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Lifestyle - LA MODE

Zuhair Murad, une collection haute couture sous l’influence des arts divinatoires

Dans l’univers de la mode comme dans celui du spectacle, la superstition s’est toujours imposée. Zuhair Murad, né sous le signe du Cancer et rescapé de la grande double explosion de Beyrouth, ne fait pas secret de son attirance pour les mystères des astres et leurs auspices. Sa collection haute couture 2023 les célèbre et les interroge.

Zuhair Murad, une collection haute couture sous l’influence des arts divinatoires

Zuhair Murad haute couture 2023. DR

Gabrielle Chanel s’entourait de talismans qui lui procuraient confiance et énergie, le blé, le lion, le camélia, et, bien sûr, la lettre C et le chiffre 5. Christian Dior avait une prédilection pour le 8 et le 13. Le 18 avril 1946, alors qu’il attend un signe du destin pour ouvrir sa maison de couture, il trouve en marchant, rue du Faubourg Saint-Honoré, une étoile tombée de la roue d’un attelage. Le signe de l’étoile sera, toute sa vie, son porte-bonheur. Dans le monde de la mode, ces superstitions sont loin d’être exceptionnelles. Après tout, chacun de nous, consciemment ou pas, possède un vêtement « magique » à porter lors d’un événement décisif, d’un entretien ou d’une rencontre amoureuse. Les stars elles aussi croient à la magie d’une robe qui va provoquer un tournant dans leur carrière, que ce soit sur tapis rouge ou à une occasion plus discrète.

Zuhair Murad n’est pas en reste, à la différence que sa superstition est une véritable grille dont il se sert pour déchiffrer les augures et qui le rassure au moment de prendre des décisions importantes. Après des mois mouvementés, entre l’épidémie de Covid qui a suspendu le temps de la mode et la double explosion au port de Beyrouth qui a emporté ses ateliers, le créateur célèbre dans sa collection haute couture 2023 tous les arts divinatoires, des tarots aux lignes de la main, de l’astrologie aux symboles ésotériques, étoiles, serpents, œil omniscient et protecteur contre la malveillance. Il s’inspire aussi de la fascinante peinture spirite de l’artiste ukrainienne Daria Hlazatova pour introduire dans ses motifs des détails inédits.

Zuhair Murad haute-couture 2023. Photo DR

Complice du cosmos

Des scintillements, des brillances, des fulgurances, des alignements, des astres, des signes, un serpent vertueux. La haute couture est complice du cosmos et de ses bonnes étoiles. Il suffit parfois d’une robe pour attirer l’amour, la chance et la gloire. Tous les contes le disent. La réalité, chez Zuhair Murad, l’a toujours confirmé. Pour sa collection automne-hiver 2023, le créateur a invité tous les arts divinatoires, des tarots à l’astrologie, des horoscopes à la chiromancie, à conjurer par la beauté artistique de leurs symboles les inquiétudes d’une époque incertaine.

La collection Zuhair Murad automne-hiver 2023 se décline en dix volets, dix récits somptueux qui font apparaître, dans le froissement feutré des textures précieuses et le paisible murmure des broderies cosmiques, de célestes créatures qui nous apportent de bonnes nouvelles de nous-mêmes.

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Inspiré par l’art spirite de Daria Hlazatova, Zuhair Murad lui dédie une ligne en tulle, ou cady, satin ou mikado, noir ou vert feuillage, où se déploient des broderies mystérieuses et complexes. Jupe portefeuille haut fendue rejointe par des cuissardes qui peuvent être animées de motifs complémentaires, caracos, bodies audacieux, robes courtes à traîne amovible, robes longues fourreau à épaules marquées, robes de bal ou combinaisons drapées, ventre nu, accompagnées de capes, sont les précieux supports d’éblouissants motifs brodés ou appliqués. Ici un soleil déverse ses rayons en flammes ; là se reproduit à l’infini un tumulte d’étoiles; là encore, des dizaines d’yeux, miroirs de l’âme, attirent la bienveillance et la pureté des intentions.

Zuhair Murad haute couture 2023. DR

Frous-frous et inspirations tziganes

Le thème de l’œil revient aussi dans une ligne à part où il a toute sa place, sur cady noir ou satin impérial bleu dans un ensemble agrémenté de plumes, ruisselant de lumière lunaire en broderie d’argent, parfois servant d’attache précieuse à un drapé délicat.

Zuhair Murad haute couture 2023. DR

La chiromancie est célébrée en frous-frous et inspirations tziganes sur fond rouge et broderies or, ou noir, et broderies argent. Le thème de la main est omniprésent dans les motifs, et les lignes de la chance s’expriment dans des plissés en rayons.

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Les signes du zodiaque projettent sur des robes longues tout un thème astral sur fond de velours noir ou de soie chiffon rouge feu. En broderies au fil d’argent, ils tournent autour d’un jupon avec leurs correspondances ou se posent, précieuses appliques brodées, sur les attaches d’un décolleté ou d’une cape. Clin d’œil du couturier, le Cancer, son signe astrologique, placé sur le devant d’une robe, se fait signature ou caméo.

Zuhair Murad haute couture 2023. DR

La présence du serpent, symbole de santé et de vigueur, n’est pas surprenante dans cet ensemble de figures protectrices et d’auspices heureux. Sensuel, complice, le serpent de Zuhair Murad s’alanguit en borderies d’or sur les bords d’une veste en velours noir, se déroule sur un bustier de tulle transparent en broderie tatouage ou se noue en ceinture, reliant les deux parties d’une robe drapée.

Les cartes du tarot prêtent leurs riches enluminures à une ligne dont l’architecture géométrique laisse toute la place à l’énigme qu’elles illustrent en broderies chatoyantes.

Zuhair Murad haute-couture 2023. DR

Enfin, roi incontesté de toutes les figures cosmiques et astrales, le soleil irradie des robes spectaculaires en tulle transparent sur lesquelles ses rayons d’or brodé s’animent sous forme de bandes libres de leurs mouvements. Le soleil-roi poudroie aussi en effets de plumes ou occupe le centre d’une cape en tulle ivoire au bas de laquelle jouent, entourés de nuages, deux angelots, promesse de prospérité.

Gabrielle Chanel s’entourait de talismans qui lui procuraient confiance et énergie, le blé, le lion, le camélia, et, bien sûr, la lettre C et le chiffre 5. Christian Dior avait une prédilection pour le 8 et le 13. Le 18 avril 1946, alors qu’il attend un signe du destin pour ouvrir sa maison de couture, il trouve en marchant, rue du Faubourg Saint-Honoré, une étoile tombée de la roue...

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