Comme un songe qui laisserait au réveil le souvenir d’un enchantement. Vous nagez dans une eau limpide. Face à vous, sur une île inhabitée, se dressent les ruines d’un temple antique. La brise disperse les échos d’une lyre. Des musiques évanouies et des fêtes anciennes vous reviennent. Tout à coup, devant vos yeux éblouis par le scintillement du soleil sur le mouvement léger des vagues, les pierres s’animent. Marbre blanc sous une cascade d’or pur, gris du calcaire qu’argentent les cristaux de sel déposés par le vent sur les colonnes enlacées de lierre tendre. La mer, irisée de lumière, caresse de tous ses bleus ce rivage solitaire. Parmi les statues que le temps efface, un foisonnement de fleurs sauvages écloses de lignées millénaires ressuscite les jardins oubliés. Le passé que vous contemplez devient présence. Et si tout cela était secrètement vivant ?
Illusions d’optique
Sur le thème, si évident en haute couture, de l’Antiquité gréco-romaine, Azzi & Osta proposent cette saison une variation inédite. Un travail architectural rigoureux, appliqué à la structure des modèles, reflète un parti pris décalé. Géométrie et lignes pures, parfois chahutées par un bouillonnement de tulle, réinterprètent une statuaire à la fois hiératique et mouvante, rigide en apparence, fluide et souple au porter. Tout en illusions d’optique, le travail des textures imite les bas-reliefs des monuments ou la végétation rebelle dont ils émergent. Dans le gazar, le satin ou le crêpe Georgette, déclinés en teintes minérales ou métallisées, se creusent les cannelures d’une colonne où s’arrondissent, en frise, des œufs cosmiques formés au crochet autour de boules en bois. Ici, des éléments de toges, capes majestueuses, drapés sensuels, plissés aériens, s’attachent avec des fibules ou de précieux éléments de passementerie. Là, une puissante cotte de maille en mosaïque de dragées dorées jaillit d’une cascade de gazar blanc. Les reflets d’argent d’un ensemble entièrement pailleté à la main sont une ode à la lune et à Diane, divinité de la nuit. Les lourds galons des épaulettes de César, symboles de puissance, se posent en contraste sur une cape transparente parsemée de romantiques nœuds dorés.
Des ruissellements de paillettes illuminent en se dégradant le flot bleu nuit d’une robe. Des décolletés signatures s’épanouissent en chapiteaux. Des guirlandes de laurier pleuvent en cascades de satin sur le bas d’une robe de bacchante. En métal doré tressé, le laurier couronne aussi une chevelure ou souligne un drapé, accentue une taille. Partout souffle l’esprit des nymphes et des déesses, réunies le temps d’un songe et d’une floralie contemporaine. Le silence des statues est troublant, leur immobilité est grâce. Source d’inspiration inépuisable, le monde antique est aussi rencontre entre mer et lumière, à la croisée du passé et du présent, toujours plaçant la femme au cœur de ses vénérations. Tout dans cette collection Azzi & Osta contribue à dégager, avec un immense respect et une infinie tendresse, la force naturelle du féminin.
Dans le respect du vivant
Georges Azzi et Assaad Osta se sont rencontrés à Esmod Beyrouth en 2004. Entre eux se sont noués un lien étroit et une vision artistique unie fondée sur leur intérêt partagé pour l’histoire, le surréalisme et la science des tissus. Terminant leur formation en tête de leur promotion, ils attirent l’attention d’Élie Saab qui leur propose un stage au sein de ses ateliers. Ils travailleront par la suite directement aux côtés du créateur. Ce n’est que quelques années plus tard, en 2010, qu’ils fondent leur atelier de haute couture éponyme. Aujourd’hui, la marque Azzi & Osta jouit d’un statut de marque de luxe internationale, et couvre aussi bien la haute couture que le prêt-à-porter, le gala et le mariage. La rencontre de Georges et Assaad était quasi prédestinée, les deux créateurs ayant parcouru des chemins parallèles depuis l’enfance. Georges s’est inspiré de sa grand-mère qui était couturière et dont il récupérait, jouant à ses pieds, les chutes de tissu pour réaliser des vêtements de son invention. Assaad, de son côté, passait des heures à regarder sa mère alors qu’elle cousait ses propres vêtements, fasciné par ses gestes dont il retenait les moindres détails. Ces années formatrices ont influencé la façon dont Georges et Assaad abordent leur travail. Grands amoureux des animaux et du vivant, ils ont fondé leur marque sur le respect des personnes et de la planète. Un engagement auquel il leur est impossible de faillir, leurs créations étant résolument dépourvues de plumes, fourrures et souffrances animales.
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