
Le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, a célébré la fête du Fitr à la mosquée al-Amine, dans le centre-ville de Beyrouth, le 2 mai 2022. Photo ANI
Le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, a mis en garde lundi à l'occasion de la fête du Fitr contre le danger de boycotter les élections législatives qui doivent avoir lieu le 15 mai au Liban et appelé les Libanais à voter de manière à provoquer un changement dans le pays et empêcher l'arrivée de corrompus au pouvoir. Cette mise en garde intervient alors que le leader politique de la communauté sunnite, l’ex-Premier ministre Saad Hariri, boycotte le scrutin.
"Je mets en garde contre le danger de ne pas participer aux élections législatives et contre le danger de voter pour des corrompus, a déclaré le mufti Deriane. Ne pas voter aux législatives est la recette magique pour que les corrompus arrivent au pouvoir. Répéter les mêmes erreurs est un crime et il n’y a pas de pire crime que ceux qui sont commis contre la patrie sous prétexte de vouloir la défendre".
Des anges et des saints
"Aucun de ces perdants n'a l'audace d'admettre que ses mains ont été entachées de corruption et d'argent illicite. Au contraire, ils se présentent comme des anges et des saints, pour revenir à nouveau sur les lieux du crime, alors méfiez-vous de leurs déclarations trompeuses, a ajouté le dignitaire religieux. La situation est devenue si dangereuse et si mauvaise qu'ils essaient de transformer l'agresseur en bienfaiteur et le criminel en héros. Ce sont eux qui ont transformé le Liban en un État défaillant, mendiant de l'eau, de l'électricité et du pain".
"Les Libanais sont capables de reconstruire leur pays et de restaurer leurs institutions délabrées, en commençant par choisir les membres du Parlement", a assuré le mufti.
Attendues par la communauté internationale, les législatives sont perçues par de nombreux Libanais comme une opportunité de changement de la classe politique dirigeante accusée de corruption et d'incompétence, dans un pays en plein effondrement économique depuis 2019. Mais plusieurs observateurs redoutent un report de ces élections, sous différents prétextes, notamment sécuritaires, alors que de nombreuses formations au pouvoir sont en perte de popularité ces dernières années. Des craintes avaient également surgi après des spéculations sur le risque d'un report des élections après le retrait de la vie politique de l'ex-Premier ministre et leader sunnite, Saad Hariri. Mais plusieurs figures sunnites, dont le PM libanais Nagib Mikati, ont fait savoir qu'ils n'appelleront pas à un boycott sunnite des législatives.
"Tous les Libanais doivent travailler ensemble, afin de sauver le Liban des griffes des corrompus, qui détruisent le pays, a encore lancé le mufti Deriane. Les élections parlementaires sont notre voie légitime vers le salut. Prenons l'initiative d'assumer nos responsabilités nationales et morales, en choisissant les justes parmi nos enfants, et ils sont nombreux".
Le dignitaire sunnite a également abordé le naufrage tragique la semaine dernière d'une embarcation au large de Qalamoun (au sud de Tripoli), qui a fait six morts et plus de 30 disparus. "Ce qui s'est passé à Tripoli n’est pas une première, et l'État, par son manque de souci pour la sécurité des personnes, a contribué, intentionnellement ou non, à ce qui est arrivé", a-t-il affirmé. Des versions contradictoires circulent quant à la cause du naufrage, certains des rescapés affirmant que l'armée, qui aurait percuté leur embarcation, était responsable de cette tragédie. "La faim ne fait pas la distinction entre les confessions, les communautés et les régions, a encore dit le mufti Deriane avant d’ajouter : Nous sommes unis par la souffrance des crises qui s'aggravent, et la volonté nationale nous unit pour faire un changement et sortir de l'abîme de l'effondrement et de l’échec".
Vous parlez très bien mais qui vous écoute .???
21 h 20, le 03 mai 2022