
Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, lors d'une conférence de presse. Photo d'archives AFP
Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, a affirmé être prêt à soutenir un candidat à la présidentielle autour duquel il y aurait une entente, estimant être incapable de "faire parvenir le représentant le plus fort des Chrétiens" à la tête de l'État et brandissant la menace d'un retrait de la désignation de Nagib Mikati, qu'il a accusé de ne pas vouloir former un nouveau gouvernement.
Dans un entretien publié mardi par le quotidien al-Akhbar proche du Hezbollah, le député de Batroun et gendre du chef de l'État a également indiqué qu'il refusait qu'un cabinet chargé uniquement d'expédier les affaires courantes depuis le 22 mai exerce les fonctions du président Michel Aoun en cas de vacance à la fin du sexennat le 31 octobre prochain.
"La vacance présidentielle est une option évoquée et possible, mais cela ne doit pas se produire", a mis en garde M. Bassil. "Nous sommes prêts à nous entendre sur un candidat pour éviter le vide. Le pays ne peut pas supporter de vacance même si cela nécessite qu'on laisse tomber nos droits, en tant que CPL qui constitue le groupe parlementaire le plus grand, ainsi que notre droit en vertu du pacte (national)", a-t-il expliqué. "Vu que nous sommes incapables, dans les circonstances actuelles, de faire parvenir (à la présidence) le représentant le plus fort des Chrétiens, nous acceptons d'y renoncer pour soutenir un président autour duquel il y aurait une entente", a-t-il dit.
"Nous provoquerons un grand problème"
Le chef du CPL a également fait savoir que "les discussions au sujet de la présidentielle ont été entamées avec le Hezbollah, sans que des noms de présidentiables ne soient jusque-là évoqués". "Pour nous, l'une des qualités les importantes est que le chef de l'État soit représentatif", a-t-il poursuivi, notant que trois options se présentent. La première option, qui est "idéale", serait un "président doté d'une représentativité que personne ne peut lui ôter". La deuxième, "qui n'est pas très bien accueillie, mais que nous accepterons vu que la situation est critique et pour éviter la vacance", consiste à "céder notre représentativité pour soutenir un candidat", notant que ce "renoncement serait temporaire et pourrait être révoqué". "Nous refusons un candidat qui n'est pas représentatif et qui n'est pas soutenu par une personne représentative", a-t-il souligné.
Interrogé au sujet d'un soutien éventuel au chef des Marada Sleiman Frangié, M. Bassil a estimé "ne pas trouver de motifs pour convaincre les Libanais de le soutenir", assurant toutefois ne pas avoir de problème avec lui au niveau personnel.
Commentant le dossier gouvernemental, le chef du CPL a soutenu que "Nagib Mikati a consciemment agi de sorte à ne pas former de gouvernement". "Il s'est rendu chez le président et lui a présenté une mouture en demandant le remplacement de trois ministres proches du camp présidentiel, alors qu'il sait que M. Aoun ne l'acceptera pas", a-t-il ajouté. "Le gouvernement sortant de Mikati ne gouvernera pas. Nous n'accepterons pas cela et provoquerons un grand problème dans le pays", a martelé M. Bassil. Avant d'expliquer : "Nous n'accepterons, sous aucune forme, qu'un cabinet sortant, qui ne dispose pas à la base de prérogatives pour se réunir et prendre des décisions, et qui n'est pas de plein pouvoir, prenne la place d'un président de la République ayant tous les pouvoirs".
Pique au tandem chiite
Selon le parlementaire aouniste, M. Aoun "ne veut pas rester au palais de Baabda". "Nous ne voulons pas qu'il reste non plus, cela ne relève pas de notre intérêt", a-t-il poursuivi, notant toutefois qu'il "s'agit d'une première option qu'il ne soutient pas". Plusieurs observateurs redoutent en effet de voir le président s'accrocher au pouvoir, sous prétexte de l’impossibilité pour un cabinet sortant d’exercer les prérogatives du chef de l’État. "La deuxième option serait le retrait de la désignation du Premier ministre et la troisième consiste à former un nouveau gouvernement", a-t-il renchéri en lançant une pique au tandem chiite Amal-Hezbollah, qu'il a appelé à "assumer ses responsabilités" en rappelant que M. Mikati "n'aurait pas été désigné sans leur appui".
Revenant sur le cachet confessionnel que revêt le dossier gouvernemental, Gebran Bassil a estimé que "le bras de fer confessionnel aggravera le problème", ajoutant ne pas avoir joué de rôle dans ce "blocage gouvernemental" et plaidant en faveur de la formation d'un "cabinet politique et non pas de technocrates".
La polémique engendrée par la peur d'une double vacance gouvernementale et présidentielle a récemment pris une tournure confessionnelle, sur fond de tensions grandissantes entre la présidence, fonction réservée à un chrétien maronite, et le Grand Sérail, que doit occuper un musulman sunnite. Deux options ont en effet été respectivement avancées par MM. Mikati et Aoun, sans que les tractations n'avancent : soit le remplacement de deux ministres dans le cabinet sortant, soit l'élargissement de ce cabinet de 24 à 30 ministres en y incorporant six ministres d’État, dans le but de donner à la future équipe une certaine consistance politique.
Frontière maritime
Commentant enfin le litige frontalier avec Israël au sujet du tracé de la frontière maritime, M. Bassil a estimé qu'il existe une "opportunité pour s'entendre avant les élections, qui ne pourrait plus se présenter après". Selon lui, il est de l'intérêt des Israéliens de parvenir à un accord parce que les choses sont différentes", notant que tout retard engendrera des pertes pour Israël vu que "l'équation de la force" ne joue pas en sa faveur, dans une référence aux menaces de son allié chiite, le Hezbollah. Il a enfin noté "ne pas avoir d'autre choix que de soutenir la confrontation et le recours à la force si Israël ne coopère pas".
L'émissaire américain Amos Hochstein a repris les pourparlers indirects entre le Liban est Israël après l'arrivée, début juin, d'une plateforme gazière dans le champ gazier de Karish au large de l'État hébreu, ce qui avait ravivé les tensions avec le Hezbollah. M. Hochstein serait de nouveau attendu à Beyrouth porteur d'une nouvelle proposition, après que des menaces de guerre entre Israël et la milice pro-iranienne se sont dernièrement multipliées.
Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, a affirmé être prêt à soutenir un candidat à la présidentielle autour duquel il y aurait une entente, estimant être incapable de "faire parvenir le représentant le plus fort des Chrétiens" à la tête de l'État et brandissant la menace d'un retrait de la désignation de Nagib Mikati, qu'il a accusé de ne pas vouloir former un...
commentaires (12)
Il sait qu’il N’est plus dans une position influent, principalement dans deux mois ou il seras de plus en plus affaibli. Il tourne sa veste pour un présidentiable consensuel Quelle mascarade ce gendre !!!
william semaan
23 h 24, le 30 août 2022