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Quatrième jour consécutif de mobilisation contre le pouvoir militaire


Quatrième jour consécutif de mobilisation contre le pouvoir militaire

Des manifestants marchent à Port-Soudan, dans l'est du Soudan, le 30 juin 2022. Photo REUTERS/Stringer

Des centaines de Soudanais manifestaient à Khartoum et dans ses banlieues dimanche, pour le quatrième jour consécutif, contre le pouvoir instauré en octobre par le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane.

Si depuis son putsch le 25 octobre 2021, les Soudanais prodémocratie descendent chaque semaine dans la rue, le mouvement qui s'était essoufflé depuis des mois a semblé repartir jeudi. Ce jour-là - anniversaire symbolique d'un autre coup d'Etat, celui d'Omar el-Béchir et de la "révolution" qui le renversa - des dizaines de milliers de Soudanais avaient manifesté. Face à eux, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles. Bilan: neuf manifestants tués, des centaines de blessés et autant d'arrestations, selon un syndicat de médecin prodémocratie --en tout depuis octobre 114 morts et des milliers de blessés. Après cette journée, la plus sanglante depuis le début de l'année, les manifestants n'ont plus quitté la rue.

"Aucun compromis"

"Nous continuerons à lutter contre les putschistes jusqu'à la formation d'un gouvernement composé uniquement de civils", assure ainsi dimanche à l'AFP Mouayad Mohammed, sur le campement des manifestants dans le centre de Khartoum. Car après la "révolution" qui renversa le dictateur Omar el-Béchir en 2019, militaires et civils avaient accepté de mener ensemble le pays vers ses premières élections libres après 30 années de dictature militaro-islamiste.

Mais le 25 octobre, le général Burhane a arrêté ses partenaires civils et plongé le Soudan dans la violence et une grave crise économique --car la communauté internationale a fermé le robinet de l'aide en rétorsion. Dimanche, comme lors de la "révolution" de 2019, les prodémocratie étaient massés devant le QG de l'armée, où des blindés des très redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) étaient postés, ont rapporté des témoins. En 2019, les manifestants y étaient restés sept mois pour un sit-in interrompu qu'ils promettent régulièrement de convoquer à nouveau.

Les FSR, dirigées par le numéro deux du pouvoir militaire, Mohamed Hamdan Daglo dit "Hemedti", quadrillaient aussi plusieurs rues du centre de la capitale, ont ajouté les témoins. Composées de miliciens Janjawids accusés d'atrocités au Darfour (ouest), les FSR ont été accusées d'être impliquées également dans la répression de la révolte de 2019. Pas de quoi décourager Soha, manifestante de 25 ans: "nous n'accepterons aucun compromis tant que nos revendications ne seront pas devenues réalité, nous sommes dans la rue pour obtenir la liberté, la paix, la justice, un gouvernement civil et le retour des militaires dans leurs casernes", a-t-elle déclaré dimanche à l'AFP.

Dialoguer ou pas?

Vendredi et samedi, les manifestants ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes. La répression de jeudi a été condamnée par la communauté internationale qui a dénoncé "l'impunité des forces de sécurité" et la haute-commissaire aux droits humains de des Nations unies, Michelle Bachelet, a réclamé une "enquête indépendante".

L'ONU, l'Union africaine (UA) et les Etats-Unis font pression pour que s'ouvre rapidement un dialogue national censé sortir le pays de l'impasse. Mais seuls les militaires et leurs alliés veulent y participer, tandis que les civils y voient une "fausse" solution politique qui ne vise qu'à "rendre légitime" le putsch. Depuis le Darfour, le général Daglo a appelé dimanche "toutes les forces politiques, surtout celles représentant la jeunesse, à rejoindre la table des discussions".

"Seul le dialogue peut nous mener à la stabilité", a-t-il ajouté, depuis le chef-lieu d'Al-Facher où il présidait à une cérémonie de fin de formation de 2.000 membres de groupes rebelles armés ayant signé la paix avec Khartoum. Ces 2.000 supplétifs sont désormais intégrés aux forces régulières, comme le prévoyait l'accord de paix de 2020, et cette première promotion sera déployée au Darfour, a expliqué le général Daglo, les appelant à mettre fin aux "conflits tribaux" qui ont fait des centaines de morts ces derniers mois dans la région.

Des centaines de Soudanais manifestaient à Khartoum et dans ses banlieues dimanche, pour le quatrième jour consécutif, contre le pouvoir instauré en octobre par le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane.Si depuis son putsch le 25 octobre 2021, les Soudanais prodémocratie descendent chaque semaine dans la rue, le mouvement qui s'était essoufflé depuis des mois a semblé...