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Environnement - Environnement

À Zouk Mikael, l’élargissement d’un site de stockage de produits pétroliers inquiète

Des habitants, des centres balnéaires et des militants notent le manque de transparence du processus d’obtention des autorisations par la compagnie Liquigas.

À Zouk Mikael, l’élargissement d’un site de stockage de produits pétroliers inquiète

Vue de la côte, à Zouk Mikael, où la centrale électrique de la région côtoie de près des réservoirs de carburant. Photo Marc Fayad

À quelques pas des centres balnéaires et des zones résidentielles de Zouk Mikael, un projet d’élargissement d’une plateforme abritant des réservoirs de carburant fait réagir les habitants de la région, inquiets de la pollution qui pourrait en résulter, ainsi que des risques sécuritaires. Ce site se trouve à quelques pas seulement de la centrale électrique de la région. Opérée par la société de stockage de produits pétrochimiques Liquigas depuis 1967, cette plateforme sert à ravitailler les camions-citernes de la compagnie. Grâce à un décret publié en février dernier, celle-ci a été autorisée à élargir sa plateforme déjà existante, à condition de présenter une étude d’impact environnemental avant de procéder aux travaux. Organisée en juin dernier par la municipalité de Zouk Mikael, une audience publique préalable à la préparation de l’étude d’impact environnemental a mis en relief les nombreuses craintes des habitants de la région. « Nous avons été informés de ce projet il y a un mois. Si la plateforme est agrandie, les bateaux qui y déchargeront leur marchandise seront plus nombreux. Ce qui veut dire que des milliers de litres de pétrole et de produits dérivés y seront stockés, avec un risque accru de fuites à chaque fois qu’un bateau videra son chargement », confie le propriétaire d’un terrain proche de la plateforme. « On craint également que cette structure ne soit transformée en raffinerie de produits pétroliers. De plus, la proximité de la plateforme avec la centrale de Zouk nous fait craindre le pire », confie cet homme qui a requis l’anonymat. Une fois mis en œuvre, le décret permettra à la compagnie d’occuper 38 164 mètres carrés de biens-fonds maritimes, dont 11 464 mètres carrés de terrains remblayés et 26 700 mètres carrés de surface aquatique pour la somme annuelle modique de 252 198 000 livres libanaises (environ 8 500 dollars au taux du marché libre). Josiane Yazbeck, responsable au sein de l’ONG environnementale Terre Liban, dénonce une irrégularité dans le décret. « Ils ont déjà obtenu l’autorisation à condition de faire une étude d’impact environnemental. Or la loi impose d’effectuer l’étude d’impact environnemental avant d’obtenir une autorisation », s’insurge-t-elle.

Un autre détracteur du projet, Maroun Khaouli, coordinateur de l’Union libanaise pour la bonne gouvernance dans les industries extractives, révèle que sa formation s’est réunie hier jeudi avec le ministre de l’Environnement Nasser Yassine afin de contester la tenue des travaux. « Le ministre nous a promis de mettre en place un comité élargi pour l’étude de l’impact environnemental qui inclura des spécialistes et des responsables de sécurité. Certes, la plateforme existe déjà, mais son élargissement voudra dire qu’il y aura de grandes quantités de matières inflammables qui seront stockées », indique M. Khaouli. Sollicité à plusieurs reprises par L’Orient-Le Jour, le ministre de l’Environnement n’était pas disponible pour entretien.

« Traumatisés par les explosions du port »

Contactée par notre journal, Badiha Louis, directrice des opérations chez Liquigas, explique que « le projet consiste tout simplement à aménager un terrain qui sera utilisé pour garer une trentaine de camions-citernes sur les lieux, au lieu d’une dizaine ». « Nous n’avons aucune intention de raffiner du pétrole, d’ailleurs nous n’avons pas les moyens de le faire. Nous n’allons pas rajouter de réservoirs non plus, ni remblayer la mer », ajoute Mme Louis, qui indique que le site abrite déjà dix réservoirs. « Les travaux consistent à construire un préau métallique sous lequel on va garer nos camions. Le décret n’a pas augmenté la surface aquatique occupée, il a uniquement augmenté la surface du terrain sur lequel nous pouvons garer nos véhicules. Il n’y a donc pas de place pour davantage de bateaux », assure-t-elle. « Nous avons toujours été transparents, mais les gens ne veulent pas nous écouter. Nous respectons les standards écologiques et sécuritaires », ajoute Mme Louis.

Ali Hamiyé, ministre des Transports et des Travaux publics, un des signataires du décret, assure pour sa part que le gouvernement avait déjà autorisé l’élargissement de la plateforme bien avant sa prise de fonctions. « La décision a déjà été prise en 2018 par le gouvernement de l’époque. Je n’ai fait que signer le décret qui attendait depuis », indique M. Hamiyé, sans plus de détails. « Je n’ai fait que mon travail et le décret est clair quant à la nature des travaux.

Les motifs de l’occupation du terrain sont les mêmes depuis 1967 », ajoute-t-il.

Contacté, Élias Beaïno, président de la municipalité de Zouk Mikael, minimise les risques et assure que le projet pourrait être bénéfique pour la circulation dans le secteur. « En agrandissant la plateforme, il y aura moins d’embouteillages car les camions-citernes n’attendront plus au bord de la route », avance-t-il. « De toute manière, rien ne va vraiment changer dans le secteur puisque cette structure existe déjà depuis les années 60 », ajoute-t-il.

Les habitants du secteur et propriétaires de centres balnéaires, eux, ne l’entendent pas de cette oreille. Marie Chehwan, avocate du centre balnéaire Solemar, qui est adjacent à la structure, indique qu’un collectif de propriétaires compte présenter un recours devant le Conseil d’État. « Nous allons tenter d’annuler les effets du décret. La compagnie Liquigas ne nous a fourni aucun document sur le projet. Nous ne savons pas vraiment quelle sera la nature des travaux et les autorités gardent le silence. Cette situation nous pousse à nous poser des questions », lance-t-elle. « Nous sommes encore traumatisés par les explosions au port de Beyrouth. Nous avons peur que ce scénario ne se répète. De plus, la plage ne pourra pas supporter plus de pollution, sans oublier que nous allons avoir un va-et-vient de camions et de pollution sonore », ajoute Me Chehwan.

À quelques pas des centres balnéaires et des zones résidentielles de Zouk Mikael, un projet d’élargissement d’une plateforme abritant des réservoirs de carburant fait réagir les habitants de la région, inquiets de la pollution qui pourrait en résulter, ainsi que des risques sécuritaires. Ce site se trouve à quelques pas seulement de la centrale électrique de la région. Opérée...

commentaires (2)

Il faut detruire cette centrale. Gachie de la zone du zouk

eLemeNt19

11 h 38, le 15 juillet 2022

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Commentaires (2)

  • Il faut detruire cette centrale. Gachie de la zone du zouk

    eLemeNt19

    11 h 38, le 15 juillet 2022

  • Si la centrale électrique de Zouk venait à être démantelée comme l’indique le dernier "plan électrique", Liquigaz sera la dernière entité polluante de la région encore en activité, dans une zone devenue forcément touristique…

    Gros Gnon

    03 h 50, le 15 juillet 2022

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