Le ministre du Travail, Moustapha Bayram, a estimé vendredi que le Liban "ne peut plus être la police des autres pays" dans la question de l'émigration clandestine et des réfugiés syriens, dont son pays accueille plus d'1,5 million. Cette question est régulièrement soulevée par le président de la République, Michel Aoun, auprès de la communauté internationale et devrait être abordée, selon M. Bayram, lors du Conseil de défense qui se tenait ce vendredi à Baabda.
"Nous ne pouvons plus être la police des autres pays", a lancé le ministre du Travail à l'issue d'une réunion de la commission ministérielle chargée des réfugiés syriens au Liban. Présidée par le Premier ministre Nagib Mikati au Grand sérail de Beyrouth, la réunion avait lieu en présence de plusieurs ministres, parmi lesquels Abdallah Bou Habib, Henri Khoury, Bassam Maoulaoui et Hector Hajjar, respectivement ministres des Affaires étrangères, de la Justice, de l'Intérieur et des Affaires sociales. "Le problème des déplacés n'est plus supportable", a également déclaré M. Bayram. "Nous n'avons reçu aucune aide dans ce domaine, et le Liban est laissé à lui seul", a-t-il poursuivi, soulignant notamment que l'Etat n'a plus de carburant pour alimenter les navires garde-côte.
Qualifiant la question des "déplacés" syriens de "fardeau", le ministre a évoqué l'augmentation des taux de criminalité, ainsi que le fait que les Libanais font la queue devant les banques tandis que des individus "de nationalités différentes obtiennent des dollars cash". Il a en outre appelé à extrader tout réfugié jugé coupable par la justice libanaise "comme cela se fait dans tous les Etats".
"Nous restons évidemment attachés à la question humanitaire et aux droits de l'homme, mais les événements dépassent la capacité de ce que le Liban peut supporter", a indiqué M. Bayram, qui a appelé à la responsabilité des Nations unies et du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR). Abondant dans son sens, M. Hajjar, ministre des Affaires sociales, a évoqué une situation "très délicate, complexe et dangereuse", rappelant que le Liban est dans une situation de "désastre" et qu'il ne peut assumer les charges des réfugiés.
A la fin de la semaine dernière, une embarcation transportant des migrants clandestins, Syriens, Libanais et Palestiniens, a fait naufrage au large de Qalamoun, au sud de Tripoli, causant la mort d'au moins six personnes et faisant une trentaine de disparus.
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