Bons baisers de…

Du temps des parents, on voyageait… eh bien, tout simplement pour voyager. Voir du pays, se changer les idées, vivre des expériences pseudo-exotiques, manger des nourritures inhabituelles, etc. Bien sûr, de temps en temps, on prenait quelques clichés de l’heureux couple au bord d’un bateau de plaisance ou devant un monument archi-connu, du genre Big Ben ou Taj Mahal. Il arrivait aussi qu’on envoie une carte postale libellée « Bons baisers de la Place Rouge » à la cousine vieille fille pour conjurer son supposé mauvais œil…

C’était tout.

Aujourd’hui, vous êtes réveillée en sursaut à trois heures du matin par la fille du propriétaire du générateur de votre quartier laquelle, bourrée de (vos) sous, vous signale sur Facebook qu’elle a été « repérée » à l’aéroport de Beyrouth en partance pour Istanbul. Vous vous sentez l’âme d’un commissaire Maigret en filature internationale pour capturer un dangereux cambrioleur de bijoux.

Avouez aussi que c’est entièrement de votre faute. Vous avez eu la faiblesse d’accepter la Friend request de la demoiselle, trop terrorisée que vous étiez à l’idée des représailles « électriques » de son père, un malabar terrifiant auquel vous souriez lâchement en le payant tous les mois, en dépit de ses factures de plus en plus mirobolantes.

C’est ainsi que vous avez droit, plusieurs fois par jour, aux poses avantageuses de la péronnelle tantôt sur le pont d’un bateau sur le Bosphore, tantôt devant les palais de la ville, tantôt devant la devanture d’un bijoutier du Grand Bazar, sans compter des lieux plus glamour, probablement repérés dans les feuilletons turcs en vogue qu’elle suivait religieusement. Et je vous fais grâce des commentaires niais qui accompagnent les posts, limite du genre « Merci au sultan Abdel Majid pour ce beau palais ! »

Ce qui ne vous empêche pas de liker. Mielleusement.

Que ne ferait-on pour quelques heures de courant ?