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Politique - Liban-Sud

En tournée avec la Finul à la veille de la prorogation de son mandat

« Notre force, c’est notre neutralité et notre impartialité », affirme le général Lazaro, commandant en chef des Casques bleus.

En tournée avec la Finul à la veille de la prorogation de son mandat

Des véhicules de la Finul en patrouille le long de la frontière sud, près de Khiyam, le 30 août 2022. Mahmoud Zayyat/AFP

Il faut se rendre au Liban-Sud, le long de la ligne bleue, pour mieux comprendre la situation entre le Liban et Israël. Devant les tonneaux peints en bleu de la Force intérimaire des Nations unies, qui marquent ce que les Casques bleus appellent « la ligne de retrait des troupes israéliennes », une délégation du conseil de l’ordre des rédacteurs a pu constater sur place qu’il n’y a pas d’indices visibles d’escalade prochaine entre les deux camps. Elle a pu aussi voir de près les fortifications israéliennes et l’utilisation d’une technologie de pointe de surveillance le long de la ligne bleue. Des mesures qui montrent que les Israéliens sont en état d’alerte maximale, alors que du côté libanais, la vie poursuit son cours.

À l’occasion de la prorogation par le Conseil de sécurité du mandat de la Finul, qui a eu lieu hier, cette tournée à Naqoura et le long d’une partie de la ligne bleue a permis à la délégation de journalistes menée par Joseph Kossaïfi de mieux définir les rôles de chaque partie présente dans cette zone sensible. Un débat avec le commandant en chef de la Finul, le général Aroldo Lazaro a été organisé, suivi d’un exposé sur le rôle et le mandat des Casques bleus et ensuite d’un briefing sur le terrain, à Labbouné plus exactement, à quelques mètres d’une position israélienne entourée de grillages électroniques, de radars et du fameux mur construit au cours des dernières années, qui s’élève en hauteur pour empêcher tout risque d’infiltration à partir du Liban.

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Au QG de la Finul à Naqoura, la première impression du visiteur peut être trompeuse. Le lieu paraît paradisiaque, surtout en cette fin d’été, mais ici, la guerre n’est jamais bien loin. Les personnes changent, les missions se terminent, officiers et soldats se succèdent et la Finul demeure, avec un mandat qui se modifie un peu dans les détails mais qui reste le même dans les grandes lignes depuis sa création en 1978 : contribuer à préserver le calme et la stabilité à la frontière sud du Liban. Entre 1978 et 2000, date du retrait des troupes israéliennes et de la création de la ligne bleue, l’expérience n’avait pas été très concluante, car les agressions israéliennes s’étaient succédé. De même, après 2000, il y a eu la guerre de 2006 qui s’est terminée par l’adoption de la résolution onusienne 1701, toujours en vigueur actuellement. L’actuel commandant en chef de la Finul affirme d’ailleurs que depuis 2006, la zone connaît sa plus longue période de stabilité. Selon lui, la principale mission des Casques bleus est de préserver la cessation des hostilités décidée à travers la résolution 1701 et de créer les conditions nécessaires pour qu’elle se transforme en cessez-le-feu permanent, qui ouvre la voie à une opération politique et diplomatique. Selon lui, une solution est possible, mais ce n’est pas la Finul qui en détient les clés, mais les parties impliquées dans le conflit. La Finul n’est donc qu’un instrument. Au total 47 États contribuent à cette force qui représente aussi l’engagement de la communauté internationale dans le maintien de la stabilité entre le Liban et Israël. « Nous sommes là pour faciliter le dialogue », explique le général Lazaro. « Nous ne cherchons à ménager personne et notre force c’est notre neutralité et notre impartialité. »

Actuellement, la Finul compte près de 10 000 membres qui se déploient dans une région précise, autour de la ligne bleue laquelle s’étend sur près de 120 Km. Mais sur cette ligne fictive qui n’est pas la frontière entre le Liban et Israël, il y a encore du côté libanais près de 13 points litigieux qui représentent presque la moitié de la ligne. Dans les zones qui font l’objet d’un accord entre les deux parties, la Finul installe des tonneaux bleus visibles de loin, pour marquer les limites à ne pas franchir des deux côtés. Au total, 2 072 tonneaux ont été installés jusqu’à présent. Il y a bien sûr des infractions, tantôt des bergers ou des agriculteurs ou de simples curieux, sans parler d’éventuelles missions de reconnaissance. Une commission tripartite créée à cet effet se réunit dans un lieu précis, toutes les 6 semaines, pour empêcher la situation de dégénérer en affrontement.

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Le général Lazaro précise que le mandat de la Finul ne porte nullement sur la frontière maritime et la force internationale se contente d’accueillir les délégations qui mènent un dialogue indirect dans une salle édifiée spécialement pour cela, à proximité de celle où se déroulent les réunions de la commission tripartite. Cette salle accueillera-t-elle bientôt les délégations libanaise et israélienne et le médiateur américain Amos Hochstein ? La discrétion est de mise.

La Finul coordonne donc son action avec l’armée libanaise et mène des patrouilles conjointes avec elle. Selon la résolution 1701, 15 000 soldats libanais devaient être déployés dans la zone d’action de la force onusienne, mais, pour des raisons liées au rôle accru de l’armée à la frontière et à l’intérieur du pays, ce chiffre est loin d’être atteint. À ce sujet, il faut préciser que la Finul n’est pas obligée d’effectuer des patrouilles avec l’armée, mais elle doit informer cette dernière de ses déplacements. Des incidents se produisent parfois avec les habitants, mais ils sont rapidement circonscrits. « La Finul tient à renforcer ses relations avec les habitants de la région. Elle a besoin de leur soutien, car sans cela, elle ne peut pas accomplir la mission qui lui est dévolue. C’est pourquoi elle cherche à renforcer les liens de confiance et de respect avec les habitants », déclare le général Lazaro. Elle n’hésite pas à tenir des rencontres avec les municipalités de la région, qu’elles soient ou non proches du Hezbollah. D’ailleurs, avant de venir au Liban, les volontaires militaires suivent une formation pour mieux comprendre la situation et comment traiter avec les habitants locaux.

Concernant la force navale de la Finul, chargée en principe de déceler les cargaisons d’armes ou de produits dangereux qui pourraient arriver au Liban et en particulier le cas du nitrate d’ammonium arrivé au port de Beyrouth en 2013 et qui a fini par exploser le 4 août 2020, le général Lazaro répond que ces forces avaient détecté la cargaison de nitrate d’ammonium et alerté à ce sujet les autorités compétentes. Mais la Finul n’a pas de mandat pour arrêter une cargaison et ce n’est pas elle qui délivre les autorisations. De plus, son mandat est placé sous le signe du « chapitre 6 » et non du « chapitre 7 » qui autorise l’usage de la force. La Finul a d’ailleurs été interrogée à ce sujet par le juge d’instruction chargé de l’enquête.

Il faut se rendre au Liban-Sud, le long de la ligne bleue, pour mieux comprendre la situation entre le Liban et Israël. Devant les tonneaux peints en bleu de la Force intérimaire des Nations unies, qui marquent ce que les Casques bleus appellent « la ligne de retrait des troupes israéliennes », une délégation du conseil de l’ordre des rédacteurs a pu constater sur place...

commentaires (3)

Le Hezbollah a détruit le pays ….

Eleni Caridopoulou

18 h 01, le 01 septembre 2022

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Commentaires (3)

  • Le Hezbollah a détruit le pays ….

    Eleni Caridopoulou

    18 h 01, le 01 septembre 2022

  • Fi-nul aktar min hayk?

    Wlek Sanferlou

    17 h 30, le 01 septembre 2022

  • Cette déclaration du Général Lazaro est une percée significative, pour les victimes. Puisqu'il a confirmé que l'ONU était au courant, ce qui revient à dire que les grandes puissances savaient et n'ont rien fait !

    Céleste

    09 h 25, le 01 septembre 2022

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