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Société - Port de Beyrouth

Quatre jours avant l’anniversaire du 4 août, les silos s’effondrent partiellement

Nombre d’habitants des quartiers limitrophes du port sont toujours traumatisés, mais la plupart d’entre eux n’ont ni entendu ni senti l’effondrement de la structure.

Quatre jours avant l’anniversaire du 4 août, les silos s’effondrent partiellement

Les silos du port de Beyrouth, après leur effondrement partiel, dimanche. Photo Matthieu Karam

On s’y attendait depuis plusieurs jours déjà, alors qu’un incendie consumait depuis des semaines le blé et le maïs qui s’y trouvent toujours : une partie du bloc nord des silos de Beyrouth s’est effondrée hier en fin d’après-midi, à quatre jours du deuxième anniversaire de la double explosion du 4 août 2020, dans laquelle les réservoirs à blé avaient été lourdement endommagés. Après l’écroulement de quatre cylindres situés dans la partie nord de l’infrastructure, selon l’ingénieur français Emmanuel Durand, qui s’est porté volontaire pour rejoindre une équipe d’expert commissionnée par le gouvernement libanais interrogé par notre publication sœur L’Orient Today, un énorme nuage de poussière s’est dégagé de la zone.

Selon un des responsables des pompiers de Beyrouth, à qui il revenait de surveiller l’infrastructure, de gros blocs de béton ont tout d’abord commencé à se détacher et sont tombés à terre dans un grand fracas de pierres et de ciment durant au moins une demi-heure. « C’est à partir de là que nous avons compris que l’effondrement était imminent », raconte-t-il à L’Orient-Le Jour. L’impact du nuage de poussière n’a, lui, été ressenti que durant 10 à 15 minutes, précise-t-il.

Un porte-parole de la Défense civile a déclaré à L’Orient Today qu’un périmètre de sécurité d’un diamètre de 500 à 650 mètres autour du port a été établi, avec l’armée libanaise, la Croix-Rouge, la Sûreté générale et les pompiers, afin d’empêcher à toute personne de s’en approcher. La poussière soulevée par l’effondrement reste « contenue et éloignée des quartiers résidentiels », a ajouté le porte-parole, qui souligne qu’il est jusqu’à présent compliqué de savoir exactement quelle partie de la structure est tombée, en raison de l’opacité de ce nuage de poussière. Certains médias ont fait état de l’effondrement de deux tours. Par ailleurs, des hélicoptères de l’armée ont été mobilisés hier pour asperger la structure d’eau, afin de réduire l’impact de la poussière dans l’air. Pour la plupart des experts, l’effondrement, du moins sur la partie nord des silos, est appelé à se poursuivre (voir par ailleurs).

Nelson Sumbulian habite à Mar Mikhaël. Il n'a rien entendu ni senti, quand les silos se sont partiellement effondrés. Photo Matthieu Karam

Entre lassitude et panique

Dans les quartiers résidentiels à proximité, ceux qui avaient été le plus affectés par la catastrophe deux années plus tôt, nombreux sont ceux qui n’ont même pas senti ou entendu l’effondrement. Mais, pour d’autres, la chute d’une partie des silos a réveillé les fantôme du 4 août 2020.

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Selon notre journaliste présent dans le quartier de Gemmayzé, proche du port, la plupart des habitants n’ont rien entendu au moment de cet effondrement partiel, ou bien seulement « deux bruits sourds ». Nelson Sumbulian, la soixantaine, qui habite à Mar Mikhaël en face du port, affirme lui aussi n’avoir « rien senti », alors même qu’il se trouvait sur son balcon. Ce n’est qu’après avoir appris à la télévision ce qu’il s’était passé, qu’il a vu de la fumée et une partie de la structure de béton qui s’est écrasée dans la mer. « Je vais mettre un masque et, si la situation s’aggrave, je fermerai les fenêtres », confie-t-il, un peu blasé, à un de nos journalistes sur place, alors même que des pompiers distribuaient des masques dans le quartier.

En apprenant l’effondrement partiel des silos, les passants dans les quartiers limitrophes, majoritairement masqués, se pressaient de rentrer chez eux. Un jeune homme, vivant à Gemmayzé, et qui assure n’avoir rien entendu, rapporte qu’une de ses amies, qui vit dans le quartier adjacent de Mar Mikhaël et a une vue plongeante sur les silos, a été prise d’une crise de panique. « Quand les silos se sont effondrés, elle a fermé les fenêtre, pris son sac, et a quitté immédiatement son appartement », dit-il. Nombre d’habitants des quartiers limitrophes du port sont toujours traumatisés par le drame du 4 août 2020.

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La préservation des silos importe particulièrement aux proches des victimes de cette catastrophe, qui craignent qu’avec la disparition de ce site ne s’étiole la mémoire du drame. Un bras de fer les oppose en effet aux autorités qui ont ordonné la démolition des silos. William Noun, frère du pompier Joe Noun, décédé lors des explosions au port, dénonce une volonté des autorités de « semer la panique » parmi la population, à coups de campagnes de prévention contre l’effondrement des silos. « Ils essaient de faire peur aux gens pour que ces derniers ne participent pas au sit-in prévu pour le deuxième anniversaire des explosions », accuse-t-il. Deux rassemblements sont prévus jeudi prochain à 16h, l’un devant l’immeuble an-Nahar et l’autre devant la caserne des pompiers de Beyrouth. Ces rassemblements devraient converger devant le port, au niveau de la station Charles Hélou. « Nous restons attaché à la préservation de la partie stable des silos. Nous les empêcherons de la démolir, quitte à bloquer le passage aux bulldozers », assure William Noun. Abondant dans le même sens, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Élias Audi, a accusé hier l’État de vouloir « effacer des mémoires tout ce qui rappelle la tragique explosion au port de Beyrouth » et supprimer des « preuves » sur le lieu de cette catastrophe, survenue il y a quasiment deux ans. Lors de son homélie dominicale hier, le dignitaire religieux a réitéré son appel à « unir tous les efforts pour que l’enquête se poursuive et que la vérité soit faite ».

On s’y attendait depuis plusieurs jours déjà, alors qu’un incendie consumait depuis des semaines le blé et le maïs qui s’y trouvent toujours : une partie du bloc nord des silos de Beyrouth s’est effondrée hier en fin d’après-midi, à quatre jours du deuxième anniversaire de la double explosion du 4 août 2020, dans laquelle les réservoirs à blé avaient été lourdement...

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