Le Liban, la Jordanie, l’Irak et la Syrie s’attaquent ensemble au chantier agricole régional

Le Premier ministre désigné Nagib Mikati a reçu hier au Grand Sérail un quatuor de ministres arabes de l’Agriculture à l’occasion d’un premier « sommet » concernant la sécurité alimentaire et visant à poser les bases d’une coopération régionale dans le domaine agricole. À sa table se trouvaient ainsi le ministre libanais Abbas Hajj Hassan et ses homologues irakien Mohammad Karim al-Khafaji, syrien Mohammad Hassan Qatna et jordanien Khaled Hneifat. Dans son discours d’accueil, Nagib Mikati a fait de la sécurité alimentaire une priorité, notamment au vu « des récents événements internationaux ». Une allusion au conflit russo-ukrainien qui a mis un frein aux exportations de céréales de ces deux pays. Il a également appelé « les frères et amis » du Liban à le soutenir « afin qu’il puisse à nouveau jouer un rôle central au sein de la famille arabe ».

« Promouvoir et développer les échanges commerciaux agricoles, accorder les calendriers agricoles de chaque pays, coopérer dans les domaines scientifique, technique et économique, et adopter un plan d’action conjoint pour relever les défis auxquels est confronté le secteur agricole régional (…) », a énuméré le ministre syrien, sont tous des objectifs auxquels cette « coopération quadripartite » pourrait aboutir. Pour sa part, le ministre irakien a annoncé qu’un accord avait déjà été conclu mercredi pour la création d’une « association de commercialisation conjointe » entre les quatre pays afin, entre autres, de « simplifier les procédures d’entrée des marchandises et d’établir des entrepôts frigorifiques ». Assurer la sécurité alimentaire de la région a ainsi été réévalué hier par tous les participants à ce sommet en tant qu’objectif « prioritaire ».

La collaboration entre ces quatre pays au niveau agricole est déjà au beau fixe, notamment entre la Syrie et le Liban qui, après un contact rompu depuis plusieurs années, a repris langue avec son voisin sur fond de crise économique et diplomatique avec l’Arabie saoudite conduisant à un embargo saoudien sur une grande partie des produits libanais agricoles qui perdure depuis plus d’un an. En début d’année, le gouvernement syrien avait par exemple accepté d’augmenter la quantité de bananes importées du Liban en marge de la conférence régionale de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture à Bagdad.