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Culture - Rencontre

Mirjam Barakar : « Je planterai un jardin pour les danseurs libanais »

À l’invitation de l’ambassade de Suisse au Liban, Mirjam Barakar, danseuse suisse qui mêle la danse orientale à la danse contemporaine, offrira trois jours de formation à Beyrouth et dans la région du Chouf.

Mirjam Barakar : « Je planterai un jardin pour les danseurs libanais »

Mirjam Barakar, une danseuse et chorégraphe suisse qui mélange le mouvement oriental au contemporain. Photo DR

Enseignante basée à Zurich, Mirjam Barakar travaille comme danseuse indépendante et chorégraphe. Après sa formation de base de professeur de ballet classique (système Vaganova) au Ballet Center Gerda von Arb, elle s’installe à Gênes, en Italie, et devient membre de la Compagnie Kaleidodanse pendant trois ans. C’est au sein du groupe de danse folklorique égyptienne de Khaled Seif à Zurich qu’elle est initiée à la danse orientale. En 2016, Mirjam Barakar complète sa formation en tant que professeur de danse orientale (AATEC) à Madrid avec la célèbre danseuse Nesma al-Andalus. Pendant ce temps, elle danse au sein de la compagnie de Nesma « Al-Andalus » dans la production des Danses d’Égypte du célèbre chorégraphe égyptien Mahmoud Reda. Mirjam Barakar est l’une des premières danseuses à ouvrir la danse orientale aux créations de danse contemporaine. De passage au Liban, elle offre trois jours d’une formation intitulée « Body in Infinite Motion », aux intéressés à Beyrouth et dans le Chouf. Elle répond aux questions de L’Orient-Le Jour.

« Ici je serai professeur de danse et élève à la fois », déclare Mirjam Baraka ». Photo DR

Parlez-nous de votre enfance et de vos diverses formations pour atteindre ce niveau professionnel de danse.

Je suis née en Suisse en 1975. C’est à l’âge de trois ans que j’ai fait mes premiers pas de danse devant le poste de télé de mes parents sur une mélodie que je n’oublierai jamais. Cette image est restée dans ma mémoire. J’adorais danser. À l’âge de 6 ans, mes parents m’ont inscrite dans une école de danse. Le déclic a eu lieu à l’âge de 16 ans, alors que je travaillais dans un théâtre. Pour la première fois, je rencontrais des personnes qui avaient choisi la danse comme profession. Ce qui était jusqu’alors une passion, un hobby, pouvait être le chemin que je pouvais prendre pour une carrière. Cette rencontre m’a ouvert les yeux et insufflé le courage d’essayer par moi-même. Après avoir accompli une formation de danse classique, je suis partie pour l’Italie rejoindre la compagnie Kaleiododanse de deux chorégraphes dont le style me fascinait : Giovanna la Vecchia et Dario Greco. C’était sans compter les conditions difficiles en Italie pour gagner sa vie en tant que danseuse. Au bout d’un moment, j’ai décidé de rentrer chez moi en Suisse pour entreprendre une carrière en solo et donner des cours de danse.

Comment la danse orientale a-t-elle fait intrusion dans votre vie ?

La danse orientale est arrivée par hasard dans ma vie, mais l’engouement a été immédiat, c’était comme tomber amoureuse au premier regard. C’est un professeur de danse égyptien qui m’a appris les premiers pas, en me reprochant constamment mon manque de souplesse et ma rigidité… Après un certain temps, il m’a intégrée dans son groupe de folklore égyptien qui faisait des tournées en Europe ; en Suisse évidemment, mais aussi en Allemagne et en Autriche. À cette période, la danse orientale avait la cote et tout le monde voulait s’essayer au déhanchement. Subrepticement et sans que je m’en rende compte, la danse contemporaine et la danse orientale ont fusionné. Et délibérément, j’ai décidé de continuer sur cette voie fusionnelle. J’avais, concernant la culture du Moyen-Orient, une insatiable curiosité qui me poussait à continuer, à aller toujours au fond des choses. D’une part, je suis une amoureuse des traditions et d’autre part, le côté expérimental m’a toujours attirée. Mon travail est de construire des ponts entre la tradition et la modernité en préservant la grâce et la beauté et en veillant toujours à la présence de l’âme. Car c’est par elle que vous dansez.

Un mentor ? Un professeur en particulier ? Les danseurs ou danseuses qui vous ont marquée ? Vos influences ?

J’ai beaucoup appris de mes professeurs de danse orientale, Khaled Seif et Nesma en Espagne. Sinon j’aime particulièrement les danseuses Nesrin Topkapi et Naima Akef. Après, c’est difficile, la liste des artistes qui m’inspire est énorme… Mais mes plus grandes inspirations restent le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord avec les sons, les odeurs, les couleurs, les goûts et tout ce que je suis capable de capturer avec mes 7 sens .

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Qu’est-ce que vous attendez de la danse ? Qu’est-ce qu’elle vous apporte ?

La danse est un outil très puissant, elle est génératrice de joie, surtout les danses folkloriques. Elles ont le pouvoir magique de vous transporter dans une autre dimension. La danse est un langage universel du corps qui établit une connexion avec l’âme. À charge des danseurs d’en user correctement. Personnellement, je suis consciente de la grande valeur de la danse et il est de mon devoir de donner accès à cette pratique, de proclamer et d’insister sur l’importance fondamentale de cet art, le plus ancien dans l’histoire de l’humanité. Je me considère un peu comme l’une de ses ambassadrices.

Qu’est-ce que la danse orientale a de plus que la danse occidentale ?

La danse orientale traditionnelle est faite pour les femmes. C’est une danse qui traduit l’amour pour le corps féminin dans tous ces aspects. Comme une déclaration d’amour. Elle a l’avantage sur la danse occidentale de la spontanéité, car elle offre la possibilité d’improviser librement sur la musique. Elle fait toujours partie des fêtes familiales et les femmes, depuis leur enfance, ont une approche naturelle à la danse. Il y a aussi dans cet art une reconnaissance d’un moment où l’âme entre en contact avec le divin (le tarab). Le public et l’artiste se retrouvent alors dans un moment privilégié. Contrairement à la danse orientale qui fait partie du quotidien des sociétés orientales, dans beaucoup de pays d’Occident (hormis l’Espagne et la Grèce), la danse a perdu de son importance et a disparu de la vie de tous les jours. Les gens n’y ont plus accès d’une façon naturelle. Elle est devenue plus cérébrale. On travaille durant des années la technique, mais on ne sait plus utiliser un vocabulaire plus simple, en connectant l’âme à la musique pour atteindre la magie du moment. C’est clair que la technique est importante, mais les autres aspects devraient avoir la même importance. Sauf que le secret de la danse orientale ne s’apprend pas …

Dans quel état d’esprit êtes-vous pour cette expérience libanaise ?

Je suis très reconnaissante à l’ambassade suisse au Liban (initiatrice de cet événement) de me permettre de vivre cette expérience et de me confronter aux danseurs d’ici. Le Liban est aussi pour moi une source inspiration. Ici, je serai professeur de danse et élève à la fois. Désireuse d’apprendre et de me nourrir de la culture libanaise, je planterai un jardin pour les danseurs, qui l’enrichiront de leur corps merveilleux.

Calendrier des formations

Le samedi 20 août à Beyrouth : de10h à 14h à Amalgam, Hamra. Le dimanche 21 août au Chouf : de18 h à 21h à Beit Sarmada Batloun. Et le mardi 23 août à Beyrouth à nouveau de 18h à 20h à Amalgam, Hamra. Pour plus d’informations et pour les réservations, contacter : Beirut physical lab au (70) 390 608.

Enseignante basée à Zurich, Mirjam Barakar travaille comme danseuse indépendante et chorégraphe. Après sa formation de base de professeur de ballet classique (système Vaganova) au Ballet Center Gerda von Arb, elle s’installe à Gênes, en Italie, et devient membre de la Compagnie Kaleidodanse pendant trois ans. C’est au sein du groupe de danse folklorique égyptienne de Khaled Seif à...

commentaires (1)

Aurait elle des conseils pour une danse gracieuse pour une échappée en catimini hors du pays? Que ce soit physiquement ou, encore mieux, spirituellement...

Wlek Sanferlou

14 h 59, le 20 août 2022

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Commentaires (1)

  • Aurait elle des conseils pour une danse gracieuse pour une échappée en catimini hors du pays? Que ce soit physiquement ou, encore mieux, spirituellement...

    Wlek Sanferlou

    14 h 59, le 20 août 2022

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