« Les droits des chrétiens »

À l'approche de toute échéance électorale, on nous ressort la sempiternelle histoire des « droits des chrétiens » que tel candidat prétendrait défendre en s'érigeant en Croisé en lutte contre les Maures. Tout comme en France, Marine Le Pen et Éric Zemmour ont cherché à exploiter la question de l'immigration pour exacerber les peurs et marquer des points, on assiste chez nous aux simagrées d'un brave politicien qui croit pouvoir séduire l'électorat chrétien en brandissant le spectre d'un génocide prochain que lui seul serait capable de prévenir. Or le danger qui menace les chrétiens provient des chrétiens eux-mêmes, incapables de s'entendre, prompts à s'écharper en toute occasion et enclins à pactiser avec le diable pourvu que leur concurrent soit déconsidéré. Le plus grand tort causé à la communauté chrétienne est dû à la mégalomanie, la traîtrise et l'aveuglement de certains leaders chrétiens, prêts à tout pour asseoir leur autorité. Du reste, pourquoi un candidat qui se destine à devenir un élu du peuple devrait-il raisonner si étroitement et réduire les grandes questions nationales touchant à la souveraineté, l'économie et la santé, à de petites querelles de clocher et à des calculs de boutiquier véreux et mesquin ? N'est-il pas temps que l'intérêt public et l'appartenance nationale prennent enfin le dessus sur l'appartenance confessionnelle, comme le préconisait De Gaulle, alors commandant, dans son fameux discours de 1931 à l'Université Saint-Joseph ? Le 15 mai prochain, il nous faudra sanctionner les menteurs qui ont prétendu défendre les chrétiens, mais qui, en réalité, ont mené le pays tout entier au fond du gouffre.