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Politique - Sécurité

Menaces contre l’ambassade saoudienne : acte isolé ou message à Riyad ?

Ali ben Hachem ben Salmane al-Hajji, un opposant au royaume, affirme que les autorités de son pays menacent ses enfants.

Menaces contre l’ambassade saoudienne : acte isolé ou message à Riyad ?

Le siège de l’ambassade d’Arabie saoudite à Beyrouth. Anwar Amro/archives AFP

« Un acte stupide. » C’est en ces termes que l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Beyrouth Walid Boukhari a commenté sur son compte Twitter les menaces perpétrées à l’encontre de sa mission diplomatique par un opposant au royaume. Il a également cité, dans son message, un vers du poète de l’ère préislamique Maymoun al-Aacha, qui parle d’un animal tentant de casser une pierre, mais qui ne parvient au final qu’à se briser les cornes. M. Boukhari fait référence à l’opposant saoudien Ali ben Hachem ben Salmane al-Hajji, recherché par les autorités de Riyad pour terrorisme et qui a diffusé le 23 août sur les réseaux sociaux un enregistrement audio dans lequel il menace de mener une attaque contre l’ambassade de son pays à Beyrouth et ses employés. Réagissant à cette affaire, le ministre sortant de l’Intérieur Bassam Maoulaoui a appelé à l’ouverture d’une enquête et incité les Forces de sécurité intérieure et la Sûreté générale à « arrêter les personnes impliquées dans cette affaire », leur demandant de lui fournir « une liste des personnes entrées et sorties du Liban durant cette période ». Si l’auteur de ces menaces a indiqué sur son compte Twitter qu’il se trouvait actuellement en Syrie, il a précisé qu’il sera de retour au Liban dans dix jours.

Aiguiser les tensions ?

Fait notable : dans son tweet, le diplomate saoudien se contente d’attaquer la personne de l’opposant qui affiche sur son compte Twitter ses affiliations à l’axe pro-iranien. M. Boukhari s’est ainsi abstenu de s’en prendre à l’Iran ou au Hezbollah, que certains commentateurs politiques accusent de protéger M. Hajji. Ce dernier réside au Liban depuis plusieurs années et a participé à plusieurs événements organisés par des groupes d’opposition saoudiens soutenus par le Hezbollah. La diplomatie saoudienne ne semble donc pas donner une envergure politique à ces menaces. « Il s’agit probablement d’un acte isolé de quelqu’un qui n’a pas mieux à faire », affirme à L’Orient-Le Jour une source proche de l’ambassade saoudienne. Quant au Hezbollah, il n’a, sans surprise, pas commenté l’affaire. « Je ne pense pas que le Hezbollah soit impliqué, et les articles circulants qui accusent le parti d’avoir orchestré cet incident sont tout simplement faux », estime Kassem Kassir, un analyste proche des cercles du parti de Dieu.

L’auteur des menaces parle lui-même d’une initiative personnelle, supposément pour protéger sa famille. Réagissant mercredi soir aux déclarations de M. Maoulaoui, il a affirmé dans un tweet qu’il « se fichait totalement de l’Arabie saoudite, d’Interpol et du ministre libanais de l’Intérieur ». « Les services de renseignements saoudiens ont menacé à plusieurs reprises de tuer mes enfants dans un accident de voiture si je n’arrêtais pas mes activités. Je leur ai communiqué ma réponse dans le message vocal que j’ai envoyé », a-t-il ajouté.

Quant au député de Tripoli Achraf Rifi, réputé proche de Riyad, il se veut plus nuancé dans sa lecture. « On pensait que l’Iran et l’Arabie saoudite se dirigeaient vers une accalmie. Mais cet incident pourrait être une façon de faire pression, voire de saboter les négociations en cours entre les deux pays. Bien entendu, cela peut toujours être une action individuelle aussi. Ce qui est sûr, c’est que cela n’a aucun rapport avec les dossiers libanais locaux, comme l’élection présidentielle », suppute-t-il. Même son de cloche du côté du politologue Karim Bitar, qui estime que ces menaces contre l’Arabie saoudite tranchent avec le climat régional. « La désescalade prévaut dans la région. La réconciliation entre Ankara et Damas semble entamée, les négociations de Vienne progressent depuis que l’Iran a renoncé à certaines de ses revendications et, surtout, le dialogue reprend entre Téhéran et Riyad en Irak. On pourrait donc se demander si ces menaces ne s’inscrivent pas dans le cadre d’une tentative pour aiguiser à nouveau les tensions », s’interroge-t-il.

Les menaces visant l’ambassade saoudienne à Beyrouth interviennent près de quatre mois après le retour au Liban de l’ambassadeur Boukhari, qui avait été rappelé par Riyad fin octobre à la suite d’une crise diplomatique opposant le pays du Cèdre à plusieurs monarchies du Golfe. Le 11 juillet, un dissident saoudien résidant au Liban a été tué et deux de ses frères suspectés du meurtre ont été arrêtés, selon la police libanaise. Une source de sécurité avait alors indiqué à l’AFP qu’il s’agissait du dissident Maneh al-Yami.

« Un acte stupide. » C’est en ces termes que l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Beyrouth Walid Boukhari a commenté sur son compte Twitter les menaces perpétrées à l’encontre de sa mission diplomatique par un opposant au royaume. Il a également cité, dans son message, un vers du poète de l’ère préislamique Maymoun al-Aacha, qui parle d’un animal tentant de casser...

commentaires (2)

Et qu’elle va être la response a ces menaces? Les saoudiens prendront ils leur jambes à leur cou et iront se réfugier dans leur royaume, comme ils ont toujours fait? ou tiendront ils, droits et forts pour affronter les terroristes qui les pourchassent dans tous les pays où ils ont encore ne serait-ce qu’une petite influence pour les affronter sans trembler. Ils sont en position de force depuis un certain temps et hésitent à profiter de la situation pendant que leurs ennemis de toujours affaiblis et aux abois, fanfaronnent et menacent pour tester leur résistance et leur courage.

Sissi zayyat

12 h 25, le 27 août 2022

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Commentaires (2)

  • Et qu’elle va être la response a ces menaces? Les saoudiens prendront ils leur jambes à leur cou et iront se réfugier dans leur royaume, comme ils ont toujours fait? ou tiendront ils, droits et forts pour affronter les terroristes qui les pourchassent dans tous les pays où ils ont encore ne serait-ce qu’une petite influence pour les affronter sans trembler. Ils sont en position de force depuis un certain temps et hésitent à profiter de la situation pendant que leurs ennemis de toujours affaiblis et aux abois, fanfaronnent et menacent pour tester leur résistance et leur courage.

    Sissi zayyat

    12 h 25, le 27 août 2022

  • No comment

    Eleni Caridopoulou

    19 h 09, le 26 août 2022

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