beyrouth

Sit-in de proches des victimes contre la nomination d'un juge suppléant, devant le domicile du ministre de la Justice


Sit-in de proches des victimes contre la nomination d'un juge suppléant, devant le domicile du ministre de la Justice

Des familles de victimes de l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth tenant un sit-in devant le Palais de justice, après l'annonce mardi de la nomination d'un juge suppléant dans l'enquête, le 7 septembre 2022. Photo Mohammad Yassine

Des proches de victimes de l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth ont manifesté mercredi soir devant le domicile du ministre sortant de la Justice Henri Khoury à Hazmieh, dénonçant la décision prise la veille par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) de nommer un juge d'instruction suppléant dans l'enquête sur le drame.

"Vous assassinez la loi, ils sont en train de tuer notre affaire", a lancé un manifestant qui se trouvait à la porte de l'appartement de M. Khoury, située au quatrième étage, selon des propos rapportés par la chaîne al-Jadeed. Lors d'un entretien accordé à cette chaîne, le ministre Khoury a affirmé que le CSM "n'a pas encore nommé de juge et (...) n'a pas démis de ses fonctions" le magistrat Tarek Bitar, qui est déjà en charge de l'enquête. "Il n'y a aucune ingérence politique dans le dossier et ce n'est pas moi qui prend des décisions", s'est-il défendu.

Plus tôt dans la journée, des familles de victimes ont tenu un sit-in devant le Palais de justice pour protester contre la décision du CSM. "Un juge éthique a déjà été nommé dans notre affaire, il s'agit de Tarek Bitar. Maintenant ils essaient d'entraver l'enquête pour libérer leurs détenus", confie Majd Hélou, père de la victime Nicole Hélou, à L'Orient-Le Jour. 

Si le magistrat chargé de l'enquête Tarek Bitar doit rester à son poste, il devrait s'opposer lui-même à cette mesure, a affirmé une source judiciaire à L'Orient-Le Jour. La décision a été prise à l'issue d'une réunion au cours de laquelle les dix membres du CSM ont approuvé une proposition du ministre sortant de la justice, Henri Khoury (proche du camp aouniste), visant à nommer un juge suppléant qui serait chargé de statuer sur les questions liées à la libération des détenus placés en détention sans procès, après l'explosion.

Toutefois, selon des experts cette mesure représente une pure "ingérence politique". À ce sujet, une chercheuse de Human Rights Watch sur le Liban, Aya Majzoub, a fait valoir dans un tweet qu'"il ne s'agit pas des droits des détenus, mais d'un seul d'entre eux, Badri Daher, (ancien) chef des douanes", affilié au Courant patriotique libre, CPL aouniste. Mardi, plusieurs députés du CPL ont rencontré le chef du CSM pour discuter du cas Daher.

Rima Zahed, sœur de la victime Amine Zahed qui était employé au port, a affirmé à L'OLJ que le ministre sortant de la Justice n'avait "rien su depuis deux ans concernant notre dossier, et s'est réveillé maintenant pour le saboter".

Près de deux ans après la tragédie, l'enquête est toujours bloquée par de multiples manœuvres politiques en raison des différentes plaintes déposées contre le juge Bitar, notamment par les députés Ghazi Zeaiter, Ali Hassan Khalil et l'ancien ministre des Travaux publics Youssef Fenianos - qui sont tous suspects dans l'enquête et ont fait l'objet de mandats d'arrêt. Malgré cela, MM. Zeaiter et Khalil ont été élus au Parlement en mai 2022.

Le ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, qui est proche du président du Parlement, Nabih Berry, a été, lui, accusé d'entraver l'enquête en ne signant pas les décrets de nominations judiciaires, qui sont bloquées depuis plusieurs mois pour des raisons politiques, ce qui a mis l'enquête en suspens.

Des proches de victimes de l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth ont manifesté mercredi soir devant le domicile du ministre sortant de la Justice Henri Khoury à Hazmieh, dénonçant la décision prise la veille par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) de nommer un juge d'instruction suppléant dans l'enquête sur le drame."Vous assassinez la loi, ils sont en train de tuer...