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Lifestyle - Page blanche

Oui... pour et à la vie

Oui... pour et à la vie

Photo M.A.

J’aime les mariages. J’aime voir ces couples convoler, échanger leurs vœux, se regarder amoureusement en se disant que l’aventure peut commencer. Je verse souvent une larme quand je vois le regard du jeune homme lorsque sa future femme entre au bras de son père, son voile tenu par de petits pages. J’aime ces cérémonies, qu’elles soient religieuses, civiles ou officiées par un ami qui nous fait un discours à la fois drôle et émouvant. C’est beau, un mariage, parce que c’est tout simplement un moment d’amour. L’amour de deux personnes et de ceux qui les entourent. C’est beau un mariage parce que c’est un moment de fête, et Dieu seul sait combien, aujourd’hui, on en a terriblement besoin. On a besoin de cette communion. Besoin de ces rires, de cette joie. Besoin de chanter, de danser. Que ce soit au bord de la mer ou dans une ancienne maison de soie ; dans un restaurant de montagne ou dans la salle des fêtes du village ; dans un club ou dans le jardin de la maison familiale à Saïda. On a besoin de ces moments où l’on renoue aussi avec nos traditions. Lorsque la famille du marié vient chercher la future épouse de leur fils, que l’on jette du riz du balcon, qu’on lance des zalghoutas quand père et fille sortent de l’immeuble et qu’on klaxonne à tout-va au volant de sa voiture ornée de nœuds comme toutes celles du cortège. Mais il y a surtout la zaffé. Qu’est-ce que c’est beau, une zaffé. Quand les jeunes filles et les jeunes hommes, accompagnés de danseurs, vont accueillir les mariés et que commencent les premières notes de ce morceau qu’on ne se lasse pas d’écouter.

Lorsqu’on se retrouve à un mariage, qu’on connaisse bien les mariés ou pas, on est imprégnés par les émotions qui se dégagent. Leur émotion lorsqu’ils entament leur première danse et qu’ensuite, les présents les retrouvent frénétiquement sur le dance-floor. Que leurs potes les portent à bout de bras sur une chaise ou à même leurs épaules. Et qu’ensuite, entre l’entrée et le plat principal, la valse de discours vient divertir les invités. Même si les paroles sont maladroites, que les photos et les vidéos des mariés quand ils sont petits sont trop longues et que l’oncle déjà éméché décide de prendre le micro et d’interpréter faussement My Way, chanson qui n’est définitivement pas de circonstance. Même si certains morceaux joués par le DJ sont un peu has-been, on réalise qu’on connaît les paroles par cœur et que, sans crier gare, on lève les bras au ciel pour dessiner les lettres de YMCA. Et même si le morceau de viande est trop cuit, qu’il trempe dans la sauce des pâtes et que la salade a perdu sa fraîcheur, on finit par les manger parce qu’on est tout simplement contents et qu’on doit tenir l’alcool durant cette soirée qui se terminera à l’aube.

Les mariages, cet été, sont légion, les deux années précédentes ayant été difficiles. Les jeunes (et parfois moins jeunes) ont décidé de s’unir bon gré, mal gré. Et dans cette effervescence d’un moment qui suspend ces temps de crise, certains expats, déjà nombreux, se retrouvent et côtoient les étrangers, venus découvrir ce pays dont on leur a tant parlé. Un pays dont ils ne voient pas vraiment la morosité et qui les accueille généreusement, comme à son habitude. La beauté de ces événements, c’est aussi revoir des gens qu’on avait évités dernièrement à cause du Covid. Et même si ce ne sont pas forcément de proches amis et juste des connaissances, ça nous fait plaisir de se retrouver à côté d’eux à la table Chiclets, un verre à la main et le sourire aux lèvres. Parce que, plus que jamais, si les tourtereaux se sont juré de s’aimer pour la vie, il est nécessaire qu’on la célèbre, cette vie. Il est essentiel d’exulter comme s’il n’y avait pas de lendemain. De pouvoir, l’espace d’un instant, se souvenir de qui et comment on était avant. De se tenir les mains pour se lancer dans une dabké qu’on n’a jamais vraiment su danser. De taper ces mêmes mains quand la tante du marié commence à bouger ses hanches au moment où Feyrouz entonne Kan ez-zaman wou kan. Alors, voilà, je dis oui, on dit oui, parce que c’est aussi le Liban, une belle zaffé. Malgré tout.

Chroniqueuse, Médéa Azouri anime avec Mouin Jaber « Sarde After Dinner », un podcast où ils discutent librement et sans censure d’un large éventail de sujets avec des invités de tous horizons. Tous les dimanches à 21h, heure de Beyrouth.

Épisode du 26 juin : Anthony Rahayel, « No Garlic, No Onions ».

https://www.youtube.com/watch ? v=DucF_K8A3W8

J’aime les mariages. J’aime voir ces couples convoler, échanger leurs vœux, se regarder amoureusement en se disant que l’aventure peut commencer. Je verse souvent une larme quand je vois le regard du jeune homme lorsque sa future femme entre au bras de son père, son voile tenu par de petits pages. J’aime ces cérémonies, qu’elles soient religieuses, civiles ou officiées par un ami...

commentaires (1)

""…Parce que c’est aussi le Liban, une belle zaffé. Malgré tout."" D’accord, Il y a de cela, mais le paquet de Chiclets ? Il est le signe de quoi ? On fait travailler ses mâchoires pour ruminer à défaut de blatérer. Des mariages, j’en ai vu. Je prenais des photos de mariage pour faire un peu d’argent de poche. Pendant ce temps jadis, je fixais du regard, en dehors de l’objectif, et je ne voyais que des têtes d’enterrement, et rarement des mines réjouies. (Je ne parle pas des jeunes gens et des jeunes filles qui veulent enterrer leur vie de garçon ou de fille). Le Liban ressemble plutôt à des enterrements, où l’on vient soit disant présenter ses condoléances. Les fêtes, qui peut le nier, on en a besoin après tant d’épreuves, mais le mariage n’est pas le moment idyllique. Ou plutôt si, le mariage est le moment de joie passagère entre deux enterrements. Alors que vaut un moment entre deux malheurs, et surtout quand on dit d’un mariage qu’il est la plus grande erreur de jeunesse, ou d’âge mûr, puisqu’on se marie à tous les âges. J’en ai vu de ces célébrations, où l’on se jure de vivre dans le bonheur, et pour le meilleur et pour le chômage, devant des témoins, des amis, et je peux dire que c’est tellement émouvant pour y croire.

Nabil

15 h 15, le 30 juin 2022

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Commentaires (1)

  • ""…Parce que c’est aussi le Liban, une belle zaffé. Malgré tout."" D’accord, Il y a de cela, mais le paquet de Chiclets ? Il est le signe de quoi ? On fait travailler ses mâchoires pour ruminer à défaut de blatérer. Des mariages, j’en ai vu. Je prenais des photos de mariage pour faire un peu d’argent de poche. Pendant ce temps jadis, je fixais du regard, en dehors de l’objectif, et je ne voyais que des têtes d’enterrement, et rarement des mines réjouies. (Je ne parle pas des jeunes gens et des jeunes filles qui veulent enterrer leur vie de garçon ou de fille). Le Liban ressemble plutôt à des enterrements, où l’on vient soit disant présenter ses condoléances. Les fêtes, qui peut le nier, on en a besoin après tant d’épreuves, mais le mariage n’est pas le moment idyllique. Ou plutôt si, le mariage est le moment de joie passagère entre deux enterrements. Alors que vaut un moment entre deux malheurs, et surtout quand on dit d’un mariage qu’il est la plus grande erreur de jeunesse, ou d’âge mûr, puisqu’on se marie à tous les âges. J’en ai vu de ces célébrations, où l’on se jure de vivre dans le bonheur, et pour le meilleur et pour le chômage, devant des témoins, des amis, et je peux dire que c’est tellement émouvant pour y croire.

    Nabil

    15 h 15, le 30 juin 2022

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