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Monde - France

La présidentielle est morte, vive les législatives

La période qui s’ouvre devrait permettre à l’opposition menée par Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen de se mobiliser afin de bloquer l’émergence d’une majorité présidentielle à l’Assemblée nationale les 12 et 19 juin prochain.

La présidentielle est morte, vive les législatives

Marine Le Pen, candidate à l’élection présidentielle, arrive au quartier général du Rassemblement national le lendemain de sa défaite au second tour, à Paris, le 25 avril 2022. Darrin Zammit Lupi/Reuters

Il y avait le vainqueur, qui célébrait sa réélection avec sobriété, conscient qu’aucun « état de grâce » ne lui serait accordé. La vaincue, pas tout à fait perdante avec 41,2 % des suffrages, qui n’a pas attendu pour se positionner en « première opposante » du pays. Le « troisième homme » qui, après avoir caressé l’espoir d’une qualification historique, se projetait en Premier ministre. Et ceux qui n’avaient plus osé rêver de second tour depuis plusieurs mois déjà, contraints à un mode survie afin simplement de sauver la face. Dimanche, au soir de la douzième élection présidentielle de la Ve République, tous avaient conscience que le véritable enjeu était à venir.

Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et les autres le savent : les 12 et 19 juin prochain seront décisifs. Le scrutin présidentiel qui s’est conclu le 24 avril par la victoire du président sortant était une étape nécessaire. Avec un taux de participation plus élevé que les autres scrutins, il est considéré comme le rendez-vous électoral favori des Français. Mais c’est le vote de juin qui attribuera les rôles définitifs pour les cinq années à venir. Également à deux tours, la course aux législatives se veut généralement moins explosive, plus sereine. Elle n’en est pas moins déterminante : en fixant une majorité parlementaire, elle permet au chef de l’État d’appliquer, ou pas, le programme annoncé.

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Car les grandes promesses de l’entre-deux-tours ont tendance à faire oublier une donnée fondamentale du régime parlementaire à la française : l’Élysée ne dispose pas des pleins pouvoirs, et la Constitution attribue une part non négligeable des prérogatives à Matignon et, dans une moindre mesure, au Palais-Bourbon. Cette dernière prévoit en effet que le gouvernement « détermine et conduit la politique de la nation », « dispose de l’administration et de la force armée », tandis que le Parlement « vote les lois » et contrôle l’action de l’exécutif. La fonction de président est quant à elle encadrée de manière précise – un chef des armées pourvu d’un rôle d’« arbitre » et garant de l’« indépendance nationale ». Le reste des compétences exécutives, notamment en matière de gestion interne, est soumis à l’aval, a minima, du Premier ministre.

La pratique du pouvoir par les chefs d’État successifs a contribué à infléchir les dispositions constitutionnelles et à gonfler la fonction présidentielle. Grâce à la « discipline majoritaire », une victoire aux législatives suffit désormais à assurer une certaine liberté de ton. C’est ce qui fait que la Ve République est régulièrement qualifiée de régime « mixte » ou « semi-présidentiel ». En l’absence d’une telle majorité, le président se voit néanmoins dépossédé d’une partie de son pouvoir décisionnel. Il est alors contraint de renouer avec la « cohabitation », un exercice que le pays n’a plus connu depuis la présidence de Jacques Chirac, contraint à un gouvernement socialiste (1997-2002) après sa défaite aux législatives.

« Grande bataille électorale »

Réélu le 24 avril avec 58 % des suffrages exprimés, Emmanuel Macron se trouve dès lors face à un dilemme. D’un côté, l’Assemblée nationale ne siégeant plus depuis le 1er mars, il devra attendre près de deux mois avant d’espérer obtenir une majorité en mesure de lui donner les moyens de sa politique. De l’autre, il hérite d’une France qui n’a jamais été aussi divisée et devra tout mettre en œuvre, le plus rapidement possible, pour montrer qu’il a entendu le message des urnes, qu’il est le président de tous les Français, et qu’il est capable de compromis sur les volets les plus controversés de sa politique, par exemple sur la question de la réforme de l’âge de la retraite. C’est seulement à cette condition qu’il peut espérer calmer la grogne sociale, convaincre de sa capacité d’ouverture… et rallier des voix en vue de l’échéance de juin.


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Or c’est précisément cette période d’« entre-deux » qui pourrait permettre à l’opposition de se mobiliser afin de mettre en péril la majorité présidentielle. En lançant la « grande bataille électorale des législatives », Marine Le Pen reprenait ses habits de « première opposante » de France dès dimanche afin de rassembler le camp des « patriotes », « la nation chevillée au cœur ». Le candidat Mélenchon faisait un calcul similaire au lendemain du premier tour lorsque, fort de ses 21,95 %, il annonçait vouloir faire des législatives le « troisième tour de l’élection présidentielle ». Avec un objectif en tête : obtenir une majorité lui permettant d’imposer au président sortant un gouvernement de cohabitation. « Je demande aux Français de m’élire Premier ministre, je leur demande pour m’élire d’élire une majorité de députés insoumis et Union populaire », avait déclaré l’ancien sénateur socialiste le 19 avril sur la chaîne BFMTV.

Reste que le leader de La France insoumise (LFI) devra composer avec une gauche morcelée qui lui est partiellement hostile : un Parti socialiste au plus bas (1,75 % pour la candidate Anne Hidalgo) dont certains cadres ont fait défection; et des écologistes (Europe Écologie-Les Verts) divisés quant à la ligne de conduite à adopter et réticents à l’idée de valider le rapport de force en faveur de Jean-Luc Mélenchon. En faisant cavalier seul, ce dernier n’avait obtenu que 11,03 % des votes aux législatives de 2017, malgré un score plus élevé à la présidentielle la même année (19,58 %). À droite, les Républicains devraient miser sur une stratégie locale afin notamment de prendre leurs distances avec la candidate nationale, Valérie Pécresse, ayant enregistré un score historiquement bas lors du premier tour (4,8 %). Premier groupe d’opposition dans l’Assemblée sortante, avec 101 députés, le parti a beaucoup à perdre : l’objectif est de sauver les meubles en obtenant la réélection d’un maximum de ses membres.

Il y avait le vainqueur, qui célébrait sa réélection avec sobriété, conscient qu’aucun « état de grâce » ne lui serait accordé. La vaincue, pas tout à fait perdante avec 41,2 % des suffrages, qui n’a pas attendu pour se positionner en « première opposante » du pays. Le « troisième homme » qui, après avoir caressé l’espoir d’une...

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""le gouvernement « détermine et conduit la politique de la nation », La fonction de président : un chef des armées pourvu d’un rôle d’« arbitre » et garant de l’« indépendance nationale ». Le reste des compétences exécutives, notamment en matière de gestion interne, est soumis à l’aval, a minima, du Premier ministre"" aurait on plagie cette 5e republique lors des reunions a Taef? bien entendu comme tres souvent- mal plagie- ? enfin bref je laisse le soin a - encore une fois- admettre notre mal : c'est LE LIBANAIS non pas le systeme applique au Liban.

Gaby SIOUFI

17 h 15, le 26 avril 2022

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Commentaires (1)

  • ""le gouvernement « détermine et conduit la politique de la nation », La fonction de président : un chef des armées pourvu d’un rôle d’« arbitre » et garant de l’« indépendance nationale ». Le reste des compétences exécutives, notamment en matière de gestion interne, est soumis à l’aval, a minima, du Premier ministre"" aurait on plagie cette 5e republique lors des reunions a Taef? bien entendu comme tres souvent- mal plagie- ? enfin bref je laisse le soin a - encore une fois- admettre notre mal : c'est LE LIBANAIS non pas le systeme applique au Liban.

    Gaby SIOUFI

    17 h 15, le 26 avril 2022

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