Les opérations d’enlèvement se sont multipliées récemment dans la Békaa, perpétrées par des ravisseurs qui visent des individus aisés en vue d’exiger une rançon auprès de leur famille en échange de leur libération.
Le dernier de ces incidents a été le kidnapping, le 27 avril, d’Akram Jomaa sur la route dite de la canalisation d’irrigation du Litani, alors qu’il avait garé sa voiture de marque Lexus pour faire son jogging à 19h avant l’iftar. Une source du village de Lala, la localité d’origine de Jomaa, assure que l’homme a tenté de résister à ses ravisseurs, qui semblaient inexpérimentés : ils ont ainsi abandonné leur véhicule de type Rapid en panne au milieu de la route et emmené la victime dans sa propre voiture jusqu’à Baalbeck. Ses téléphones portables ont été trouvés à l’endroit où il a été enlevé. Toutefois, il n’a pas fallu plus de quelques heures aux services secrets de l’armée pour libérer l’otage, qu’ils ont emmené au poste de Ablah pour recueillir sa déposition. Il a ensuite pu rentrer dans son village où un accueil chaleureux lui a été réservé.
Le même jour, l’armée est parvenue à faire libérer l’Égyptien Sadek Rolly, un comptable de la société de production al-Sabbah. Celui-ci a été enlevé le 16 avril dernier sur la route de Rayak-Baalbeck par des individus armés qui ont percuté le véhicule transportant l’équipe de tournage d’un feuilleton dont il fait partie. L’armée a effectué des perquisitions dans la région durant plusieurs jours. L’homme a finalement été libéré par ses ravisseurs le 27 avril dans une plaine de Baalbeck, non loin de Deir el-Ahmar. Il a été transporté vers un centre militaire où il est arrivé dans un état de peur extrême.
Les épisodes d’enlèvement ne sont pas seulement plus nombreux, mais révèlent une audace de plus en plus évidente de la part des gangs armés. Un des ravisseurs du comptable égyptien, surnommé Mohammad Roma, a même été jusqu’à envoyer des messages de menaces très explicites aux services de renseignements de l’armée. Un de ses messages enregistrés a largement circulé ces derniers jours. Toutefois, une source de sécurité interrogée par L’Orient-Le Jour dément que des menaces directes aient été adressées à des officiers ou des soldats.
Ce n’est pas la première fois en tout cas que de telles menaces sont proférées contre l’armée par le biais de messages enregistrés envoyés via des groupes WhatsApp. C’est notamment le cas à chaque fois que les militaires parviennent à libérer une victime d’enlèvement. En juin dernier déjà, des menaces enregistrées étaient parvenues au chef des renseignements de l’armée dans la Békaa, le général Mohammad el-Amine, après des accrochages entre la troupe et des gangs.
Au-delà des frontières
Cette récente multiplication des rapts rappelle d’autres épisodes passés, tels que celui de l’enlèvement de l’homme d’affaires émigré Abdallah Nassereddine à son domicile à Kamed el-Loz, ou encore celui de Adnane Dabaja, également homme d’affaires, à Karaoun, qui avait été libéré ultérieurement. Dans cette région, l’insécurité semble ne plus avoir de limite.
Au-delà de la Békaa, les gangs donnent l’impression d’étendre leur activité vers d’autres régions. Ils sont parvenus récemment à attirer dans leurs filets un jeune émigré, Hassan Atoué, qui visitait sa famille dans son village de Harouf, au Liban-Nord. Ils lui ont fait croire qu’ils avaient une agence de voyages et de tourisme, lui donnant rendez-vous sur l’autoroute de Hermel, dans la Békaa-Nord.
Ces incidents ne concernent pas que des Libanais. Le 3 mars dernier, quatre éléments armés ont enlevé le Syrien M.T. près du site de Baalbeck. Les profils des victimes sont également divers. Vers la mi-mars, H.A., un ferrailleur propriétaire d’une petite industrie, a été enlevé par quatre individus armés, également dans les environs des temples.
Ces nombreux incidents, où les protagonistes finissent souvent en Syrie, ont suscité une réaction de l’autre côté de la frontière. Ainsi, le 25 avril, les forces de l’ordre syriennes ont effectué des perquisitions auprès de nombre de personnes suspectées d’avoir trempé dans des rapts au Liban avant de regagner le territoire syrien, selon des sources bien informées. Parmi ces suspects, l’homme cité plus haut, Mohammad Roma, et ses complices, dont un certain H. Jaouhari. Toujours selon ces mêmes sources, les perquisitions ont atteint des villages syriens habités par des Libanais, entre autres Zita, el-Aakrabié et el-Samakiat. Les forces de l’ordre syriennes auraient ainsi réussi à arrêter plusieurs personnes (dont des Libanais) ayant participé avec les mafias à attirer les victimes dans des pièges.
commentaires (7)
Chers amis, malheureusement c’est le pays entier qui est rapté !
Wow
14 h 00, le 01 mai 2022