Des proches des victimes et disparus du naufrage d'une embarcation de migrants ce week-end au large de Tripoli ont manifesté mercredi devant le port de la grande ville du Nord afin de réclamer que les recherches pour retrouver les personnes disparues dans le naufrage soient accélérées, assurant ne pas avoir de problème avec l'armée, accusée par certains d'avoir provoqué l'accident, mais "avec la classe politique au pouvoir".
Une trentaine de personnes restent portées disparues après le naufrage d'une embarcation de migrants au large de Qalamoun, au sud de Tripoli. Ce drame a fait six morts selon l'armée et suscité la colère dans plusieurs régions.
Un des proches de victimes, Abou Taymour al-Dandachi, a assuré qu'ils n'avaient "aucun problème avec l'armée" mais "avec la classe politique au pouvoir, qui a pillé le pays, appauvri la population et nous a menés à l'effondrement, ce qui a poussé nos proches à vouloir fuir vers un pays où ils pourront vivre en toute dignité". Plusieurs personnes de la famille Dandachi, dont le frère d'Abou Taymour, se trouvaient à bord de l'embarcation qui a fait naufrage et au moins deux font partie des victimes. M. Dandachi a réclamé de rencontrer le commandant en chef de la troupe, Joseph Aoun, insistant sur le fait qu'il a "un problème avec l'officier responsable du meurtre de nos proches". "Nous ne voulons par contre nous entretenir avec aucun responsable politique", a-t-il poursuivi. "Il y a plus de 120 passages illégaux le long de la frontière entre la Syrie et le Liban, servant au trafic d'armes, de drogue et de personnes et nous n'entendons jamais parler de contrebandier arrêté ou tué. En revanche, quand nous essayons de fuir cet enfer qu'est le Liban, on nous tue, nous, nos frères et nos femmes", a-t-il encore lancé.
Le Conseil des ministres a chargé mardi la justice militaire d'enquêter sur le naufrage.
Repêcher l'embarcation
Un autre homme de la famille Dandachi, qui fait partie des survivants du naufrage, s'est de son côté lamenté que "les dépouilles de ses enfants sont toujours dans l'embarcation qui a coulé", appelant à ce que les autorités les récupèrent afin qu'il puisse les enterrer. "Nous poursuivrons notre mobilisation jusqu'à ce que l'embarcation soit repêchée et, avec elle, nos femmes et nos enfants", a-t-il déclaré.
Pendant le sit-in, un groupe a également bloqué les accès au port.
Plus tôt dans la journée, des contestataires avaient déjà bloqué l'autoroute reliant Tripoli (Nord) à Beyrouth dans les deux sens de la circulation, au niveau du complexe hôtelier de Palma, avec les mêmes revendications. Les voies de l'axe routier avaient été coupées au moyen de camions, selon notre correspondant dans le Nord, Michel Hallak. Les contestataires avaient appelé "tous les habitants de Tripoli et du Nord à descendre dans la rue" avec eux.
Parallèlement, les équipes de la Défense civile poursuivaient, pour le quatrième jour consécutif, leurs opérations de recherche, en mer et sur le littoral, entre le Akkar et Beyrouth. Aucune dépouille n'a jusque là été repêchée pendant la journée de mercredi.
commentaires (3)
Leur seul crime est d’avoir écouté leur président qui leur a dit: que celui qui n’est pas content s’en aille…
Gros Gnon
13 h 06, le 29 avril 2022