Des femmes soudées refusant leur statut de victimes, des femmes qui rient ensemble, dansent, pleurent, aiment, rassemblées autour d’un repas pourtant frugal. Sisterhood nous emmène en voyage dans le quotidien de ces femmes solidaires qui ont accueilli leurs compatriotes sans le sou, jetées à la rue par des employeurs peu scrupuleux au plus fort de la pandémie et de la crise financière libanaise. Qui ont tout partagé avec elles, logement, nourriture, médicaments. Ce documentaire, filmé et réalisé par la réalisatrice Carol Mansour, en partenariat avec la société de production Forward Film, révèle le visage humain et humanitaire des travailleuses migrantes au Liban. Un visage dont les privent la société et le système de la kafala qui les rendent dépendantes de leurs employeurs, les réduisant aux tâches ménagères à accomplir, faisant de ces femmes qui ont quitté leur pays, leur maison, leur famille pour trouver un travail décent des esclaves modernes des foyers libanais. Le documentaire est réalisé dans le cadre du projet de l’ONU Femmes « Renforcer l’aide juridique et l’accès à la justice au Liban », avec le soutien du gouvernement des Pays-Bas.
Une résistance collective
« Ce film soulève un fléau de la société libanaise, l’abus que les gens font du système abusif de la kafala », déclare Carol Mansour lors d’une discussion qui a suivi la projection du documentaire, il y a quelques jours, à Dar el-Nimer pour les arts et la culture, à Clemenceau. Le débat a regroupé Anamê Gnanguenon, coordinatrice du mouvement antiraciste ARM, Delphine Adjo Kouakou, travailleuse domestique migrante de Côte d’Ivoire, et Mohana Ishak, avocate et chef des affaires juridiques au sein de l’association Kafa qui lutte contre la traite des êtres humains et les violences faites aux femmes. « Ce documentaire capture des scènes de résistance collective de ces femmes marginalisées qui se sont entraidées pour survivre aux conditions difficiles, dans un Liban où elles se sont vues abandonnées dans la rue, sans salaires, aux portes des ambassades », poursuit Mme Mansour. Dans son film, la réalisatrice dépeint ces employées de maison non seulement comme des victimes, mais « comme des agents de changement », comme « des femmes de pouvoir intelligentes » qui détiennent les ressources et les compétences pour devenir des membres productifs de la société.
« Nous sommes certes des travailleuses domestiques, mais nous avons chacune une vie », lâche Delphine Adjo Kouakou, qui réside au Liban depuis plusieurs dizaines d’années. La femme d’une cinquantaine d’années est mère d’un garçon et d’une fille. « J’ai tout fait pour que mes enfants ne finissent pas comme moi. Mon fils est aujourd’hui aux États-Unis et veut devenir travailleur social pour aider les gens qui comme sa mère ont souffert », poursuit-elle la voix enrouée. Delphine souffre pourtant d’insomnie. Elle craint que sa fille de douze ans, qui vit avec elle au Liban, ne soit rapatriée de force. « Notre ambassade n’a pas les moyens de lui fournir un passeport ici au Liban », explique-t-elle, la gorge nouée.
Delphine a créé en 2017 l’association Alliance avec huit autres femmes de cinq pays différents, avec pour but d’aider et de conseiller les travailleuses étrangères au Liban. Elle déplore la difficulté d’agir dans un Liban où les organisations dirigées par des migrants ne peuvent ni être enregistrées ni ouvrir de compte bancaire.
Un système asservissant
« Le système de la kafala humilie les femmes migrantes et déshonore l’État libanais qui maintient ces travailleuses dans des conditions d’asservissement », accuse Mohana Ishak, militante active contre le système du garant. Elle rappelle aussi le combat de l’ONG Kafa pour permettre aux travailleuses domestiques de quitter la maison d’employeurs abusifs, sans pour cela être considérées comme fugitives et donc hors-la-loi. Elle évoque au passage sa lutte pour modifier les expressions et termes esclavagistes longtemps utilisés dans les écrits et procès officiels. « Toutes les mesures punitives ont été abolies au profit de mesures civiles qui respectent la relation de travail entre un employeur et une employée domestique », se félicite-t-elle.
L’avocate regrette dans ce cadre que le code du travail libanais ne protège pas les travailleuses domestiques au Liban, qu’elles soient étrangères ou libanaises. En 2019, le pays accueillait plus de 250 000 employées de maison migrantes. Elles représentaient alors le nombre le plus élevé de femmes travaillant dans un secteur déterminé au Liban. Mais un grand nombre d’entre elles ont quitté le pays jugé inhospitalier. « Même si nous vivons aujourd’hui dans un contexte de crise, abolir un système qui ne respecte pas la dignité humaine est une priorité qui prime sur les questions économiques », insiste Mme Ishak. Car la situation de ces travailleuses domestiques a empiré depuis le début de la crise. Et le plan de soutien mis en place par le ministère du Travail ne fonctionne toujours pas. « Lorsqu’un employeur jette une travailleuse migrante à la rue, sans abri, sans lui avoir versé son salaire, aucune loi libanaise ne protège les droits de cette personne », gronde Mohana Ishak, qui appelle à une réforme urgente du code du travail. Fait très remarqué lors de la projection du documentaire, l’absence de représentants des ambassades concernées, pourtant conviés.
Quitte a fortement déplaire… Je trouve Lassant, un peu tirée par les cheveux cette série d’articles et de documentaires qui traitent encore une fois sur un sujet mille fois recomposé, maintes fois abusivement sublimé. Faut avoir supporté et souffert des abus de ces travailleuses ingrates et caractérielles, intrigantes et malhonnêtes pour avoir le courage de dire qu’elles n’ont pas leur place dans un pays ou l’inquietude sur la condition précaire des populations du Akkar, du Sud, ainsi que celle des Réfugiés Syriens, serait plutôt Prioritaire ! Quand même leurs Ambassades et leurs propres Représentants ne les rapatrient pas ( pour les raisons que la pudeur m’interdit de divulguer ) ce n’est pas a nous libanais, au bord de la faillite, mille fois abusés et exploités de nous soucier de leur assurer les devises qu’elles sortent de notre pays. Si franchement elles étaient aussi malheureuses que veulent le souligner certaines soudaines ONG de circonstance, ainsi que ceux et celles qui pour la galerie veulent mettre en evidence leur condition, je suis certain qu’elles seraient toutes rentrées deja chez elles depuis belle lurette. Faut avoir connu et visité leurs pays d’origine, ou pauvreté, guerre civile, abus et violence sont quotidiens, pour comparer objectivement leurs conditions de vie au liban qui pour elles est un eldorado. Alors de grace, assez de mensonges, Assez de Blames sur vos compatriotes libanais ! Pansons nos plaies avant de disserter pour la Galerie !
13 h 07, le 21 avril 2022