Les députés de la contestation dénoncent "l'opacité" des autorités libanaises dans les négociations

Les treize députés libanais issus du mouvement de contestation d'octobre 2019 ont déploré jeudi que les autorités libanaises "travaillent dans l'opacité" concernant les négociations indirectes avec Israël sur le tracé de la frontière maritime. Un sujet brûlant qui a ravivé les tensions entre les deux pays suite à l'arrivée d'une plateforme gazière dans le champ de Karich, au large de l'État hébreu, et qui a fait l'objet d'une visite au Liban de l'émissaire américain Amos Hochstein lundi et mardi. Durant cette visite, le Liban officiel s'est enfin exprimé d'une seule voix et a transmis au médiateur américain une proposition concernant le tracé de la frontière, que le médiateur doit soumettre à Tel-Aviv.

"Malheureusement, les arcanes du pouvoir travaillent dans l'opacité depuis le début des négociations et sans défendre les intérêts du Liban dans ce dossier décisif", déplorent les députés de la contestation dans un communiqué. Ils prônent l'adoption officielle par l’État de la ligne 29 pour démarquer sa frontière maritime. Cette ligne accorde au Liban une zone supplémentaire de 1.430 km2 par rapport à la ligne 23, considérée comme officielle sur base du décret 6433/2011. Lundi, une délégation des treize députés avait effectué une tournée auprès des dirigeants libanais afin de les exhorter à signer l'amendement de ce décret. Mardi, plusieurs d'entre eux avaient rencontré Amos Hochstein.

"Nous sommes sortis des réunions (de lundi) avec l'impression que le pouvoir exécutif considère l'amendement du décret 6433 comme un fardeau, et n'a pas le courage de l'adopter pour des raisons inconnues", dénoncent les députés. "Tous les responsables se renvoient la balle de leur négligence sur ce sujet, de manière flagrante et suspecte", poursuivent-ils, critiquant un "manque de transparence" sur le dossier, ainsi que de "nombreuses erreurs" et le fait que les responsables "ne disent pas toute la vérité devant l'opinion publique". 

Dans leur communiqué, les treize députés affirment que M. Hochstein leur a affirmé "qu'il n'y a eu absolument aucune discussion avec les autorités libanaises sur la ligne 29". Ils prévoient néanmoins de poursuivre leur combat sur le sujet en soutenant une proposition de loi à caractère de double urgence présentée par la députée de Beyrouth Paula Yacoubian.

Selon des sources proches du dossier, les officiels ont écarté les discussions sur la ligne 29 et réclament un élargissement du territoire délimité par la ligne 23 qui leur permettrait de revendiquer la totalité du champ de Cana.