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Nos Lecteurs ont la Parole

L’insulte

Le temps guérit toutes les blessures. Le temps qui passe guérit absolument toutes les blessures. Oui, peut-être.

Mais pas celle-là, pas celle du 4 août 2020.

C’est une blessure qui ne guérit pas, qui ne cesse de s’infecter et qui ne guérit pas. Et c’est une blessure qui fait toujours aussi mal.

Avec chaque nouveau stratagème politique pour mettre des bâtons dans les roues au juge Bitar, la blessure s’infecte.

Avec chaque nouvelle décision concernant ce qu’il reste des silos, la blessure s’infecte.

Avec chaque minute qui passe sans réponses, sans nouvelles, la blessure s’infecte.

Le temps guérit toutes les blessures ? Peut-être ailleurs oui, mais pas au pays du Cèdre et des Cendres.

Pas au pays où tout va pour le mieux, tant que tout le monde parle de X mais pas de Y, car on refuse d’admettre qu’ils étaient tous au courant et qu’ils sont tous responsables et coupables.

Pas au pays où mieux vaut continuer à donner de la force à la même élite pourrie et à sa progéniture que de donner une chance aux nouvelles voix.

Pas au pays pris en otage par une milice armée qui protège la mafia politique, et qui n’est démocratique qu’illusoirement.

Au pays du Cèdre et des Cendres, le temps ne guérit pas les blessures, le temps est une injure de trop faite à la mémoire des victimes. C’est une insulte à ceux qui ont survécu et qui se battent chaque jour au nom de la vérité et de la justice. C’est une insulte pour les blessés de ce jour terrible, qui n’arriveront à avancer que le jour où justice sera faite. C’est une insulte pour tous les amoureux de Beyrouth, ceux qui innocemment se pensaient en sécurité avant que l’impensable n’ait lieu. Ceux qui malgré les sourires depuis, car (mal)heureusement la vie continue, marchent le cœur lourd et l’âme blessée.

Mais ça ne m’étonne qu’à moitié, car les injures faites par le temps c’est une histoire que l’on ne connaît que trop bien. Après tout, les blessures de la guerre font la taille du monde qui porte ce pays, et elles saignent encore. Alors comment guérir de celles que nous avons aujourd’hui si nous n’avons jamais guéri des anciennes ? Comment rendre justice aux victimes de ce jour terrible lorsqu’on n’arrive toujours pas à rendre justice aux victimes des atrocités de la guerre en écrivant enfin l’histoire ? Et il faut l’écrire cette histoire pour aller de l’avant, pour arrêter de répéter les mêmes erreurs, réélire les mêmes et refuser le changement à cause des mêmes raisons obsolètes.

Le temps guérit toutes les blessures ? Certainement, mais pas celle-là. Le temps qui passe est ici une insulte faite à la mémoire des victimes, à ceux qui ont survécu, aux amoureux de ce pays qui l’ont quitté pour ne pas arrêter de l’aimer, et enfin à nous toujours là mais pas vraiment.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

Le temps guérit toutes les blessures. Le temps qui passe guérit absolument toutes les blessures. Oui, peut-être. Mais pas celle-là, pas celle du 4 août 2020. C’est une blessure qui ne guérit pas, qui ne cesse de s’infecter et qui ne guérit pas. Et c’est une blessure qui fait toujours aussi mal. Avec chaque nouveau stratagème politique pour mettre des bâtons dans les roues au juge...

commentaires (1)

Malheureusement le pays n’existe pas , c’est un protectorat iranien ???

Eleni Caridopoulou

19 h 49, le 08 août 2022

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Commentaires (1)

  • Malheureusement le pays n’existe pas , c’est un protectorat iranien ???

    Eleni Caridopoulou

    19 h 49, le 08 août 2022

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