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Culture - En librairie

Issa Makhlouf, humaniste éclairé

Dans cette autobiographie particulière d’un riche parcours personnel, intitulée « Difaf Oukhra » (339 pages, Dar al-Rafidaïn, traduction française : « D’autres rives »), l’auteur entreprend un dialogue constructif et éclairant avec Ali Mahmoud Khodeir, l’un des plus jeunes poètes irakiens.

Issa Makhlouf, humaniste éclairé

Issa Makhlouf dialogue avec Ali Mahmoud Khodeir.

Né au Liban dont il fuit la guerre au Venezuela, puis installé à Paris, Issa Makhlouf, 64 ans, poète, traducteur et écrivain, a porté plusieurs casquettes, pour une carrière où les intérêts culturels et sociaux sont son fer de lance. Sorbonnard (docteur en anthropologie sociale et culturelle), directeur de l’information à Radio Orient et conseiller spécial de l’ONU à New York dans le cadre de la 61e session de l’Assemblée générale, cet homme de lettres détenteur du prix Max Jacob pour son opus Lettres à deux sœurs a toujours prôné et œuvré pour la paix et la culture à travers un humanisme éclairé.

Il signe aujourd’hui un ouvrage riche de son parcours personnel intitulé Difaf Oukhra *(D’autres rives). Rencontre de deux poètes du Proche-Orient que les frontières séparent, mais que l’écriture, la poésie, les préoccupations sociales, humaines et culturelles rassemblent. Ali Mahmoud Khodeir, la voix et la conscience de l’Irak, un pays qui a connu trois guerres meurtrières et des répressions sanglantes, a été le premier à approcher Issa Makhlouf. Pour une confrontation-dialogue, non seulement du drame de vivre en ces régions saccagées, mais du pouvoir de la culture pour l’apaisement, l’épanouissement, la possibilité et le droit au bonheur…

En couverture, une image d’une toile de Georges Braque où une colombe fait le lien entre deux rives, deux continents... Photos DR

Des souvenirs de lecture

Et c’est Issa Makhlouf, conseiller culturel par excellence, qui est à l’origine de ce concept de réponse pour une longue interview sortant des sentiers battus. Une réponse empruntée à sa propre expérience personnelle. Un concept qui ne fouille pas et ne se perd pas dans les détails d’un effondrement, d’un désordre ou d’un malaise, mais qui s’instaure en jalons positifs qui éclairent et expliquent un parcours. Un parcours intellectuel vécu comme une bouée de sauvetage, un bol d’oxygène, une échappatoire contre la noirceur de l’adversité.

Donc le livre avance dès ses premières pages entre lyrisme retenu, aveux, analyse des émotions, des souvenirs, des lectures, des visites muséales, des espaces publics et l’écoute musicale d’une partition de Chopin à travers le jeu au piano de Abdel Rahman el-Bacha… Comme une série de confidences sur les diverses étapes intellectuelles qui enrichissent une existence et la libèrent en douce des contraintes inutiles et superflues.

En couverture déjà, cette image d’une toile de Georges Braque où une colombe fait le lien, comme un jeu de la géographie de la mémoire, entre deux rives, deux continents, deux pays, deux civilisations, deux mentalités, deux espaces, deux temps, deux systèmes de gouvernement et de comportement, deux modes de vie…

D’emblée, dans ces lignes, il y a le refus de la pénombre, de l’ignorance, de l’obstination, du despotisme, de la guerre, du manque, de l’exode, de la violence, du carnage. En bref, comment s’éloigner de tout enfer créé par l’homme, de tout enfer que nous créons de nos propres mains.

Marqué par la mort de son grand frère dans la prime enfance, Issa Makhlouf appartient à cette catégorie de gens qui ont expérimenté trop tôt la douleur de vivre. Et qui en ont tiré des leçons de sagesse et de maturité.

À travers ces pages s’inscrit le credo de l’auteur, ainsi que tout ce qui a marqué et influencé sa traversée humaine.

Entretien

Issa Makhlouf : « Baudelaire m'a fait découvrir le lien entre poésie et pensée. »

Cet ouvrage se présente ainsi comme une sorte d’autobiographie spirituelle et intellectuelle. Autobiographie fragmentée où de la nostalgie des comptines de l’enfance aux lumières de Paris, en passant par les couleurs des œuvres de Dia Azzawi, Alexos Fassianos, Assaad Arabi, Asssadour, Chafic Abboud et les mots d’Adonis, Salah Stétié, Etel Adnan, Jorge Luis Borges, Hélène Cixous, l’univers offre d’autres ressources que celles de la haine, de l’exode, de la déportation, de l’intolérance, des destructions, massives ou individuelles.

Dans un style arabe fluide et élégant, pétri d’une culture cosmopolite raffinée et sélective, loin du désordre et de l’apocalypse des guerres, voilà un livre constructif, pour un esprit de concorde, qui invite non seulement à la réflexion mais aussi à l’élévation.

* « Difaf Oukhra » de Issa Makhlouf (Dialogue et présentation avec Ali Mahmoud Khodeir), 339 page. Dar al-Rafidaïn, disponible en librairie.

Né au Liban dont il fuit la guerre au Venezuela, puis installé à Paris, Issa Makhlouf, 64 ans, poète, traducteur et écrivain, a porté plusieurs casquettes, pour une carrière où les intérêts culturels et sociaux sont son fer de lance. Sorbonnard (docteur en anthropologie sociale et culturelle), directeur de l’information à Radio Orient et conseiller spécial de l’ONU à New York...

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