Des proches des victimes du 4 août 2020 rassemblés devant le port, 25 mois après le drame

Pour marquer le 25e mois depuis la catastrophe, des proches de victimes de l'explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth se sont rassemblés dimanche après-midi devant la statue de l'Émigré, en face des silos à blé dont des pans entiers se sont effondrés à plusieurs reprises. Comme ils le font chaque 4 du mois depuis la tragédie qui a secoué à jamais le Liban, les dizaines de manifestants ont réclamé justice pour les plus de 220 victimes que la déflagration a tuées, ainsi que pour les quelque 6.500 blessés qu'elle a causés.

À 18h07, au moment précis du drame, les manifestants ont observé une minute de silence. Certains portaient les portraits de leurs proches fauchés par l'explosion.

"L'explosion au port a secoué tout le monde, mais pas vous. Elle n'a pas atteint vos trônes, ni vos fauteuils : elle vous y a même maintenus", a lancé l'un des manifestants en s'adressant à la classe dirigeante. Dans une vidéo publiée sur son compte Twitter par le journaliste Salman Andary, on voit l'homme poursuivre : "Vous êtes ceux qui vivez sur le sang des innocents et les cris des mères, des enfants, des pères et des veuves".

Dans la journée de samedi, une polémique avait opposé le ministre sortant de l'Environnement Nasser Yassine à la députée issue de la contestation Najat Aoun Saliba, cette-dernière dénonçant l'"absence de plan" des autorités pour lutter contre les incendies répétés qui consument les silos du port. En réponse, M. Yassine a rappelé que les opérations de refroidissement des silos et le retrait des décombres ont débuté "il y a neuf jours", invoquant un plan du ministère à ce sujet. Il a appelé la députée Saliba à consulter ce plan, assurant être "ouvert à la coopération constructive".

Le groupe de députés auquel appartient Mme Saliba a également déclaré samedi, suite à une réunion, que le futur président devrait imposer la reprise de l'enquête sur l'explosion et la protéger de toute intervention politique, alors que le Liban est en période d'élection présidentielle pour élire un successeur à Michel Aoun, dont le mandat prend fin le 31 octobre prochain. 

Plus de deux ans après le 4 août 2020, l'instruction de cette affaire est suspendue en raison des nombreuses demandes de révocation du juge en charge, Tarek Bitar, par de hauts responsables politiques convoqués pour interrogatoire ou faisant l'objet de poursuites.