Aoun accuse les juges de se "dérober" à des poursuites contre Riad Salamé

Le président libanais, Michel Aoun, a accusé mardi des juges de vouloir se dérober à des poursuites contre le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, objet de plusieurs enquêtes au Liban et en Europe pour soupçons de corruption. Le patron de la BDL, bête noire du chef de l'État, est également tenu par une frange des dirigeants et de la population comme étant en partie responsable de la grave crise économique et financière dont souffre le pays depuis 2019.

"Soulevez-vous pour votre dignité et n'ayez pas peur de l'injustice des personnes ayant du pouvoir. Faites face à ceux qui entravent l'enquête visant la Banque centrale et l'explosion au port de Beyrouth", a affirmé le président Aoun devant des magistrats qu'il a reçus mardi au palais de Baabda.

"Depuis le 9 juin dernier, les juges se dérobent à leur responsabilité de poursuivre, selon les normes, le gouverneur de la Banque centrale dans des crimes financiers graves", a accusé le chef de l'État, en référence à une date d'audience de Riad Salamé, un interrogatoire auquel il ne s'était jamais présenté. "J'appelle les juges à se libérer totalement de toutes les menaces et intimidations (...)", a-t-il encore dit.

La procureure générale près la Cour d'appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, proche de M. Aoun, a Riad Salamé dans son viseur. Elle a effectué plusieurs descentes à sa recherche, mais il refuse de se présenter devant la magistrate. Ces actions ont tourné à l'imbroglio, les détracteurs de la juge l'accusant de populisme et d'agir pour le compte du président de la République.