Pénurie de farine et marché noir : la distribution de pain rationnée à Nabatiyé

Dans la région de Nabatiyé (Sud), les habitants peinent à trouver du pain dans les commerces en raison d'une pénurie de farine chez les boulangers, activant un marché noir où le paquet est vendu à plus du double du prix officiel. Ce nouvel épisode de la crise au Liban frappe régulièrement le secteur de la boulangerie, pourtant essentiel pour la sécurité alimentaire. 

Selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle), les sociétés qui distribuent le pain aux commerces ont limité leur approvisionnement en cette fin de semaine, en raison du manque de stock de farine dans les boulangeries produisant le pain. Dans le village de Kfar el-Joz, seuls 600 paquets de pain ont été livrés, alors que 5.000 sont normalement nécessaires pour subvenir aux besoins des habitants.

Face à ce rationnement sévère, certains commerçants se sont procurés du pain dans d'autres régions et le revendent au marché noir, à 30.000 livres libanaises le paquet, contre un prix officiel de 14.000 LL pour le grand paquet. 

"Les citoyens souffrent" de ces pénuries, a déploré dans ce contexte le président de l'union des syndicats des employés de boulangeries du mohafazat de Nabatiyé, Hussein Mogharbel. "Chaque jour, une nouvelle crise surgit et le rationnement du pain fait pressentir une rupture des stocks et une pénurie totale de farine", a-t-il ajouté, appelant le ministère de l’Économie à assurer une distribution équitable de la farine disponible dans tout le pays. 

Réagissant à cette crise, le directeur général du ministère de l’Économie, Mohammad Abou Haïdar, a assuré dans un appel au député Nasser Jaber (Amal) qu'il œuvrait à trouver des solutions, afin que la farine soit livrée et que les boulangeries puissent se remettre au travail.

La semaine dernière, le syndicat des boulangers de Beyrouth et du Mont-Liban avait réclamé la levée des subventions sur la farine "extra" et "super extra" et reproché à l'État de "ne pas chercher de marchés alternatifs pour acheter du blé", alors que l'invasion russe de l'Ukraine depuis fin février a fortement impacté les importations de ce produit au Liban.