Achats de votes, pressions sur les candidats, abus de pouvoir et des ressources publiques dans le cadre de campagnes électorales... Toutes ces pratiques sont en hausse avant les élections législatives du 15 mai, selon un rapport publié mercredi par l'Association libanaise pour la démocratie des élections (LADE). L'ONG note également une augmentation des discours sectaires et des accusations de trahison contre les adversaires politiques.
Vues par certains Libanais comme une opportunité de changer la classe dirigeante au pouvoir accusée de corruption et d'incompétence, les élections législatives se jouent dans un contexte d'effondrement économique sans précédent et d'appauvrissement généralisé.
"Aide"
"De nombreux candidats profitent de la détérioration économique et financière et de la dégradation des conditions de vie des électeurs, de sorte que l'achat de voix se manifeste sous le nom d'aide", indique le rapport, qui cite plusieurs exemples et précise avoir documenté ces incidents du 1er au 11 avril derniers. Dans son texte, la LADE définit l'achat de voix comme toute aide apportée par un candidat aux citoyens pendant la phase de campagne, surtout si le produit ou le service offert est censé être fourni aux citoyens par l'État.
Le rapport indique par exemple que la Fondation Makhzoumi, appartenant au député Fouad Makhzoumi, candidat dans la circonscription de Beyrouth-II, a distribué des coupons alimentaires dans toute cette région. L'école secondaire publique Mayfadoun à Nabatiyé (Liban-Sud) a quant à elle reçu en cadeau un générateur d'électricité de la part du mouvement Amal par l'intermédiaire de son candidat Hani Kobeissi, qui a pris une photo souvenir avec les élèves. Dans le caza du Metn, la fondation éponyme du candidat des Forces libanaises Hani Saliba a annoncé la poursuite d'une campagne de santé, qui comprend des services médicaux gratuits.
Pressions et discours violant la loi électorale
En ce qui concerne les pressions exercées sur les candidats, le rapport indique que les préparatifs des élections de 2022 ont vu le sabotage des affiches des candidats, le démantèlement des tentes électorales et le passage à tabac de certains candidats et de leurs équipes. Par exemple, dans le village de Baakline dans le Chouf, "une tente de l'opposition a été enlevée à l'aide d'un bulldozer", indique le rapport. "Et lorsque nous avons contacté le chef de la municipalité, il nous a dit qu'une pétition avait été signée par les habitants du quartier parce que la tente causait de la circulation dans le secteur", ajoute le rapport.
Abordant également la question de l'utilisation des espaces publics, la LADE a documenté le fait que la municipalité de Haret Hreik a organisé un iftar pendant le Ramadan pour les familles des martyrs du Hezbollah, auquel ont assisté les dirigeants du parti chiite. Autre exemple à Saïda, où la municipalité a reçu le candidat du district de Saïda-Jezzine soutenu par d'anciens membres du Courant du Futur, Youssef el-Nakib. La rencontre a été suivie d'un "discours politique depuis l'Arabie Saoudite", que la LADE a considéré comme contraire à la loi électorale étant donné qu'il utilisait des espaces publics à des fins électorales.
La LADE indique enfin qu'elle "poursuivra son travail dans la période à venir, d'observation et de vérification des violations dans toutes les circonscriptions électorales". Elle a également demandé aux électeurs et aux candidats de signaler toute violation sur son adresse électronique info@lade.org.lb.
Cet article est une version traduite de l'anglais de notre publication L'Orient Today.
commentaires (6)
L'achat de voix a toujours été sous forme d'aide. Sauf que aujourd'hui, les prix ont baissé. Avec un même budget, on peut acheter dix fois plus de voix...
PPZZ58
19 h 14, le 28 avril 2022