"Le ministère des AE est un nid de clientélisme et de corruption absolue", dénonce Geagea

Le chef des Forces libanaises (FL) Samir Geagea a qualifié le ministère des Affaires étrangères de "nid de clientélisme et de corruption absolue", quelques jours après que les députés du parti ont présenté une motion de censure à l'encontre du ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib, proche du camp aouniste, qu'ils accusent de manquements à sa fonction concernant les législatives de mai. Le leader chrétien a aussi pointé du doigt l'alliance électorale entre le Courant patriotique libre (CPL, aouniste) et le mouvement chiite Amal, dirigé par le président du Parlement Nabih Berry, bien que les deux parties entretiennent des relations tendues.

"Nous avons demandé au ministre des Affaires étrangères de publier les listes des électeurs le plus vite possible, pour que ces derniers puissent savoir à quel bureau de vote ils doivent se rendre et s'organiser en conséquence. Ces listes seront publiées 48 heures seulement avant le scrutin, ce qui constitue un grand obstacle devant les citoyens qui devront parcourir de longues distances pour arriver aux bureaux de vote", a dénoncé Samir Geagea, dans des propos tenus lors d'un rassemblement électoral à Jezzine (Liban-Sud). "Voilà donc les derniers exploits du CPL au ministère des Affaires étrangères, un ministère qui est en partie un véritable nid de clientélisme et de corruption absolue", a fustigé le chef des FL, tirant à boulets rouges sur son rival chrétien. M. Geagea a accusé dans ce cadre le palais Bustros de "tenter d'entraver par tous les moyens le vote des Libanais de l'étranger".

Un certain cafouillage administratif a suscité la polémique notamment en Australie, où certains électeurs avaient dénoncé la distribution géographique des bureaux de vote, distants parfois de plusieurs heures de route, ce qui pourrait rendre leur accès difficile, voire impossible. La réunion du Parlement, consacrée à l'examen de la motion de censure déposée par le groupe parlementaire des FL, n'a finalement pas pu se tenir jeudi dernier, faute de quorum. À sa sortie du palais de l'Unesco, le ministre Bou Habib s'était défendu, expliquant que "la diplomatie libanaise avait suivi un mécanisme clair concernant le vote des Libanais à l’étranger conformément au code postal ou à l’adresse des électeurs". 

Outre ses critiques réitérées contre la diplomatie libanaise, M. Geagea s'en est également pris au CPL et au mouvement Amal, alliés électoraux en vue des législatives. Alors que le camp aouniste répète souvent que ses détracteurs, dont le mouvement Amal, "ne l'ont pas laissé" mettre en place des réformes dans le pays, le chef des FL a répliqué : "Ceux qui ont réitéré cette expression tout au long des quatre dernières années, qui traitent ceux qui ne les ont +pas laissé faire+ de corrompus et de voyous avant de s'allier avec eux à travers le pays, démontrent leur tromperie et leur mensonges répétés qui nous ont conduit à cet effondrement". 

Le CPL, en perte de popularité depuis quelques années, a fini par s'allier avec le Hezbollah et son allié chiite, le mouvement Amal, bien que le camp aouniste entretient des relations tendues avec ce dernier. Gebran Bassil avait même estimé il y a quelques jours que "rien n'obligeait à réélire Nabih Berry à la présidence du Parlement", prenant ainsi ses distances avec son propre allié électoral.